Discrimination envers les médias : Georges Frêche assume à moitié

Interrogé sur les raisons pour lesquelles les collectivités qu’il préside n’envoient pas leurs communiqués de presse à L’Agglorieuse et Montpellier journal, le président de l’agglo et de la région qualifie le premier de « torchon ». Mais pour le deuxième, il esquive. C’était le 21 décembre, lors d’une conférence de presse à l’hôtel d’agglo.

Montpellier journal : L’Agglorieuse et Montpellier journal ne reçoivent pas les invitations et les communiqués de presse de l’agglo et de la région. Pourquoi ?
[Silence de Georges Frêche]
Sophie Salelles, directrice de cabinet (du fond de la salle) : Tout est accessible sur le site Internet.
Georges Frêche : Je vais vous faire plaisir… L’Agglorieuse, ce n’est pas un journal, c’est un torchon. Bon, donc je ne vois pas pourquoi je lui enverrai des informations. Nous continuerons comme par le passé.
François Delacroix, directeur général des services : C’est accessible sur le site Internet.
Mj : Non ce n’est pas le cas.
FD : C’est ce qu’elle vous dit.
Mj : Tout n’est pas sur le site de l’agglomération.
GF : On y met ce qu’on veut.
Mj : Ben oui mais tout ça est fait avec de l’argent public. Pourquoi faire de la discrimination ?
[Silence de Georges Frêche]
SS : Il n’y a pas de discrimination. Tout est accessible pour les journalistes sur le site Internet de la communauté d’agglo. J’entends qu’il ne soit pas forcément à jour et on va veiller avec le service de presse pour que ce soit à jour.
Mj : Pourquoi, à ce moment-là, envoyer par mail…
GF : Alors pour vous faire plaisir, on va mettre le site à jour.
Mj : Oui mais il y a certains médias qui les reçoivent par mail et pas d’autres.
SS : Monsieur Teyssier, vous êtes là (1).
Mj : Je parle aussi des dossiers de presse et des communiqués de presse.
SS : Nous allons rectifier ça et…
GF : Vous parlez de quels médias ?
FD : Le sien.
Mj : Montpellier journal et L’Agglorieuse.
FD : C’est la même chose ?
Mj : C’est la même chose ? Monsieur Delacroix !
FD : Non je vous demande. C’est une question.
GF : Montpellier journal, encore un effort et il ressemblera à L’Agglorieuse. Meuh, sans méchanceté. Sans méchanceté (2).
Mj : Bien sûr, bien sûr. L’Agglorieuse sort parfois des informations intéressantes…
GF : Oui, oh, ça ne va pas bien loin. Si je devais coltiner toutes les imbécillités que j’y ai vues, le bilan ne serait pas glorieux. Mais c’est vrai que de temps en temps, il y a une information. Quand même. C’est la moindre des choses, quand même.
FD : Bon c’est fini. On va réveillonner.
GF : On va réveillonner ? Oui. Donc demain il y aura l’agglo. Calme et douce.
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Un élu pourrait donc choisir de ne pas envoyer les communiqués de presse de sa collectivité à un journal qui lui déplait ? Après tout, pourrait-on dire, il est libre de faire de ce qu’il veut. Comme individu, sans aucun doute. Problème : là, il agit comme représentant du peuple. D’ailleurs, comme je l’ai fait remarquer à Georges Frêche, ces communiqués et dossiers de presse sont réalisés avec de l’argent public. A-t-il reçu un mandat de ses électeurs pour faire cela ? Était-ce à son programme ? Va-t-il y inscrire, pour les prochaines élections régionales, les critères qu’il va utiliser pour sélectionner les médias ? Quand bien même il le ferait, serait-ce une raison pour discriminer des médias qui ne diraient pas que du bien de son action ? Je ne le crois pas.

De plus, Georges Frêche ne dit pas en quoi L’Agglorieuse serait « un torchon ». Est-il le mieux placé pour en juger ? Pour Montpellier journal, c’est différent : le président de l’agglo n’assume pas. Et préfère renvoyer, comme ses collaborateurs, aux sites Internet. Problème, comme je l’ai indiqué, tous les communiqués et les dossiers de presse ne sont pas publiés sur ces sites. Ne serait-ce que les agendas hebdomadaires que beaucoup d’institutions (mairie, agglo, département, région, préfecture, rectorat, etc.) envoient aux médias. Cela leur permet notamment de planifier la semaine à venir. Mais Georges Frêche le reconnaît lui-même : « On y met ce qu’on veut » sur les sites. Et puis, si tout y est, pourquoi envoyer des mails à certains ? En fait à l’immense majorité des médias sauf aux deux qui sont les plus incisifs par rapport aux pouvoirs en place. Comme par hasard. Rappelons qu’il s’agit d’ajouter deux adresses mail dans quelques listes de diffusion et que l’agglo et la région sont les deux seules institutions à se comporter de la sorte.

On attend maintenant avec impatience la réaction du Club de la presse à ces déclarations de Georges Frêche.

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(1) J’ai eu l’information qu’une conférence de presse se tenait ce jour-là par un collègue. Mais pas par l’agglo. Et Sophie Salelles le sait très bien.
(2) Georges Frêche m’avait déjà demandé après que je lui eux posé une question gênante : « Vous savez ce que c’est un fouille merde ? » Avant de faire machine arrière : « C’était pas pour vous que je disais ça. »