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Le Lundi 6 septembre 2010 à 15:21

Eh oui ! Montpellier journal compte les manifestants


Avant la journée de grèves de demain sur les retraites, il n’est pas inutile d’aborder une bonne fois la question des chiffres. D’autant que la polémique revient régulièrement.

Échanges sur les chiffres de la manifestation du 4 septembre 2010Suite à la manifestation de samedi contre « la politique du pilori » du gouvernement, Montpellier journal rapporte qu’il y avait « plus d’un millier de personnes à Montpellier ». Sur Facebook, Patrick Dhainaut de la CGT réagit : « Entre 1500 et 2000 … 1000 c’est le chiffre des RG. Merci. » Je réponds : « J’ai dit « plus d’un millier » mais selon moi, il y avait moins de 1500. »

« Oui mais combien selon vous ? »
Et je poursuis : « Mais les gens n’ont pas trop l’habitude que les journalistes comptent… » Pourquoi ? Parce que trop souvent, on lit ou on entend dans les médias : « Tant selon les organisateurs, tant selon la police ». Lors de ma formation de journaliste, un de mes profs interrogeait alors : « Oui mais combien selon vous ? » J’ai donc pris pour habitude de ne donner que mon chiffre quand cela était possible. Et je pense que ça l’est quand les manifestants sont quelques centaines. Quand ils sont plusieurs dizaines de milliers, ça devient plus compliqué surtout quand on est tout seul pour compter, filmer, photographier et publier.

Même avec plusieurs centaines, il est cependant difficile d’être précis. Il est même possible de se tromper. C’est pourquoi samedi j’ai prudemment écrit « plus d’un millier ». Ce qui signifiait pour moi plus de 1000 et moins de 1500. J’ai aussi ajouté une vidéo de la foule pour que chaque lecteur puisse se faire son idée. Mais cela n’a pas suffit à Patrick Dhainaut qui poursuit : « Même le Midi Libre annonce 2000 … Un Montpellier Journal qui va dans le sens du gouvernement, c’est nouveau et c’est étonnant ! » Avant que j’ai le temps de répondre, Phil Ogm écrit, toujours sur Facebook : « Relativisons: hier, ML disait 1500. Dans la nuit, 500 nouveaux manifestants (!). Ce matin, même L’Hérault du Jour (qui est souvent dans la « fourchette haute ») dit « entre 1000 et 1500″ ». À mon tour : « Je n’ai pas pour habitude de me calquer sur ce qu’écrit Midi Libre. Et je dois bien confesser que j’en retire une certaine fierté… » Pour deux raisons : d’abord parce qu’il est fréquent que Midi Libre surestime le nombre de manifestants ou de participants à un événement. Ensuite parce que j’ai plus que des doutes sur le fait que les journalistes de Midi Libre (du moins la majorité d’entre eux) comptent les manifestants.

« C’est le chiffre officiel annoncé par les organisateurs »
Et je conclus : « Gouvernement ou pas, quand je fais un sujet, j’essaye de le faire le plus honnêtement possible. » Patrick Dhainaut proteste lui aussi de sa bonne foi : « Non, mais moi je le dis : entre 1500 et 2000, et j’ai la prétention d’être également honnête. C’est le chiffre officiel annoncé par les organisateurs. En général, les journalistes donnent l’information qui leur est transmise soit : 1000 selon les RG, entre 1500 et 2000 selon les organisateurs. » Et voilà, la boucle est bouclée. Que les organisateurs veuillent gonfler les chiffres, ça peut se comprendre – même si on peut le contester – que le gouvernement puisse avoir intérêt à les minimiser, ça peut s’expliquer – même si on peut le déplorer – mais je pense que le rôle d’un journaliste est justement d’éclairer le lecteur. Le problème est similaire quand un journal écrit « un tel a dit ça, un autre dit le contraire », sans tenter de chercher et de dire au lecteur qui dit vrai – quand c’est possible, bien sûr. Voir par exemple l’affaire du Seaquarium du Grau du roi.

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Publié dans Médias. Mots clés : , , .

4 commentaire(s)

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  1. Xavier Malafosse said
    on 6 septembre 2010

    à 19 h 09 min

    « En général, les journalistes donnent l’information qui leur est transmise soit : 1000 selon les RG, entre 1500 et 2000 selon les organisateurs. »

    Cette phrase est juste énorme ! Il semblerait que tout le monde pense que les journalistes sont là pour « donner une information » communiquée par le pouvoir ou par l’opposition… Dans ce cas, à titre personnel, je préfère parler de communicant : c’est le taf d’un attaché de presse de donner les chiffres de son employeur, pas celui d’un journaliste !

    Et si les journaleux, les vrais, les petits fouille-merdes, n’étaient aux ordres de personne et tentaient de donner un point de vue aussi objectif que possible ? Ça serait bien, non ?

  2. aurel said
    on 7 septembre 2010

    à 10 h 18 min

    C’est plutôt flatteur pour un journaliste de ne pas plaire aux militants. Qu’ils soient en place, ou dans le contre pouvoir.
    Ne jamais être du côté du manche ! Ni du manche du baton, ni du manche de la pancarte !
    :-)
    L’engagement d’un journaliste (d’un journal) se fait dans le choix et la hiérarchisation des sujets. Pas dans le choix d’une « vérité » fasse à une autre. Non?

  3. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 7 septembre 2010

    à 16 h 40 min

    @Aurel : Ben oui.

  4. psiam said
    on 8 septembre 2010

    à 11 h 53 min

    quel amateuriste de compteur vous etes, monsieur teyssier…
    prenez là de la graine pour que vos futurs comptages soient plus reflechis:
    http://www.youtube.com/watch?v=XwNF6KWL71g