Gayssot et ses amis condamnent l’accord du PC avec le NPA

Alors qu’ils ont fait le choix de partir sur la liste de Georges Frêche au premier tour des régionales, Josianne Collerais, Henri Garino, Jean-Paul Boré et l’ancien ministre dénoncent l’alliance annoncée de leur parti avec Europe écologie au second tour. Et, par ricochet, celle du premier tour avec le NPA, parti réputé plus proche idéologiquement du PC.

« On prend des communistes pour des idiots parce qu’ils ont voté pour quelque chose et on fait autre chose. » C’est l’analyse de Jean-Paul Boré et de ses trois collègues vice-présidents communistes à la région (Josianne Collerais, Henri Garino, Jean-Claude Gayssot). Ceux qui ont fait le choix de partir aux régionales avec Georges Frêche dès le premier tour, dénoncent l’alliance de leur parti avec le NPA (1) et surtout la fusion annoncée au deuxième tour avec Europe écologie. Alors, le plus simple et le plus démocratique ne serait-il pas de demander un nouveau vote des militants communistes sur cette question ? Oui répondent les quatre vice-présidents. Mais du bout des lèvres.
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« L’âme même du Front de gauche est morte »
Ils préfèrent insister sur cet accord qui ferait que « l’âme même du Front de gauche est morte », selon Josianne Collerais. Celle-ci explique : « Le parti communiste tourne complètement le dos à son histoire et à son identité. Je ne vais pas développer, je vous invite à relire les principes fondamentaux au moment de la création du NPA. Je retiens quand même un élément important où il est dit que les communistes n’ont plus de communiste que le nom. C’est dire déjà comment, au niveau du NPA, on considère les militants du Parti communiste. » Il est vrai que le NPA comme la LCR ont toujours condamné l’attitude des communistes d’accepter de gouverner avec le Parti socialiste à qui il reproche, notamment, d’accompagner le libéralisme.

Et puis surtout, poursuit Josianne Collerais, « le cadre officiel du front anti-Frêche est complètement confirmé, acté mais il ne faut pas qu’on s’y trompe : je pense qu’avant toute chose, le cadre qui est acté, c’est : « Tout sauf avec le Parti socialiste. » «  Pour Jean-Claude Gayssot, « l’arbre Frêche cache la forêt de l’anti-PS ». Ce n’est pourtant pas ce qu’a dit René Revol le 7 janvier. En effet, la tête de la liste de « la gauche de la gauche » a déclaré à propos du second tour : « Si Martine Aubry nous appelle en disant : « Le Parti socialiste a une liste en tant que Parti socialiste » et qu’il n’y a pas Frêche dedans, ce sera une nouvelle composante. Ça n’existe pas à ce jour. [...] Chacun va s’engager pour faire que la gauche puisse se rassembler au second tour pour battre à la fois Frêche et la droite. »

« Notre partenaire privilégié c’est le Parti socialiste »
Et puis, pourquoi les quatre vice-présidents préfèrent-ils une alliance avec Georges Frêche plutôt qu’avec Europe écologie ? Après tout, il s’agit aussi de la gauche ? La réponse tarde à venir puis c’est Josianne Collerais qui explique : « D’abord il y a l’histoire du Parti communiste depuis 30 ans. Au moment d’échéances importantes comme les régionales – c’est ce que nous avions fait en 2004 (2) – notre partenaire privilégié c’est le Parti socialiste. Déjà c’est un élément pas négligeable. » Le deuxième élément étant le bilan.
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Henri Garino, pour sa part, brandit « l’offre nationale » du PCF qui précise : « Tout faire pour empêcher la droite de reconquérir les régions, et créer partout les conditions de majorités régionales de gauche, avec l’objectif de porter dans ces majorités des projets de transformation sociale réelle, et si les conditions en sont créées de travailler à leur mise en œuvre, jusque dans les exécutifs régionaux. »

