Midi Libre ne traite pas de la même façon
Rien de bien normal, direz-vous, puisqu’il s’agit du premier secrétaire fédéral. Peut-être. Sauf que Midi Libre ne traite pas ces informations de la même façon. Car, pour ces deux exemples, le quotidien régional ne mentionne pas Robert Navarro et préfère souligner en Une que la première signataire de la motion E a été « accueillie par Georges Frêche » même s’il note la présence de Robert Navarro avec Hélène Mandroux, au côté de Ségolène Royal dans les pages intérieures (4/11). Et pour les membres au Conseil national du PS ? « Nouvelles têtes héraultaises désignées au « parlement »" titre Midi Libre (18/11) sans juger l’information digne de la Une. Le papier est illustré par 3 photos de membres mais pas par celle de Robert Navarro dont la présence au Conseil fédéral est néanmoins citée.
Pas encore convaincu ? Un comptage sur les 12 éditions de Montpellier plus du 3 (date de la venue de Ségolène Royal à Montpellier) au 20 novembre (date du vote sur le poste de premier fédéral) et des 18 éditions montpelliéraines de Midi Libre pour la même période, donne les résultats suivants :
- Nombre de photos de ou avec Robert Navarro en Une : Montpellier plus : 3 – Midi Libre 1
- Photos de Robert Navarro dans les pages intérieures : Montpellier plus : 3 – Midi Libre 2
- Nombre de fois où le nom de Robert Navarro est cité : Montpellier plus : 24 – Midi Libre : 25 (dont 5 fois dans le compte rendu de la conférence de presse de Michel Guibal – non traitées dans Montpellier plus – et 3 fois dans les pages régionales ou nationales).
À noter également qu’il y a 50 % d’éditions en plus pour Midi Libre puisque le gratuit ne paraît ni le week-end ni les jours fériés. Rappelons enfin que le quotidien régional dispose de plus d’espace et de journalistes.
La candidature Guibal : « Un acte désespéré ? »
Toujours sceptique ? Étudions maintenant le traitement de la candidature de Michel Guibal, opposant à Robert Navarro. Celle-ci n’est annoncée dans le gratuit que le 13 novembre, alors qu’elle aurait pu l’être la veille. Et Jean-Jacques Sarciat, rédacteur en chef adjoint, la décrit en ces termes : « Et Guibal dans tout cela ? Il monte au front. Il décide de se présenter contre Robert Navarro. Un acte désespéré ? La charge héroïque d’un cavalier en Crimée ? En tout cas, la candidature lance les hostilités. » Et que dire de la seule photo où le candidat apparaît tête baissée ? On peut la rapprocher de celles avec Robert Navarro où celui-ci est, en général, plutôt à son avantage.
Et ensuite ? Rien ou presque. Aucun journaliste de Montpellier plus n’assistera à la conférence de presse du candidat le 17 novembre. Il y avait le conseil municipal au même moment ? Sans aucun doute. Mais il faut noter qu’ils étaient deux journalistes du gratuit à y assister. Oui mais l’un d’eux, Nicolas Guyonnet, n’est-il pas photographe ? C’est vrai mais celui-ci rédige aussi. Exemple : son compte-rendu de la visite de Bertrand Delanoë à Montpellier (6/10). Il faut également noter que la même journaliste de 7L TV a couvert les deux évènements et qu’il y avait trois journalistes de Montpellier plus à la conférence de presse de présentation du conseil municipal, le matin. Pourquoi ne pas avoir, par exemple, envoyé Nicolas Guyonnet à la conférence de presse de Michel Guibal puis au conseil municipal faire des photos ? Pourquoi ne pas avoir réalisé d’interview de Michel Guibal comme Montpellier journal a pu le faire dès le 11 novembre ? (1)
« Mandroux flingue Guibal »
À noter, quand même, que la candidature Guibal est aussi apparue dans une brève titrée « Mandroux flingue Guibal ». Il est écrit : « « Des petits jeux de positionnements tactiques »… Hélène Mandroux, le maire a mangé du lion. Dans un communiqué, elle a taclé en ces termes la candidature de Michel Guibal, au poste de premier secrétaire fédéral du PS. Le maire de la ville soutient le sortant Robert Navarro. Et visiblement entre l’ancien premier adjoint et le maire ce n’est plus le grand amour… » (14/11) Le quotidien n’oubliera pas non plus d’informer ses lecteurs du soutien de Michael Delafosse à Robert Navarro (20/11).
