Frêche – Nuñez : pas un mot dans Midi Libre, L’Indépendant, France 3 et Direct Montpellier plus

Hier, Georges Frêche a attaqué Jean-Paul Nuñez. C’était à l’occasion de l’inauguration du local de campagne du candidat à sa succession à la tête de la région Languedoc-Roussillon (lire : Georges Frêche s’en prend au délégué régional de la Cimade). Voici le résultat dans les deux médias dominants de la région.

Dans le 19/20 de France 3 Languedoc-Roussillon, hier Thierry Valéro affirme à propos de Georges Frêche : « Dans son discours, aucune polémique, aucune attaque. » Peut-être la phrase du président de région a-t-elle échappé aux trois – excusez du peu – journalistes de la télé qui ont réalisé le reportage.

Pour Midi Libre, c’est différent puisque le quotidien régional (sous la plume de Patrick Nappez ?) évoque clairement le début des propos de Georges Frêche concernant les manifestants. Et voici ce que ça donne : « Opposés à l’implantation sur le port de Sète d’une société israélienne d’import de fruits et légumes, qu’ils accusent de participer « à la colonisation de la Palestine » , des militants se sont manifestés bruyamment durant le discours de Georges Frêche. Ce dernier a contenu sa réaction : « On me demande de les faire taire, mais leur présence ici est le gage de la démocratie qui nous construit… » » Pour la suite des propos du président de région, le lecteur du quotidien régional devra se contenter des trois petits points.

[Mise à jour à 15h20: même syndrome pour L'Indépendant (Estelle Devic ?) qui écrit ce matin : "Cantonnés derrière des barrières au bout de la rue d'Athènes où est installé le local, ils ont scandé leur slogan "Agrexco ne passera pas" à grands renforts de porte-voix pendant tout le discours de Georges Frêche. Lequel a fini par réagir et a déclaré : "Leur présence est le gage de la démocratie. Agrexco viendra à Sète, comme les Marocains, les Libyens et les Kurdes". Aucun incident à déclarer."" Tout dépend, évidemment, de ce qu'on appelle un "incident".]

[Mise à jour le 25/01 à 9h : idem dans Direct Montpellier plus où Nicolas Guyonnet s'arrête à la première partie des propos de Georges Frêche qui le montrent en démocrate ouvert à tous les peuples : "Comme prévu, écrit le journaliste, la manifestation fut perturbée par une poignée d’opposants au projet d'implantation de la société israélienne Agrexco sur le port de Sète qui ont scandé « Agrexco ne passera pas ! » tout au long du discours de Georges Frêche, sans créer d'incident. Des slogans qui n’ont pas perturbé le président sortant. « On me demande de les faire taire, mais leur présence ici est le gage de la démocratie qui nous construit. Agrexco viendra à Sète, comme les Marocains, les Libyens et les Kurdes »."]

[Mise à jour le 25/01 à 9h40 : Midi Libre a fait état des propos de Georges Frêche à l'encontre de Jean-Paul Nuñez, dans son édition de ce matin. La phrase du président de région a été saucissonnée ainsi : "Georges Frêche, d'abord magnanime, avait expliqué qu'il fallait les laisser s'exprimer, y voyant un gage « de la démocratie qui nous construit » . Avant d'avertir « mon ami le pasteur Nuñez qui mène cette manifestation » , qu'il ne fallait « pas se tromper de combat » . Et le président de Région d'établir un distinguo entre « les luthériens qui ont voté Hitler en Allemagne en 1933 » et « les calvinistes des Cévennes qui ont aidé les juifs de la Shoah ».

Pour mémoire, voici la phrase complète : " Et je dis à mon ami le pasteur Nuñez qui mène cette manifestation, qu’il me laisse le souvenir des luthériens qui ont voté Hitler en Allemagne en 1933. Il ne faut pas se tromper de combat. Moi, je salue les calvinistes des Cévennes qui ont aidé les Juifs de la Shoah. C’est cela le vrai et le bon combat. "

Dans la version de Midi Libre, le lien entre Jean-Paul Nuñez et "les luthériens qui ont voté Hitler" a donc disparu.]

[Mise à jour le 25/01 à 21h50 : Dans L'Hérault du jour de dimanche, tout y est. Voici ce qu'Annie Menras a écrit : "Commentant calmement, "on me dit de les faire partir mais leur présence est un gage de la démocratie qui nous conduit", Georges Frêche a poursuivi : "Je dis à mon ami Nuñez* qu'il devrait se souvenir des luthériens qui ont voté Hitler en 33. Moi je salue les calvinistes des Cévennes qui ont aidé les juifs pendant la Shoah." * Le président de la Cimade, en effet membre de la coalition, n'était pas là. Il s'occupait des 37 Kurdes dont 7 enfants placés au centre de rétention de Nîmes."]

[Mise à jour le 26/01 à 15h50 : Dans le journal de 7L TV, lundi (vers 1'20"), cela a donné (Caroline Rossignol, Olivier Brachard) : "Au placard les piques et les phrases chocs, c'est l'homme sensible et ému que le président de région a choisi de montrer samedi devant un parterre de 500 militants et sympathisants." Suit un reportage sur les manifestants et les propos de Georges Frêche à leur endroit mais, à nouveau, ils s'arrêtent juste après "les Turques". Il est frappant de voir tous ces journalistes (L'Indépendant, Direct Montpellier plus et 7L TV) coupés pile au même endroit sur une inauguration qui a duré environ 2h. De toute façon, ça n'intéresse sans doute pas les gens.

Il reste aux citoyens L'Hérault du jour et Internet. Rue89 a repris l'information en titrant : "Georges Frêche insulte le délégué régional de la Cimade." (7336 visistes, 105 commentaires et sur Montpellier journal : 1777 visites). Ça n'intéresse pas les gens, on vous dit.]

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