PS, Europe écologie et NPA renvoyés dos à dos
Problème, c’est dans cette même « offre nationale » que le Parti communiste renvoie dos à dos, PS, Europe écologie et NPA, en écrivant : « Le PS parle de rassemblement à gauche mais n’opère pas de clarification forte sur son projet et entretient le flou sur des alliances de second tour avec le Modem. Les Verts parlent eux aussi de rassemblement à gauche mais les listes Europe écologie poursuivent la construction de rassemblements hétéroclites aux contours et aux objectifs politiques très ambigus. Le NPA quant à lui persiste à refuser la nécessité de travailler à des majorités de gauche. »

Du coup : « Le Parti communiste propose que ce travail commun débouche, autour d’ objectifs et de projets clairs, sur la constitution de listes de Front de gauche de large rassemblement au 1er tour. » Ce qui a été fait en Languedoc-Roussillon. Mais l’offre nationale stipule aussi : « Cela supposera de travailler sans ambiguïté au lendemain du premier tour à la fusion des listes de gauche et écologistes, donc à l’exclusion du Modem, dans le respect de l’influence de chacune de ces listes. » Problème : il ne serait pas étonnant, même si ce n’est pas certain, que le Modem fusionne avec la liste Frêche. Et là, les quatre prennent leur distance avec « l’offre nationale » avec comme argument l’existence de la majorité municipale de Montpellier (PS, PC, Modem) et comme condition le programme. Même si, dit Josianne Collerais, « le Modem me gêne ». Et d’en profiter pour rappeler tout le bien qu’ils pensent du travail fait avec Georges Frêche. Rappelons aussi que le Front de gauche envisage une alliance avec Europe écologie donc avec Cap 21 donc avec une partie du Modem.
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« On n’est pas des gens qui allons à la soupe
contrairement à tout ce qui est dit »

Ces quatre élus sont donc de fait en marge du PC mais il y a peu de chance qu’ils en soient exclus. Reste donc une question : reverseront-ils leurs indemnités d’élus à leur parti, comme ils le font aujourd’hui alors qu’ils ne pourront se prévaloir du logo PC dans la campagne ? « Ça c’est une question qui se posera après les élections, répond Josianne Collerais. Il y en a quelques uns qui sont ultra-minoritaires qui disent qu’on ne représente plus le Parti communiste. On est des communistes encartés, on n’a pas l’intention d’utiliser le signe PCF parce qu’on n’est pas investi par le Parti communiste. On verra après les élections, l’évolution du Parti communiste. Mais si les mêmes qui veulent nous exclure, nous traitent de traites, nous disent : « Oh, reversez les indemnité. » Eh bien, on rediscutera. On n’est pas des gens qui allons à la soupe contrairement à tout ce qui est dit. »

Jean-Claude Gayssot : « Notre attitude n’est à aucun moment conditionné par des problèmes de revenus. Et nous, nous n’avons pas changé de position comme certains l’ont fait depuis huit ou dix mois pour des problèmes de places ou de revenus. » À qui pense l’ancien ministre ? « Je ne pense à personne. Je ne veux pas attaquer mes camarades. Simplement, je reverse tout ce que je touche sans exception. Je me paye mes journaux le matin, mes sandwichs à midi. » Avant de répondre à la question : « Si demain, mon parti, au point de vue départemental, menait une campagne contre une politique d’union et de rassemblement pour transformer mon parti en secte, je préfèrerais reverser à la section de Béziers qu’à la fédération, l’indemnité de la région. »

Puis Montpellier journal précise le sens de sa question : en cas de reversement d’indemnités, le PC serait gagnant à tous les coups. Si c’est la liste Frêche qui l’emporte, ce sont les quatre qui reversent. Si c’est la liste Front de gauche/NPA/Europe écologie, ce sont les autres élus qui reversent. Même si, pronostique Jean-Paul Boré, dans ce cas il n’y aurait que deux élus communistes. Reste que dans les deux cas de figure, il y a peu de chance que le PC retrouve les 9 sièges qu’il détient aujourd’hui.
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(1) Notons, au passage, qu’on attend toujours la publication du protocole d’accord conclu, le 5 janvier, entre tous les partenaires de la liste.
(2) Cette année là, il y eut une alliance avec le PS mais aussi avec les Verts.