Sur les 276 migrants interpellés lors de l’évacuation de la « jungle » par les forces de police, 19 sont toujours à Nîmes. Montpellier journal a passé une journée avec eux. Ils racontent leurs parcours. Aujourd’hui, ils espèrent obtenir l’asile mais la Cimade dénonce « l’acharnement de la préfecture » à leur encontre.
Ils étaient à Calais, la pointe nord de la France et, par la volonté d’un ministre, ils ont été conduits, de force, 1000 km plus bas. Suite à la décision d’Éric Besson, ministre de l’immigration, la « jungle » de Calais est évacuée le 22 septembre. 276 étrangers « en situation irrégulière » sont interpellés. Le jour même, 40 d’entre eux, réfugiés afghans, sont transférés, après une quinzaine d’heures de car, au centre de rétention administrative de Nîmes où ils sont arrivés le lendemain. Comme s’ils étaient des délinquants : menottés et avec un fonctionnaire de police pour chaque personne. Uriner avec les menottes. Et pour le « gros besoin » ? « Non, non, patientez. » Nawid (1) raconte : « Je ne pensais pas qu’en France – on parle de la France, la France, l’humanité, les droits de l’homme, etc. – on pouvait traiter les gens comme des chiens. [...] Le jour où ils m’ont pris, c’était l’Aïd, après le ramadan [c'était le 20, deux jours avant en fait]. Chez nous, ce jour-là, on libère les prisonniers pour qu’ils soient avec leur famille. En France, ils nous ont emprisonné le jour de notre grande fête. Comme des chiens. Je n’ai vu aucune personne traitée comme un être humain. » (2)
La menace des talibans
Malgré cela, ils disent souvent que la France est le pays où ils ont été le mieux traités. Ou le moins mal. Il faut dire qu’ils en ont vu des pays. D’abord il y a la situation en Afghanistan. Ils racontent qu’ils avaient le choix entre partir ou mourir. La menace qui revient souvent, ce sont les talibans. Khazan est journaliste. Il publiait des textes d’étudiantes, il voulait « aider les gens simples, rendre service ». Mais selon lui, pour les talibans, « écrire dans un journal, c’est pire que d’aller à l’école ». Alors ils l’ont menacé : « On va t’enterrer vivant, on va étrangler les filles avec des lacets de chaussures. » Ils sont venus dans sa maison et ont dit à sa mère : « Votre fils, on ne le laissera pas vivant. »
Fahrid, lui, avait les cheveux trop longs. À la tombée de la nuit, armés de mitraillettes, les talibans lui ont rasé la tête par trois fois. Et ont fini par lui dire : « Rejoins-nous et on ne t’embêtera plus. Si tu ne viens pas, on va te prendre de force. » Il y aussi Jawed qui voulait se marier. Mais la famille de celle qu’il aimait n’a pas voulu. Ils sont partis pour se marier ailleurs. Quand ils sont revenus, sa femme est morte brûlée vive. Selon sa famille, elle se serait suicidée. Fahrid pense que ce sont les frères de sa femme qui l’ont tuée. Ils l’ont menacé et il a dû fuir. Pour ne pas mourir.
Le calvaire commence
Partir. Prendre contact avec un passeur. Rassembler environ 15 000 €. La famille vend ses biens, s’endette. Et le calvaire commence. L’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie puis la France. Certains mettent parfois 8 mois pour parvenir à destination. Car les retours en arrière sont nombreux. Fahrid, 22 ans se souvient qu’on lui a demandé de se mettre debout dans un camion pour mieux tasser les personnes avant de leur dire de s’asseoir. Comme ils pouvaient. Il a voyagé comme ça, pendant deux fois 24 heures, sans boire, sans manger. Il a passé aussi un mois et demi dans une cave à Istanbul. Puis à 21 personnes dans une voiture à peine plus grande qu’une Kangoo (il montre une voiture garée). Et la prison aussi en Turquie, en Iran, en Grèce. Au total au moins 55 jours. En Iran, il y a passé 21 jours avec comme seule pitance, du pain et de l’eau, deux fois par jour. Certains sont aussi pris en otage en Iran, on demande une rançon à leurs familles, on les mutile parfois.
