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Le Jeudi 2 décembre 2010 à 20:39

Un collaborateur de Christian Bourquin prétend faire de l’information


Employé par le conseil général des Pyrénées-orientales, Luc Malepeyre écrit aussi sur le conseil général des P.O. sur un « site d’information » dont il a confirmé à Montpellier journal être un des contributeurs. Mais quand on tente d’aborder la question déontologique, celui qui est aussi ancien journaliste à Midi Libre, s’énerve. Pourtant, on pourrait bien être dans un cas de communication institutionnelle qui ne dit pas son nom. On pourrait se contenter d’en rire si Christian Bourquin n’était pas aujourd’hui président de la région Languedoc-Roussillon après avoir été celui des Pyrénées-orientales.

Sur le site Ouillade.eu« Appliquer à l’échelle départementale les contenus, la méthode et le professionnalisme issus des modèles nationaux de Bakchich.info, Rue89.com et Mediapart.fr », c’est la (modeste) ambition affichée par Ouillade.eu, « site d’information local dans le département des Pyrénées-Orientales ». C’est en tout cas ce que nous dit l‘À propos du site. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, on apprend aussi que derrière ce projet se cachent « plusieurs journalistes du Languedoc-Roussillon (titulaires eux d’une véritable carte de presse professionnelle et en cours de validité) ».

Totalement anonymisé
Il faut bien dire « se cachent » puisque le site est totalement anonymisé. Même pas une adresse mail pour contacter les auteurs.  Ni la possibilité de laisser des commentaires. Des petits malins ont néanmoins rapidement levé l’anonymat puisque seulement 8 jours après le premier article d’Ouillade, ils nous apprenaient l’identité d’un de ces « titulaires eux d’une véritable carte de presse professionnelle ». C’est en effet le site pastiche Ouilladeux (attention il faut suivre), lui aussi anonyme, qui révèle que c’est Luc Malepeyre qui est derrière Ouillade. L’information a ensuite été reprise par Perpignan-Touvabien.

Information confirmée par l’intéressé à Montpellier journal. Joint cet après-midi au conseil général des Pyrénées-orientales dont il est employé au cabinet, Luc Malepeyre refuse, en revanche, de nous dire qui sont les autres journalistes dont il est question dans l’À propos de Ouillade. Pourquoi l’anonymat ? « Parce qu’on est plusieurs à récolter de l’information au niveau régional, il n’y a rien de particulier », répond celui qui a été chef d’agence de Midi Libre à Perpignan pendant plus de quinze ans. Peut-on connaître les noms de ces journalistes ? « Non parce que eux ne le souhaitent pas forcément. » Étonnante démarche surtout pour un site qui dit vouloir appliquer « les contenus, la méthode et le professionnalisme » de Bakchich, Mediapart ou Rue89 !

La démarche journalistique
Là où ça devient franchement étonnant, c’est quand on aborde la question de la présumée démarche journalistique. Luc Malepeyre est effectivement détenteur de la carte de presse – Montpellier journal l’a vérifié auprès de la Commission de la carte – même si l’on sait que cela ne donne aucune garantie sur le travail de son détenteur. Luc Malepeyre devrait néanmoins la perdre puisque, selon lui, il est salarié du conseil général des P.O. depuis le 1er novembre 2010. Et avant, Luc Malepeyre n’était-il pas déjà au conseil général ? Réponse de l’intéressé : « Non, non pas du tout. » Ah bon. En septembre 2008, Politique66, le blog de Guillaume Clavaud, indiquait pourtant que Luc Malepeyre devait faire son entrée au cabinet de Christian Bourquin le 1er novembre 2008. Ce que confirmera Perpignan-Toutvabien quelques semaines plus tard.

En tout cas, le 25 juin 2010, Christian Bourquin, à l’époque président du conseil général des P.O. et aujourd’hui président de région, faisait la promo d’un livre de Luc Malepeyre sur son blog : « Je vous recommande la lecture de cette première biographie qui a été présentée hier soir à l’Hôtel du Département car le travail de Luc Malepeyre nous fait revivre un pan de notre histoire politique et la mémoire de notre département a tout à y gagner. Dans les mois à venir, l’auteur publiera les biographies d’autres personnalités politiques des P.-O, dont René Marquès, ancien Président du Conseil Général, et Jean Carrère, ex-maire d’Argelès. »

