Sur trois quarts de page le quotidien gratuit oublie de donner la position des opposants, reprend à son compte le terme de « vidéoprotection » et n’aborde pas la question du coût. Il y a quelques mois, le journal proclamait pourtant fièrement, lors d’une campagne de pub : « L’information est un droit ».
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Si les médias sont nombreux à reprendre le terme de « vidéoprotection » qui aurait été lancé par le gouvernement début 2008 (lemonde.fr, 16/02/10) et repris à son compte par la majorité PS de Montpellier, le quotidien 20 minutes est le seul à le faire avec autant de zèle. Cette actualité est liée au vote d’une délibération par le conseil municipal de Montpellier prévoyant d’augmenter de près de 50 % le nombre de caméras de vidéosurveillance d’ici la fin du mandat.
« Les lycéens dans l’œil de la police »
20 minutes, lui, a pris son temps : l’annonce du plan municipal a été faite le 17 juin et le quotidien a attendu le 23 pour publier un papier titré : « Les lycéens dans l’œil de la police ». Problème, 20 minutes n’a visiblement pas encore eu assez de temps et d’espace pour donner la parole aux opposants au plan municipal. Ils sont pourtant nombreux notamment au sein du conseil municipal et jusque dans la majorité (Parti communiste).
De plus, Caroline Rossignol, la journaliste qui signe le papier, n’hésite pas à faire le lien avec une actualité récente : « Une décision antérieure au drame de Florensac où une adolescente a été battue à mort lundi [20 juin] aux portes de son collège, mais qui résonne comme une triste « évidence », pour la police nationale. « Les faits de violences sont en baisse à l’intérieur des établissements… mais se déplacent à l’extérieur », note le commandant Frantz Denat, le représentant de la police nationale au Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance. » Le policier et la journaliste oublient de mentionner qu’à Florensac, les faits se sont déroulés à 12h30, à la sortie des cours sous les yeux d’une surveillante et d’une mère d’élève (Midi Libre, 22/06).
Rapport contestable
20 minutes continue en citant « un rapport gouvernemental sur la vidéoprotection réalisé en 2009 ». Deux sociologues, Tanguy Le Goff et Erci Heilmann, ont expliqué pourquoi ce rapport était contestable mais le quotidien ne mentionne même pas l’existence de cette contestation scientifique ni ne remet en cause l’indépendance d’un rapport publié par un gouvernement qui promeut l’extension de la vidéosurveillance. 20 minutes cite également le policier Denat sur un « effet dissuasif » présumé de la caméra : « Sur 10 vols par exemple, seuls 6 sont commis, par le simple fait de repousser l’acte à une rue non surveillée, à la baisse de motivation et à l’opportunité de trouver une nouvelle cible. » Sans que l’on sache d’où le fonctionnaire tire ces statistiques.
Caroline Rossignol continue dans un encadré et mentionne une affaire que les défenseurs des caméras ne manquent pas une occasion d’évoquer : « En septembre, elles ont permis l’arrestation à Montpellier d’un violeur récidiviste sur le point de commettre un nouveau crime. » Avant de rassurer : « Si l’image de « Big Brother » colle à la vidéosurveillance, les caméras ne couvrent en réalité que 2 % des rues de la ville, filmer les citoyens étant davantage légion à l’intérieur des bâtiments publics. »
Regarder sur France 3 ce que répond le sociologue Laurent Mucchielli à la première phrase (vers la 11e minute).
Sollicitée, Caroline Rossignol n’avait pas rappelé Montpellier journal au moment de la publication de cet article.
[Mise à jour à 18h35 : Caroline Rossignol affirme sur Facebook qu'elle n'a pas eu de message téléphonique. Montpellier journal qui a enregistré le message laissé, lui a néanmoins proposé de rappeler et d'intégrer sa position dans cet article.]
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