Puis il y a la traversée d’environ 10h d’Izmir jusqu’en Grèce, en Zodiac. Nawid raconte que les passeurs lui avaient dit : « Dès que vous arriverez en Grèce, vous verrez les maisons toutes blanches et la verdure. Il y a des gens qui ont besoin de vous. Ils se bagarrent pour vous. Vous gagnerez 80 000 roupies par mois [environ 1000 €]. J’ai commencé à rêver : 80 000 roupies ? Ce sera trop pour moi, j’en donnerai à ma famille. Et aussi aux pauvres. » Puis la côte est arrivée : « On cherchait les maisons blanches et la verdure. On est tombé sur des gros policiers qui nous ont menottés et nous ont parlé comme des chiens. » Nawid a eu le bras amoché par les policiers. On prend leurs empreintes et ils ont quelques jours pour quitter le pays. Il a dormi dans une chambre, entassés à 25. Et le lendemain on leur a demandé 6 € pour la nuit ! Pendant la traversée, certains tombent sur les policiers grecs. Armés de baïonnettes, ils crèvent le Zodiac. Celui de Nawid n’a eu que trois trous et ils ont pu gagner la côte.
Ils sont tout le temps mouillés
Évidemment ils ne rentrent pas chez eux. Ils continuent. Et quand ils arrivent à Calais, la galère continue. Les policiers qui font des rafles en permanence. Nawid raconte l’histoire d’un réfugié qui s’est fait prendre 3 fois dans la même journée. Dans la « jungle », il n’y a pas d’électricité, ils doivent parfois se laver dans les eaux polluées par une cimenterie voisine qui leur brûle la peau. II y a la pluie. Ils sont tout le temps mouillés. Pour manger il faut faire deux heures de marche aller et retour. La « jungle » est à l’écart, « pour ne pas être une charge pour la population des villes ». Mais pourquoi Calais ? « On va où tout le monde se réunit. »
Nawid résume : « Chez moi, je mangeais 3 fois par jour. Ici, il faut se casser la tête et le bras pour avoir deux repas. Là on a compris que l’Europe est beaucoup plus pauvre que chez nous. » Alors, un jour, Nawid appelle son passeur en Afghanistan : « J’ai une vie de merde ici. Je suis devenu mendiant. Je demande de l’argent à tout le monde, je ne sais pas où dormir. » Et aussi son frère qui lui dit : « Tu fais comme tu veux mais tu ne rentres pas. Si tu retournes ici, on n’a plus rien. » Il plaisante même : « Je suis venu de chez moi en bonne santé. Et maintenant, si je rentre ce sera avec un bras amoché et des problèmes de reins ! » Il conclut : « Si j’avais su toutes les difficultés, j’aurais accepté que les talibans me pendent. Et j’aurais mis moi-même la corde autour de mon cou. »
Aide des bénévoles
Alors Nîmes, maintenant, c’est forcément beaucoup mieux. Car la justice les a libérés. Notamment pour des vices de forme dans la procédure. Bien sûr ils ne sont logés que sur des lits de camps et mangent sous une tente qui fait office de réfectoire. Mais ils ont un toit, des sanitaires. Des soins leur sont prodigués par un médecin. Un coiffeur est même venu leur couper les cheveux. Les bénévoles se relaient pour leur venir en aide et confectionner les repas à tour de rôle. La communauté afghane de la région est très présente. Mais ils doivent encore bouger car leur présence n’est pas sans perturber la vie de la paroisse protestante de « La fraternité ». Le soir, ils seront donc répartis sur deux nouveaux lieux qu’ils devront rejoindre vers 20h. La précarité et l’errance toujours.