On peut aussi évoquer la couverture de la venue des leaders nationaux à Montpellier par le quotidien gratuit. Interview exclusive de Ségolène Royal en Une et une pleine page (3/11). Le lendemain, compte rendu de sa visite sur une pleine page (p2) avec 4 grosses photos (4/11). Pour Bertrand Delanoë, soutenu par André Vezinhet et opposant à Robert Navarro, c’est un peu différent : annonce (3/10) par une brève (p3) et un petit encadré sur le programme de sa visite (p6). Pas d’interview, pas de Une. Quant au compte rendu, 1/3 page, 3 petites photos et toujours pas de Une (6/10). Oui mais tout ça, c’est parce que Ségolène Royal, elle plait aux médias. Sans aucun doute. Sauf que Benoît Hamon, soutenu par Michael Delafosse qui a soutenu Robert Navarro, lui, eut droit à un appel de Une et une pleine page d’interview (5/11) mais, certes pas de compte rendu le lendemain.
Tout cela commence à faire beaucoup. Car même si les autres médias n’ont pas été très moteurs dans la campagne, ils ont traité les candidats à peu près à égalité. Alors pourquoi Montpellier plus a-t-il travaillé de cette façon ? En l’absence de réponse de son rédacteur en chef, on est conduit à se poser d’autres questions. Qui informe le quotidien gratuit de ce qui se passe au PS héraultais ? Comment et grâce à qui Montpellier plus a-t-il obtenu l’interview exclusive de Ségolène Royal ? Des contreparties ont-elles été demandées ? Lesquelles ? Ont-elles été obtenues ? Ces questions devaient être posées.
__________________
(1) Joint par téléphone par Montpellier journal pour lui poser ces questions et quelques autres, Jean-Michel Servant, rédacteur en chef de Montpellier plus, n’a pas souhaité nous répondre. Contrairement à ses homologues de Midi Libre et de France bleu Hérault.
14 commentaire(s)
Suivre les commentaires de cet article
à 10 h 43 min
Je suis surpris par le peu de réactions sur un sujet, qui au delà de la polémique du moment, soulève quand même un problème démocratique de fond dans notre région. J’y vois plusieurs explications : soit les gens qui ont des choses à dire sur ce sujet ne connaissent pas (encore) votre blog, soit il y a une consigne généralisée de calmer le jeu et de ne pas révéler ce type de pratiques sur la place publique, soit les gens n’en sont pas conscients ou pire, s’en moquent royalement. Qu’en pensez-vous ?
à 11 h 11 min
Consigne généralisée de calmer le jeu ? Je ne sais pas. Et puis à quel niveau ? Du groupe Midi Libre ? C’est inutile, je crois, car souvent, les commentaires des journalistes sur ce genre de travail tournent autour de l’absence de « confraternité » ou le côté donneur leçon. Sans se poser la question si les articles qu’ils rédigent dans d’autres domaines ne peuvent pas être vus sous ce dernier angle. En ce qui me concerne, je me fous de la CON-FRA-TER-NI-TE surtout que ceux qui s’en revendiquent quand il s’agit de ne pas critiquer les confrères, sont souvent absents quand il s’agit de défendre l’indépendance de la presse, du moins de la presse locale.
Quant aux citoyens, ils savent que les médias sont critiquables mais j’ai l’impression que ce n’est pas un thème mobilisateur. Je le déplore car je crois que les médias ont un rôle essentiel à jouer en démocratie notamment sur la création/animation de débats par colonnes interposées. Ceci dit, l’audience de d’Acrimed et du Plan B montre que ça intéresse une partie de la population.
Il faut aussi noter que la majorité des lecteurs de Montpellier plus ne sont pas les plus politisés (au sens large) et je ne suis pas sûr qu’ils lisent des papiers politiques et encore moins quand ils sont locaux. A titre d’illustration on peut souligner que le groupe Facebook « si toi aussi, tu prends le Montpellier plus juste pour lire ton horoscope » compte 242 membres.
Bref, je crois que c’est un peu des trois raisons que vous avancez quoique Montpellier journal commence à être bien connu. Mais c’est à chaque lecteur de le faire connaître (un mail à son carnet d’adresse, c’est vite fait) donc aussi à vous.
à 23 h 08 min
T’en a pas marre de taper sur Montpellierplus?
Tes pseudos explications montrent que tu n’y connais pas grand chose au travail de journaliste dans un quotidien local (même si tu répondra certainement que tu as travaillé (mais si peu) à l’Hérault du Jour…
Concernant mon cas, Oui je suis photographe et également rédacteur. Mais pas les deux simultanément sur tous les sujets. Et il n’y a pas que les sujets politiques à traiter. Mais toi il n’y a que cela qui t’intéresse visiblement. Pour ta comparaison entre Midilibre et Montpellierplus, heureusement que le traitement en image et en texte est différent entre les deux quotidiens. Ce serait bien triste d’avoir une presse formatée ou qui ecrit avec les mêmes angles.
Nous ne faisons pas de brève dans Montpellierplus pour ragoter « Montpellierjournal ne viens pas aux conférences de presse des groupes d’oppositions à la mairie de Montpellier alors qu’il va au conseil municipal ».