« Vous vous prenez pour un policier »
Revenons à la démarche journalistique. Montpellier journal essaye de demander à Luc Malepeyre si ça ne pose pas de problème pour lui d’écrire… Celui-ci le coupe et répond à une question non posée : « Il n’y a pas de problème, on est en république, on a le droit d’avoir des passions. Moi je ne travaille pas depuis le conseil général sur le site. Point à la ligne. Vous vous prenez pour un policier [sic !] : vous faites faire une perquisition, vous demandez à un magistrat qui vient saisir l’ordinateur, il verra très bien qu’il n’y a rien là-dessus qui part d’un ordinateur du conseil général. Vous faites du sport après votre boulot ? Vous faites quelque chose ? Vous avez une vie de famille ? Moi j’ai une vie, c’est une passion. Ma passion c’est l’information donc je le fais en dehors du boulot. » Une passion qui conduira le site Ouillade à publier pas moins de neuf papiers pour la seule journée du mercredi 24 novembre.

Montpellier journal essaye à nouveau d’aller au bout de sa question : « N’y a-t-il pas pour vous un problème déontologique puisque vous dites que vous faites de l’information… » Luc Malpeyre raccroche. Nous ne saurons donc pas si, pour lui, il n’y a pas un problème à vouloir produire de l’« information » sur le conseil général des P.O. quand on est soi-même payé par cette même collectivité.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes
Mais est-ce nécessaire ? Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur une trentaine d’articles publiés depuis le 22 novembre, une vingtaine parle de Christian Bourquin, de ses proches, du conseil général ou dézingue Bruno Delmas, ancien directeur de cabinet de… Christian Bourquin, aujourd’hui ennemi de ce dernier et candidat à la présidence de la CCI de Perpignan.

Il faut aussi noter la différence de traitement entre ces protagonistes par Ouillade. Exemple pour Bruno Delmas dans un article titré « Campagne consulaire » : « Le candidat-populiste Bruno Delmas qui fait vraiment du n’importe quoi. Incontestablement, cette caricature ambulante de l’écurie « Alduyiste » [Jean-Paul Alduy est président de l'agglo de Perpignan] confond tout et n’importe quoi ! Il mélange politique et économie avec un tel ridicule que cela en devient grotesque et pitoyable. [...] Celui qui nous promet « un souffle nouveau » est en réalité un ringard qui se prend pour le poumon de l’économie locale alors qu’il n’a en fait à son actif qu’une accumulation de défaites et trahisons, (en)traînant avec lui une réputation peu glorieuse. » Effectivement on est dans le grand journalisme.

Moins incisifs
Autre exemple
: « Bernard Fourcade, président sortant de la CCI, s’apprête à mettre une grande claque à Bruno Delmas en annonçant la venue, très prochainement, à Perpignan, d’une compagnie aérienne irlandaise. [...] Alors, pourquoi Bruno Delmas n’a-t-il toujours pas convié le président de la Région à l’une de ses réunions Tuperware ou à l’un de ses meetings ? Pourquoi ne les voit-on jamais ensemble ? Bizarre, bizarre, non ? Alors que, vous verrez que bientôt on retrouvera Bernard Fourcade, le président de la CCI, et Christian Bourquin, le nouveau président du Languedoc-Roussillon, côte à côte, main dans la main… Vous pariez combien ? » Les articles concernant Christian Bourquin ou sa successeur au conseil général sont beaucoup moins incisifs se contentant souvent d’un compte rendu de telle signature de partenariat ou de tel discours favorable au président de région, photos à l’appui.

On a du mal à croire que Luc Malepeyre agisse de sa propre initiative d’autant qu’il n’écrit pas sur le sport, la faune méditerranéenne ou la philatélie mais sur la politique et l’économie. Si, à l’inverse, c’était une opération téléguidée par Christian Bourquin ou son entourage, il ne faudrait peut-être pas qu’en rire – même si la démarche a incontestablement quelque chose de comique tant elle est grossière – car elle révélerait beaucoup sur les fines pratiques de celui qui préside aujourd’hui le Languedoc-Roussillon.

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Publié dans Accès libre, Médias, Politique. Mots clés : , , , , , , .

Un commentaire

Suivre les commentaires de cet article

  1. Alexis Samovaref said
    on 3 décembre 2010

    à 0 h 31 min

    « Louis, I think this is the beginning of a beautiful friendship… »