Et puis il y a surtout l’avenir. La demande d’asile. Des salariés de la Cimade qui travaillent la semaine dans les Centres de rétention, sont présents bénévolement le week-end pour préparer les dossiers. Et ça prend beaucoup de temps. Il faut donner un maximum de détails. Mais pour ça, la culture afghane aide. Car là-bas, on ne connaît pas la synthèse ou le résumé. La réponse à une seule question peut prendre plusieurs heures. Et puis comment demander à ces gens d’aller plus vite pour raconter les horreurs qu’ils ont vécues ?
Plusieurs réunions avec des militants
Du côté de l’État, c’est le flou. Éric Besson, le ministre de l’immigration, de l’intégration et – ne l’oublions pas – de l’identité nationale, semblait vouloir donner une image compatissante pour ces victimes des passeurs. Mais à l’en croire, « leur obsession c’est, par exemple, de passer en Angleterre. Donc, ils ne veulent pas des solutions d’hébergement que nous leur proposons. Ils veulent dormir à proximité du port de Calais pour pouvoir essayer de passer clandestinement ; et c’est ça que nous refusons. » (RTL, 22/09) Ils sont sans doute nombreux dans ce cas. Parce qu’ils ont de la famille là-bas mais aussi parce qu’ils pensent que ce sera plus facile d’y demander l’asile. Ainsi, sur les 40 qui ont été transférés arbitrairement à Nîmes, seuls 19 ont décidé de rester et de tenter le coup de la demande d’asile ici. Et encore, après plusieurs heures de réunion avec des militants de la Cimade et des Afghans de la région qui ont tenté de les convaincre que c’était la moins mauvaise solution pour eux. Les autres sont repartis. Sans doute tenter leur chance près de Calais.
Reste à savoir si l’État va leur permettre de faire leur demande dans les meilleures conditions. La Cimade aimerait que cela se fasse par la procédure « normale ». Elle leur donne 21 jours pour faire leur demande. Mais aussi des droits en contre partie : un titre de séjour et des droits sociaux (hébergement, allocation,…) et cela, dès le début de la demande. À la préfecture du Gard, on précisait, lundi : « Ils seront reçus en préfecture dans la semaine pour avoir un entretien. A priori, ce seront des procédures prioritaires mais en fait c’est du cas par cas. La décision de procédure ne sera prise qu’en fonction de l’étude du dossier. »
Statistiques d’admission très différentes
Qu’est-ce que la procédure dite « prioritaire » ? C’est une procédure qui laisse moins de temps pour constituer la demande (15 jours au lieu de 21 jours) et qui ne donne pas accès à un titre de séjour et aux droits sociaux. Et surtout les statistiques d’admission sont très différentes : environ 2 % contre 30 % pour la procédure « normale », selon la Cimade. Selon France terre d’asile, ce taux monterait même à 60 % en cas d’hébergement en centre d’accueil (3). Montpellier journal a donc demandé à la préfecture du Gard, selon quels critères serait choisie la procédure. Nous n’avons, pour l’instant, obtenu aucune réponse. Idem pour la préfecture de région dont le préfet, Claude Baland, disait en début d’année vouloir être « loyal » avec les sans-papiers.
Il semblerait que la procédure prioritaire soit justifiée par l’État par le fait que les demandeurs font l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière. Et que leur demande d’asile ne viserait qu’à gagner du temps. Problème, cet arrêté s’il est, pour l’instant, juridiquement valide est contestable au moins moralement et peut-être, à plus long terme, juridiquement. En effet, l’interprète commis lors de l’audience au tribunal administratif qui a prononcé l’arrêté de reconduite, parlait très mal le pachtou, la langue des migrants ! Selon Jean-Paul Nuñez de la Cimade, il aurait même été récusé par la cours d’appel lors de la procédure relative au Juge de la liberté et de la détention. De plus, on peut douter qu’avant leur accueil à « La fraternité », ces migrants ont disposé de toutes les informations nécessaires pour étudier calmement les possibilités et choisir la meilleure. Enfin, on ne voit pas trop comment on pourrait justifier de renvoyer ces personnes en Afghanistan alors que ce pays est en guerre et que la situation ne semble pas vraiment s’améliorer.