Quand aux attaques personnelles de ta part, si elles continuent, cela risque d’aller loin.
A bon entendeur qui ignore les journalistes montpelliérains où il ne devrait pas être et quand lui même se prend pour un journaliste.
Nicolas Guyonnet
Carte de Presse 99734
à 23 h 14 min
je suppose que tu es conscient que tu t’expose a des poursuites judiciaires du fait de reproduire des images du quotidien Montpellierplus et de retranscrire l’intégralité d’articles. Courageux le révolutionnaire du journalisme montpelliérain. Ou tête brulée.
à 23 h 52 min
Mais tout le monde est devenu fou….!
Monsieur Guyonet, ça ne va pas de réagir avec une telle violence à un article qui expose une simple analyse plutôt bien faite au demeurant; Je crois au journalisme d’opinion et franchement, vous aviez bien des arguments à opposer à Montpellier journal.
Je trouve étonnant que vous ne répondiez en rien aux critiques émises par votre confrère, critiques qui sont indispensable en démocratie, surtout dans une profession qui a un rôle primordial à jouer.
Votre carte de presse vous donne au moins autant de devoir que de droit. Vous menacez de saisir la justice, mais j’ai l’impression que c’est la mode chez les royalistes en ce moment… non, je plaisante, un peu d’humour Monsieur Guyonet, ça ne vous fera pas de mal.
à 0 h 00 min
@Nicolas Guyonnet :
Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à Montpellier journal et suis heureux de constater que mon article a retenu votre attention.
Non , je n’en ai pas marre d’observer les médias. Je trouve ça même nécessaire voire salutaire.
Par ailleurs, que voulez-vous dire par « quant aux attaques personnelles de ta part, si elles continuent, cela risque d’aller loin » ? De quelles attaques personnelles parlez-vous ? Qu’entendez-vous par « cela risque d’aller loin ? » Serait-ce une tentative d’intimidation voire des menaces ? Si c’est le cas, sachez qu’elles sont plutôt du genre à m’encourager.
Sur la reproduction d’articles ou de Unes, elles visent à donner des éléments concrets de ce que j’avance. Je n’ai pas fait d’études juridiques précises sur le sujet mais je pense qu’un procès pourrait être intéressant. Le groupe Midi Libre ou un de ses journalistes qui attaque un site Internet confidentiel, ça aurait de la gueule. Car qui pourrait croire au pillage des « œuvres » de Montpellier plus par Montpellier journal ? L’ai-je fait dans d’autres papiers que ceux qui concernent directement Montpellier plus ?
Quant au « ragotage » que vous évoquez, ne vous gênez pas. Vous constaterez qu’écrire sur les médias est au moins aussi compliqué que le faire sur d’autres sujets. J’espère que, comme je tente de le faire, vous m’interrogerez et que vous publierez mes commentaires, comme je le fais pour les vôtres. Ceci dit, il serait sans doute plus simple que le rédacteur en chef de Montpellier plus accepte de répondre à mes questions lorsque je l’interroge.
Enfin, il est inutile de mentionner votre numéro de carte de presse. Les vrais professionnels savent que la détention de la carte de presse ne donne aucune garantie sur la qualité du travail journalistique de son détenteur. Elle indique juste en gros que la personne tire au moins 50 % de ses revenus de la profession de journaliste.
N.B. : Je vous vouvoie parce que je ne crois pas que nous ayons été présentés même si je vous connais de vue.
à 12 h 39 min
Et dire que je m’étonnais du manque de réactions !!!
Complètement d’accord avec les réactions d’Anonyme et de JO Teyssier suite aux 2 post incendiaires du journaliste de Montpellier Plus. Une analyse critique des médias est salutaire dans n’importe quelle démocratie, tout en reconnaissant que le métier de journaliste n’est pas simple et qu’il y aura toujours des lecteurs pour trouver certains articles biaisés. Mais si les journalistes où les rédactions ne sont pas d’accord, qu’ils apportent des faits concrets pour argumenter plutôt que de menacer ou hurler à la calomnie. Car dans ce cas, cela ne fait que renforcer les doutes sur leur propre déontologie.
