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Le Jeudi 26 février 2009 à 11:57

"Montpellier plus" s'explique mais ne convainc pas


Jean-Jacques Sarciat, rédacteur en chef adjoint du quotidien gratuit a répondu à nos questions suite à l’article : Montpellier plus balance sur des ados.

Un présentoir mobile de Montpellier plus, place Jean Jaurès (photo : Mj)Mardi soir, Montpellier journal fait état d’un courrier de parents d’élève concernant un article de Montpellier plus sur une affaire de racket présumé. Jean-Michel Servant, son rédacteur en chef refuse de répondre à nos questions. Montpellier journal publie donc l’article sans le point de vue du quotidien gratuit. Le lendemain, dans un commentaire, Jean-Jacques Sarciat, rédacteur en chef adjoint du gratuit écrit : « La moindre des choses est de contacter le rédacteur de l’article incriminé. je ne vais pas te manger Jacques O. » Comme je l’explique dans la réponse à ce commentaire : « Je saurai maintenant que si le rédacteur en chef refuse de me répondre, cela ne signifie pas que les membres de son équipe sont sur la même ligne. » Autant pour moi. Et j’interroge donc Jean-Jacques Sarciat sur les questions posées par les parents d’élèves.

« Pour ne pas stigmatiser »
Tout d’abord celle relative au fait d’avoir mentionné la ville de naissance des adolescents suspectés de racket. Jean-Jacques Sarciat se défend d’avoir voulu stigmatiser qui que soit. Bien que Montpellier journal lui ait posé trois fois la question, il ne répond pas sur la raison qui l’a poussé à indiquer la ville de naissance des ados mais se défend de toute stigmatisation (voir l’interview intégrale ci-dessous). Montpellier journal se tourne vers Guillaume Neau, chargé de la communication à l’hôtel de police. Peut-il me donner la ville de naissance de ces jeunes ? Réponse du policier : « Nous, on ne donne pas cette information pour ne pas stigmatiser. » En revanche, selon lui, la police peut communiquer à la presse l’âge ou la date de naissance et l’information selon laquelle les personnes sont montpelliéraines ou pas.

Deuxième point. Les parents écrivaient à Montpellier plus : “De qui M. Sarciat détient-il l’information selon laquelle ces enfants seraient exclus du collège ? Une exclusion ne peut-être prononcée que par la commission du Conseil de Discipline interne au collège. Or, le chef d’établissement du collège réfute rigoureusement toute exclusion de ces enfants.” Jean-Jacques Sarciat explique : « Ce sont les enquêteurs du bureau de Police Nord qui ont mené l’affaire. Après discussion avec la proviseur [principale en fait] de Claudel et un accord à venir du parquet des mineurs, il était convenu, au moment où j’ai rédigé le fait divers, qu’il serait proposé aux deux principaux auteurs [présumés] de ce racket de quitter le collège. » Question de Montpellier journal : proposer de quitter et exclusion, ce n’est pas pareil ? « Exclu, quitter. C’est peut être le terme « exclusion » qui est un terme administratif vraiment très précis. Voilà, quitter le collège », répond le journaliste.

« Des faits extérieurs au collège »
La version de la police est un peu différente. Guillaume Neau explique que c’est en fait la principale qui aurait demandé l’avis des policiers pour régler ces problèmes de rackets. La police lui aurait alors suggéré que les deux principaux acteurs présumés ne soient plus scolarisés sur ce collège. La principale n’aurait pas indiqué à la police si elle allait suivre ou pas cette suggestion. Depuis, la police n’a pas eu de nouvelle. Jointe ce matin (1), la principale n’a pas souhaité s’exprimer « sur des faits extérieurs au collège ». Selon nos informations, les deux élèves sont toujours scolarisés à Camille Claudel.