Scandalisé par l’attitude de l’État, Jean-Paul Nuñez dénonce un « acharnement de la préfecture ». D’abord il demande que le rendez-vous soit envoyé par écrit aux Afghans. Ensuite, selon lui, « le préfet ne veut pas entendre que ces gens fassent enfin une demande normale. Il y a tout qui est fait pour qu’en gros, ils disparaissent dans la nature et qu’ils reviennent vers les passeurs et l’exploitation en Angleterre ou ailleurs. » Cela ne semble pas entamer la détermination des militants. Bien au contraire puisqu’ils ont déjà prévu « une grande soirée de soutien aux Afghans de Nîmes », le 20 octobre à 18h30, à l’auditorium du conseil général du Gard.
► Lire aussi :
- “On est quand même un pays très accueillant pour les étrangers” (interview de Patrice Latron, secrétaire général de la préfecture de l’Hérault)
- Afghans de Calais : pourquoi la décision du préfet Baland est inhumaine
- Le retour forcé en Afghanistan n’est pas, dans l’instant, une solution (Forum réfugiés)
- Démantèlement de la « jungle » à Calais – Point de situation au 28 septembre 2009 (ministère de l’immigration)
- Les pays d’origine sûrs et la procédure prioritaire : des notions remettant en cause l’effectivité du droit d’asile en France (France terre d’asile)
- Question écrite de la sénatrice Patricia Schillinger au ministre de l’immigration sur la « procédure dite prioritaire »
- La Cimade en Languedoc-Roussillon
- Association des Afghans de Montpellier : 9 rue du jeu de ballon – 34000 Montpellier – Tél : 09 51 18 58 72 – adam.asso@free.fr
- Paroisse de la Fraternité
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(1) Les prénoms ont été changés.
(2) Des bénévoles de la communauté afghane de la région et une jeune fille qui s’est rendue en Afghanistan pour une ONG, nous ont traduit leurs propos. Qu’ils soient remerciés pour leur patience. Merci aussi à celle qui m’a conduit à Nîmes et qui se reconnaîtra.
(3) « L’accès aux centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) constitue également un élément essentiel de la procédure d’asile comme vient de le reconnaître le rapport d’activités de la Cour nationale du droit d’asile. Les demandeurs d’asile y bénéficient d’un accompagnement juridique et social qui leur offre des chances supplémentaires de se voir reconnaître la protection de la France. Par exemple, en 2007, le taux de reconnaissance des personnes hébergées par France terre d’asile était de 60,68 % alors que le taux global d’admission était de 29,9 %. » (Les pays d’origine sûrs et la procédure prioritaire : des notions remettant en cause l’effectivité du droit d’asile en France)
16 commentaire(s)
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à 14 h 36 min
Il n’y a que les histoire sur Frêche/Pastor qui intéressent les gens ? Pas un commentaire sur cette situation honteuse. C’est à croire qu’il n’y a pas que Frêche qui est « xénophobe ».
Allez un petit effort que pensez-vous de cette situation qui est faites à ces gens venus d’ailleurs pour survivre et qu’on traite comme des chiens dans ce pays soi-disant de liberté d’égalité et de fraternité. Mon père a déjà été accueilli de cette façon en 39, et parqué entre des fils barbelés et gardé par des sénégalais.
70 ans après rien ne change et les « bons » français que nous sommes baissent la tête, ferment les yeux et se bouchent les oreilles.
Assez parlé, des actes.
à 18 h 37 min
Ce manque apparent d’intérêt ne m’empêchera de continuer à publier ce type d’article.
à 19 h 04 min
courage JOT
je suis content de constater que notre JOT posséde un bon fond et qu’il poursuivra sa voie humaine et humaniste?
Cela ne fait que confirmer tout le bien que j’en pensais
courage JOTet n’ecoutez que votre conscience SVP
Cordialement
à 19 h 15 min
@Harki 34 : merci pour vos encouragements. Cela me permet de compléter : l’article ci-dessus m’a pris plus de deux jours pleins de travail. Celui sur l’enregistrement de Frêche/Pastor environ 1h.