à 14 h 03 min
Je propose la clé de décryptage suivante pour apporter ma contribution au débat: à côté de sa raison d’être principale, qui est d’informer, tout média accomplit d’autres fonctions qui contribuent à une plus large diffusion de son produit (calculée sous forme de tirage, d’audience ou de pénétration dans le public), et à la meilleure rentabilisation possible de ses espaces publicitaires, en vue d’accroître ses recettes. Ces fonctions là ne sont pas, en principe, dévolues aux journalistes. Chaque média doit pourtant, à tout instant, veiller à ajuster sa mission d’information et sa volonté de survie, équilibre sans cesse menacé qu’il appartient par définition au « module de pilotage » de l’entreprise de surveiller. Ce phénomène se traduit par un compromis permanent. Lorsque des conflits surgissent entre la logique économique de l’entreprise et la déontologie professionnelle, c’est la première qui a tendance à l’emporter…La liberté du journaliste s’inscrit donc dans un cadre d’entreprise qui en limite forcément l’expression… Jacques-Olivier Teyssier a l’avantage sur ses censeurs d’exercer sa fonction hors cadre, ce qui lui épargne, me semble-t-il, la contrainte du compromis. Mais si son espace de liberté est plus large cet avantage ne le dispense pas de fournir à ses lecteurs une information aussi équilibrée que possible. Pour l’instant le contenu de son journal me semble respirer l’honnêteté et la bonne foi, c’est beaucoup et même assez rare…
à 14 h 05 min
Continuez à faire votre boulot , Monsieur Teyssier , il est salutaire dans notre « démocratie » ?- Le journaliste de Montpellier Plus, a une réponse pour le moins étrange .Cette agressivité qui l’anime , traduit à n’en pas douter , de son malaise face ,à ce qui se passe dans l’Hérault -A Montpellier plus , ont ils jamais essayer de savoir comment çà se passait à la Fédération DIRIGER par Navarro pour le compte de Frêche ? Quelques questions qu’ils pourraient développer :
Pourquoi depuis des années , des élus du peuple , députés , sénateurs , conseillers généraux , maires ne peuvent-ils pas avoir accès aux comptes de la fédé ?
Pourquoi ne peuvent-ils pas avoir le listing des camarades inscrits dans les différentes sections? …Rien que ces deux pour l’instant .Déjà nous pourrions connaitre si ce journal Mpt plus est objectif et indépendant , et alors comprendre peut-être leur indignation .
salutations
à 19 h 08 min
Ne vous laissez pas museler!
Sans prétention (en tout cas c’est comme cela que je vous lis), votre média participe à la compréhension du microcosme Montpelliérain, dont on dit partout qu’il est si….singulier.
Votre persévérance pour aller chercher l’info là où elle s’est trouvée ces dernières semaines vous honore, et oui, c’est une réalité, l’info était politique depuis quelques temps.
J’ai pris beaucoup de plaisir à vous lire et bien que je ne sois pas naïf (ça fait longtemps que j’ai arrété de tenter d’être objectif pour adopter une attitude la moins subjective possible), je me suis pas mal retrouvé dans votre analyse de l’actualité.
Laissez parler les jaloux, pendant longtemps j’ai cru que leur journal était celui de la Région qui se retrouve souvent en photo pleine page (publicité…)
Pour ma part un « canard papier », ça se paye, c’est ce que je dit tous les matins au jeune distributeur sur la comédie, c’est le seul moyen de garantir la liberté de la presse. A force il en rigole!
Le jour où la somme apportée par les lecteurs est inférieure à celle des annonceurs c’est le début de la fin.
Pour Montpellier plus je crois bien que ça n’a jamais vraiment commencé!!!
à 22 h 21 min
La réaction exacerbée de Monsieur Nicolas G. semble pour le moins exagérée sinon surréaliste au modeste non-Montpellierrain que je suis, qui plus est compte tenu de ses accusations et menaces pas même sous-jacentes, simplement directes et apparentes, à l’encontre de M. Teyssier. L’honneur du journaliste, puisqu’il me semble qu’il s’agit de cela, serait d’accepter un tant soit peu le débat et la contradiction, surtout à partir d’un article où la polémique, si elle n’est pas absente, ne me semble pas pour autant stérile. Bon courage, bonne continuation, bonnes investigations !
à 11 h 54 min
Je lisais hier soir la réponse du Canard Enchaîné au bouquin « le vrai canard » de Karl Laske et Laurent Valdiguié. Voilà au moins une réponse intelligente, argumentée qui remet les pendules à l’heure. Montpellier Plus ferait bien de s’en inspirer, … ce qui suppose qu’il ait des arguments à apporter, et visiblement, rien n’est moins sûr.
à 13 h 43 min
je pensais que Montpellier plus et midilibre, c’était le même groupe non ?
D’après la mention légale sur le web de montpellier plus, on dirait bien que oui ?
Ce n’est pas une question ironique, je me le demande vraiment… si quelqu’un peut éclairer…
à 13 h 49 min
Comme écrit précédemment : « Montpellier plus est édité par la Société des publications gratuites du Midi (SPGM), filiale à 100% de Midi Libre. Dans la SPGM, Midi Libre est le principal associé au côté d’autres filiales de Midi Libre.
Mais cela n’empêche pas les rédactions d’être assez indépendantes pour ne pas dire, parfois, concurrentes.