Dernier point, pourquoi Montpellier plus n’a pas répondu aux parents ? Réponse de Jean-Jacques Sarciat : « J’ai reçu le courrier. Moi je reste sur les informations que j’ai. Si les faits étaient faux, si j’avais inventé l’histoire, que les parents d’élèves me tombent dessus, je comprends. »

Bref, on ne sait toujours pas pourquoi Jean-Jacques Sarciat a choisi, contrairement à ses confrères de Midi Libre (4/02) et de La Gazette (12/02), d’indiquer la ville de naissance des adolescents. Information que la police elle-même dit refuser de communiquer. De plus, la police n’a jamais eu confirmation de l’exclusion des collégiens. Et malgré cela, Jean-Jacques Sarciat n’a pas souhaité répondre aux parents d’élèves. Montpellier journal aura donc permis de faire le média-teur.

► Vous pouvez soutenir Montpellier journal.

__________________
(1) Nous avons tenté de contacter la principale hier vers 10h mais, selon sa secrétaire, elle n’était pas joignable toute la journée.

Interview intégrale de Jean-Jacques Sarciat, rédacteur en chef adjoint de Montpellier plus :

Montpellier journal : Je vous écoute…
Jean-Jacques Sarciat : Ce sont les enquêteurs du bureau de Police Nord qui ont mené l’affaire. Après discussion avec la proviseur [principale] de Claudel et un accord à venir du parquet des mineurs, il était convenu, au moment où j’ai rédigé le fait divers, qu’il serait proposé aux deux principaux auteurs [présumés] de ce racket de quitter le collège.

« Il leur serait proposé de le quitter » ce n’est pas pareil que d’être exclus…
Exclus, quitter. C’est peut être le terme exclusion qui est un terme administratif vraiment très précis. Voilà, quitter le collège.

Qui leur proposerait ça ? La justice ? La police ?
Non, la proviseur [principale].

Pourquoi avoir donné la ville de naissance des personnes concernées ?
De toute façon, on ne peut pas les identifier. Il n’y a pas le nom, ni le prénom, ni la photo. Après la date de naissance, on la met tout le temps.

La question était sur la ville de naissance…
Non mais je ne stigmatise pas, sincèrement. Là aussi, c’est un faux procès. J’ai fait des papiers, des papiers et des papiers. Qui va au Petit-Bard, à la Paillade, sans arrêt ? C’est moi. Il ne faut pas stigmatiser Montpellier plus, là-dessus. Justement on nous a même accusés d’être trop pailladins et trop Petit-Bard. Un exemple : l’histoire de la tour d’Assas, c’est quand même nous qui suivons l’affaire depuis le début en disant que c’est scandaleux, etc.

Pourquoi ne pas avoir répondu aux parents d’élèves ?
J’ai reçu le courrier. Moi je reste sur les informations que j’ai. Si les faits étaient faux, si j’avais inventé l’histoire, que les parents d’élèves me tombent dessus, je comprends. 1. Les faits sont avérés. 2. Ces élèves doivent quitter le collège le jour où j’écris le papier qui fait état de discussions entre le proviseur [principale], le parquet des mineurs, tout ça, ça été rapporté par les enquêteurs du poste de police de la Paillade. Ce n’est pas une fausse information. Je ne stigmatise pas du tout ces collèges, loin de là. J’interviens même régulièrement dans les collèges du quartier des Hauts de Massane. Et je suis le seul à y aller.

La question qui était posée c’est pourquoi avoir mis la ville de naissance ? On ne met pas comme ça la ville. Ou alors c’était comme ça, sans faire attention ? C’était quoi le problème ? Parce que Midi Libre ou La Gazette ne l’ont pas fait, par exemple…
Ils n’ont pas parlé de ce fait-divers.