à 22 h 09 min
Finalement le préfet Baland et l’Etat français derrière lui, pris dans leurs propres contradictions, soutiennent la résistance Pachtoune, pardon les Talibans. Il est en effet insensé de vouloir renvoyer ces jeunes hommes en Afghanistan lorsqu’on sait pertinemment qu’ils n’auraient là-bas pas d’autre choix pour survivre que de rejoindre les rangs de ceux qui se battent contre les soldats français. L’attitude du préfet comme cette guerre est dépourvu de sens.
à 23 h 21 min
Il est bien cet article, un peu d’humanité nous change de l’atmosphère de basse-cour qui règne au conseil de Région…
à 23 h 53 min
Bravo pour cet article de fond qui nous change des querelles de Clochemerle.
Des questions me viennent à l’esprit:
Comment accorder le statut de réfugiés politiques à des personnes menacés par les talibans alors que le gouvernement afghan tend à la démocratie et qu’en plus il est aidé par les forces internationales sous mandat ONU?
Si un taliban afghan qui peut s’estimer persécuté par des troupes d’occupation demande l’asile politique, n’est-il pas plus dans le domaine du droit d’asile?
Ne s’agit-il plutôt pas d’émigration économique masquée par un contexte de guerre?
à 10 h 35 min
C’est vrai qu’il y a peu de réactions mais ceci s’explique peut-etre par le sujet traité qui n’est pas simple à aborder et parce qu’il est compliqué de s’exprimer sur un tel sujet très sensible sans à la fin n’avoir rien dit d’autre que des poncifs. je n’y vois pas forcement de l’indifférence.
je tente tout de même, à vous de juger s’il s’agit de lieu commun.
d’abord pour répondre à Jean, oui effectivement pas grand chose de nouveau, il continue d’exister des manières de faire intolérables. Ceci étant dit, on ne peut pas dire que rien ne change. Avoir eu un père « parqué » ne vous a pas empêché de rejoindre les bancs de l’école de la République et faire votre vie certainement dans la dignité et aujourd’hui d’avoir les ressources morales et intellectuelles pour critiquer une situation. Evidemment dans mon esprit il n’y a pas de liens qui permettent d’excuser la situation initiale. Ce que je veux exprimer c’est qu’en France, il n’y pas de condamnation ad vitam eternam à l’exclusion et il est fort à parier que dans 70 ans les enfants ou petits enfants de ces personnes n’auront plus à souffir de l’histoire de leurs parents. Est ce le cas dans tout les pays y compris et d’abord dans le pays d’où ils viennent ?
Concernant l’article, je trouve que d’une manière général il intente un procès unilatéral à la France. Biensûr il est fait mention que la France est le pays dans lequel ces étrangers sont « le moins mal traités ». mais les attaques sont toutes unidirectionnelles : la police, les prefets du gard et de région et E Besson. Evidemment on signale la situation dans les pays d’origines ou traversés mais sans jugement de valeur. Au final par la voix d’un réfugier on entend même l’éloge de l’afghanistan, un pays où l’on vit moins pauvre et en meilleur santé qu’en Europe. Inutile de dire que cette vérité se fracasse contre les faits.
Attaques unidirectionnelles qui donne le sentiment que l’Etat et ses représentants ne valent pas mieux que les talibans voir moins. Un Exemple : l’utilisation du mot arbitraire. Est ce que le transfert de Calais à Nimes est arbitraire, c’est à dire sans fondement ? Je ne le crois pas, il est évidemment anormal (on ne déplace pas des gens comme ça sans qu’ils le consentent et l’acceptent et dans ses conditions matériels) mais il doit répondre à des impératifs (places disponibles ou que sais-je). (je pourrais également parler de l’identité nationale qui est vomis lorsque elle est française mais applaudie lorsqu’elle est la revendication d’autres pays (attitude majoritairement partager à gauche et dans les médias politiquement correct))
Bref pour éviter tout malentendu, je ne défend pas ces actes inhumains et bien au contraire les condamne, mais il y a un parti pris qui ne me semble pas d’avantage juste.
à 10 h 39 min
@neutre : je ne suis pas un spécialiste du droit d’asile mais même si, comme vous l’écrivez, le pays « tend à la démocratie », ce qui reste à prouver, on n’y est pas encore. La vraie question c’est : si la personne revient dans son pays, est-elle menacée ? La réponse semble être oui. Au moins pour l’instant. D’ailleurs, vous-même, iriez-vous en vacances là-bas ?
C’est tout l’objet du dossier de demande d’asile que de démontrer les risques encourus par le demandeur en cas de retour.
à 10 h 58 min
@nico_c : « un pays où l’on vit moins pauvre et en meilleur santé qu’en Europe », je pense que vous n’avez pas perçu l’ironie dans ce propos. Mais peut-être est-ce moi qui l’ai mal rendue. De plus, il ne s’agit pas d’un jugement sur le pays tout entier et de la vie de privilégiés que nous menons mais sur la vie que mène un afghan en Afghanistan et un afghan clandestin en France.
L’apparence de parti pris est sans doute lié au fait que je n’ai pas obtenu plus d’informations de la préfecture. J’ai donné toutes les informations qu’on m’a communiqué. Avouez que c’est un peu limité. Quand on rentre dans les détails, l’État semble beaucoup moins disposé à communiquer. C’est peut-être plus facile de convoquer les caméras pour l’évacuation.
De plus, c’est un article de témoignage pas une enquête en Afghanistan. A chacun de se faire son opinion sur la crédibilité ou pas des témoignages.
Sur arbitraire, j’attends qu’on me donne une loi ou une règle qui explique pourquoi ceux-là ont été transférés à Nîmes et d’autres à Lyon, Toulouse ou Bordeaux. Et pourquoi en CRA ? Alors que pour 19 d’entre eux, on voit bien aujourd’hui qu’ils sont prêts à demander l’asile. Mais évidemment ça demande des moyens pour accueillir, expliquer, traduire. Il s’agit de choix politiques. Dans ce cas, il semble, comme pour Sangatte, que l’État s’attaque aux symptômes et non aux causes du problème. Et sans même arriver à faire disparaître les symptômes même à court terme.
Vous oubliez aussi l’interprète qui ne parlait quasiment pas le pachtou. Et pourquoi la procédure prioritaire ? Compte tenu de la situation en Afghanistan et de ces problèmes d’interprète, le préfet pourrait très bien décider le recours à la procédure normale. D’autant que le ministre a dit vouloir s’attaquer aux passeurs et non aux migrants. D’où, d’ailleurs, le titre de l’article.
à 11 h 44 min
Bravo pour cet article très intéressant…
à 12 h 06 min
Jacques-olivier tessier, vous semblez piqué par mon propos. Ne le soyez pas je trouve votre article et travail ont du mérite. Peut-être aurais je du le dire plus clairement (voir le dire tout court ).
Concernant le paragrafe ironique, le problème si je peux me permettre c’est qu’il est à la fois ironique et à la fois très sérieux, d’où une certaine ambigüité. la première phrase l’est elle ? j’ai du mal à le déterminer. la seconde l’est à coup sûr. la troisième ? et ainsi de suite jusqu’à la conclusion de ce passage.
Enfin, je ne disculpe pas l’Etat, au contraire et je regrette qu’il n’y ai pas plus de transparence sur les méthodes employées et les procédures suivies. Ici effectivement vous retranscrivez tout ce qui est possible d’être retranscrit.
à 12 h 14 min
@Nico_c : je pense que Nawid alternait vraiment entre sérieux et ironie.
Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas piqué. Je réponds à vos interrogations sur mon travail ce qu’à mon vis, tout journaliste devrait faire. De plus, vos remarques m’ont donné l’occasion d’expliquer certains points.
Je préfère ce genre d’interpellation à des commentaires qui ne consistent qu’à descendre telle ou telle personne, homme politique ou autre du style « machin est nul » sans argumenter.