Si, si. J’ai donné des dates. Les deux : Midi Libre le 4 février et La Gazette le 12 février…
Sincèrement, c’est un faux procès. Au regard de tout le travail qu’on fait dans le quartier, on s’est battu pour qu’il y ait des racks Montpellier plus à la Paillade, on n’a rien à me reprocher là-dessus. Moi, ma fierté c’est quand je vais avec mon scooter à La Paillade, je ramène toujours des Montpellier plus parce qu’il y a des gamins qui en veulent. Ma fierté c’est que dans certains logements, le seul quotidien que lise les parents c’est Montpellier plus. Si dans 10 ans, ça peut les amener à lire Le Monde ou Le Figaro ou L’Huma ou je ne sais pas quoi… On ne peut vraiment pas nous accuser de quoi que soit, surtout moi.


Publié dans Médias, Sécuritaire. Mots clés : , , , .

6 commentaire(s)

Suivre les commentaires de cet article

  1. A-L D said
    on 26 février 2009

    à 13 h 35 min

    Ce cas précis soulève deux questions relatives au droit.

    Droit de la presse d’abord : nous savons que si les enfants sont identifiables de par les éléments fournis dans l’article, il y a effectivement une faute professionnelle. Mais aux vues des données, je ne crois pas que ce soit le cas.

    Cependant, du point de vue de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), on peut estimer qu’il y a une réelle reflexion à mener du point de vue des journalistes.

    Dire  » Lambda, 17 ans, a cambriolé… » ce n’est pas une information.
    Je m’explique en me référant au préambule de la CIDE : « L’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance ».
    Je propose donc à la communauté journalistique de défendre avec vigueur les droits des enfants mineurs qui ne sont pas juridiquement responsables de leurs actes en n’écrivant rien qui pourrait porter préjudice à l’enfant une fois qu’il sera adulte. Je sais déjà ce que certains me répondront (« c’est de la discrimination positive » ou  » ce n’est pas ça le métier de journaliste ») alors je répond déjà que la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres, surtout celles des enfants en cette période où l’on remarque une volonté nationale d’abaisser la majorité pénale.

    Journalistes, protégez les enfants! Même les raquetteurs (présumés ou effectifs)!!!!

  2. Anonyme said
    on 26 février 2009

    à 14 h 22 min

    Tempête dans un verre d’eau ?
    pour une fois je tire moin chapeau à JOT pour son papier du jour. A la prochaine ? Sans doute pour un papier me concernant ?
    JJS

  3. A-L D said
    on 26 février 2009

    à 15 h 20 min

    « Tempête dans un verre d’eau »… Pensez-vous que le droit des mineurs soit un verre d’eau? J’ai pris soin dans mon commentaire de ne citer aucun protagoniste et personnellement je pense que vous avez bien fait votre travail journalistique. Mon commentaire visait justement à faire évoluer le débat concernant la question de fond (mineurs et droit de la presse). Quand j’ai vu le niveau des commentaires précédents – pathétiques et injurieux au sens étymologique du terme- j’ai trouvé utile de proposer une réflexion dans l’intérêt supérieur de l’enfant mais aussi de l’activité démocratique de la presse. Rassurez-moi Monsieur Sarciat, vous n’êtes pas contre l’activité démocratique et la réflexion?

    Pour revenir à la tempête et au verre d’eau, certaines gouttes on déjà fait déborder des vases, et heureusement. Faut-il attendre la dernière goutte pour réagir?

    Ce n’est pas le cas ici mais il n’est pas encore interdit de réflechir.

    Si vous trouvez ma démarche inutile, je peux le comprendre bien que cela m’attriste.

    Cordialement

  4. Larzak said
    on 27 février 2009

    à 13 h 34 min

    Pour A-L D :
    « Tempête dans un verre d’eau ? » ca n’est pas la meme chose que « Tempête dans un verre d’eau ». Et oui, la ponctuation est importante… Si si, je vous assure.

  5. A-L D said
    on 27 février 2009

    à 14 h 50 min

    « ca n’est pas « … Certains sont minutieux en typographie, d’autres le sont en orthographe.

    Cependant merci pour votre remarque.

  6. L'air. said
    on 27 février 2009

    à 23 h 46 min

    Merci au « média teur ». J’apprécie cette démarche de suivi d’une information et cette volonté d’aller au bout des choses.