à 13 h 10 min
C’est un article qui prend aux tripes avec ces témoignages de misère absolue. Entendre parler du problème des clandestins en général est une chose, écouter ou lire leur histoire personnelle est autre chose bien plus fort.
Apporter un commentaire n’est pas simple. C’est un sujet tellement compliqué et éloigné de notre univers qu’on ne sait pas par où le prendre. Il est dérangeant car il nous renvoie à notre confort et notre égoïsme.
J’avais lu il y a quelques années « les cerfs volants de Kaboul » et vu le film plus récemment. Ces talibans restent pour moi une énigme : Comment peuvent-ils prospérer en dégradant autant l’être humain dans leur propre pays ? Comment peuvent-ils résister à la puissance de l’OTAN après avoir résisté aux russes ? Est-ce la misère qui permet d’en enrôler toujours plus ou la facilité pour l’homme à revenir à sa bestialité dès que les normes sociales tombent ?
Je me demande aussi pourquoi ces malheureux cherchent à fuir en Angleterre. Que deviennent-ils une fois la Manche passée ? Le droit d’asile y est-il plus développé ? La communauté afghane est-elle plus nombreuse ? Partent-ils ensuite ailleurs ?
En tout cas, JOT, merci pour ce reportage poignant.
Il secoue où ça fait mal et aide à relativiser beaucoup de choses finalement bien secondaires.
J’imagine aussi que ça a dû sacrément vous secouer de rencontrer et discuter avec ces personnes.
à 17 h 40 min
Merci JOT pour vos réponses.Certes l’Afghanistan ne tend que vers la démocratie mais il y a eu des élections même si une forte contestation persiste sur les résultats.Trés ironiquement cette situation peut être rapprochée des sujets de politique locale qui nous sont habituels sur votre excellent blog.
Pour vous répondre,non je n’irai pas faire du tourisme là bas.Mais j’ai rencontré cet été un touriste qui en revenait.Touriste particulier car il porte un uniforme français.Pour les élections il pense qu’un jour ou l’autre il faudra demander aux Afghans s’ils souhaitent une présence des forces internationales
Quant aux problémes de l’exil les forces françaises et les autres ont les leurs.En effet tous les contingents emploient du personnel local y compris lors des actions de guerre:ce sont alors des traducteurs qui souvent se dissimulent le visage ou sont employés hors de leur vallée d’origine.Des femmes afghanes travaillent dans l’aide humanitaire notamment médicale dans des ONG.
Il est évident que toutes ces personnes et leurs familles sont dans le collimateur des talibans et pour elles la menace est journaliére et bien définie.
Or rien n’est vraiment prévu pour peut être un jour les sortir du pays.En quelque sorte peut se renouveler le probléme des harkis en 1962.
Comme quoi tout celà est complexe et il y a de l’émotionnel partout.Alors comme le souligne NicoC il faut comprendre la difficile gestion du probléme par les autorités.Comme l’a confié un jour un homme politique étranger dont le nom m’échappe: »Vous les français vous vous singularisez dans le monde à la fois par votre arrogance en externe et votre auto flagellation en interne ».Espérons que celà fait partie du charme de notre pays.
à 10 h 05 min
Bon ! voilà merci à tout le monde de réagir sur ce problème et pour répondre à Nico je voudrais lui dire qu’en 39 des milliers d’espagnols sont allés mourir dans les camps allemands grâce au fait qu’ils ont été « parqués » en France.
Et pourtant oui, je remercie la République française de m’avoir permis d’aller à l’école et je n’ai jamais constaté de différences avec mes camarades.
C’est cette humanité que nous aimerions voir appliquer aujourd’hui, il ne faut pas se laisser « Ericbessonner » comme le disais ce matin François Maurel sur France inter.
Bien sûr que la situation est compliquée mais ne nous leurrons pas on n’attrape pas les électeurs du FN avec de la fraternité n’est-ce pas ?
Vous réagissez presque tous au fait que ce sont des Afghans, et les autres ….?