Une pleine page consacrée au sujet. A la décharge du quotidien gratuit, il n’est pas le seul à aborder la question. Comme pour « la délinquance générale », les médias relaient les chiffres voire les affirmations de la police et des politiques sans aucune distance. Troisième volet de notre dossier sur les chiffres de « la sécurité ».
« Les mineurs, auteurs de 56 % des vols avec violence en 2011 », affirme le quotidien 20 minutes en Une de son édition Montpellier du 23 janvier. Ça continue en pages intérieures : « En 2011, un tiers des cambriolages ont été commis par des mineurs, selon la police […] Les geôles de garde à vue du commissariat central hébergent de plus en plus de mineurs. […] La part de mineurs dans la délinquance de voie publique « est en augmentation depuis 2010. On a toujours les 16-18 ans, mais de plus en plus de malfaiteurs arrêtés sont âgés de 13 à 16 ans. Certains n’ont pas treize ans. Parmi ces mineurs délinquants, on retrouve une proportion majoritaire de récidivistes », selon le commissaire Benoît Desmartin. Vol à la roulotte, cambriolages, vols avec violence sont les nouvelles activités de ces ados « qui agissent en toute impunité. Ils sont à l’aise avec nous ». […] Des collégiens et des lycéens volent désormais des voitures ou des deux roues. »
Le message du quotidien gratuit est clair : la délinquance des mineurs est très importante et elle est en augmentation. Il faut aller tout au bas de la page pour trouver, dans un encadré, une phrase – une seule – qui donne un point de vue différent sur la question. Celui de la Protection judiciaire de la jeunesse qui conteste « une quelconque hausse de la délinquance des mineurs ». Mais on l’a vu, cela n’empêche pas 20 minutes de mettre en scène la hausse.
« L’armée du crime tend de plus en plus
à se recruter parmi des enfants »
Nous n’allons pas revenir sur les explications déjà longuement détaillées dans les deux premiers articles sur « la sécurité » et les chiffres fournis par la police (ici et là). Voyons plutôt un autre texte : « La criminalité juvénile augmente de jour en jour. L’armée du crime qui, autrefois, se composait d’adultes, d’hommes faits, tend de plus en plus, à se recruter parmi des enfants. Les faits divers des journaux suffisent à nous en convaincre ; leurs colonnes enregistrent journellement des vols, des attaques à main armée exécutés par des bandits de quatorze à dix huit ans. » En quelle année ces mots ont-ils été écrits ? En 2010 ? En 2007 ? Non. Ce texte est issu d’une thèse de doctorat en droit qui date de 1910. Il est cité par Laurent Muchielli dans son dernier livre (1) pour démontrer que la question de la délinquance des mineurs ne date pas d’aujourd’hui ni même d’hier.
De même, sur son blog, le sociologue s’attaque, arguments et chiffres à l’appui, à « la vrai-fausse augmentation des mineurs délinquants ». On peut aussi regarder la partie de son interview sur France 3 (La voix est libre, 19/11) consacrée à cette question (vers 3’35’’) :
C’est pourtant la même France 3 qui n’hésite pas à interviewer Marcel Authier sans aucun recul ni mise en perspective. En effet, le patron de la police dans l’Hérault évoque, au micro de la chaîne (25/01), « le cambrioleur d’opportunité qui est souvent mineur, d’ailleurs, il faut le dire ». TV Sud n’est pas en reste (25/01) : « Moins de vols mais plus de violences notamment chez les jeunes », nous dit-on. Ni France Bleu (25/01) : « Autre souci dans notre département : la délinquance des jeunes. L’an dernier 1267 mineurs ont été convoqués ou déférés au parquet. C’est 300 de plus qu’en 2009. » Et ça tombe bien : « Nouvelle illustration aujourd’hui : trois jeunes de 11 à 15 ans ont été arrêtés dans le quartier du Petit-Bard à Montpellier. Ils ont arraché violemment le sac à main d’une mamie », poursuit la radio.
« Les mineurs délinquants menacent-ils la société française ? »
Alors, pour reprendre le titre de l’article de Laurent Mucchielli, « les mineurs délinquants menacent-ils la société française ? » Il suffit de lire l’article ou le livre du sociologue pour comprendre que tous ces sujets ou ces phrases sont une nouvelle fois au minimum très approximatifs. Que la délinquance juvénile est tout sauf nouvelle, que certes elle existe, qu’elle est plutôt stable et que les actes graves, même s’il y en a, ne sont pas aussi nombreux que la lecture des journaux pourrait (voudrait ?) nous le faire croire.
Midi Libre n’a pas repris, comme ses confrères, le thème de la délinquance des mineurs suite à la présentation du « bilan de la sécurité 2011 » par le préfet de l’Hérault, Claude Baland. Mais le quotidien, on s’en serait douté, n’a visiblement pas été en reste lorsqu’il s’est agi de relayer les activités du député Nouveau centre nîmois Yvan Lachaud. Cela ne pouvait pas échapper à Laurent Mucchielli qui habite dans le Gard. Il écrit (27/01/11) qu’on pouvait « lire à la Une du Midi Libre le 24 janvier [2011] que les « chiffres de la délinquance » 2010 étaient particulièrement « préoccupants » voire « inquiétants » (selon les éditions locales du journal). En effet, le préfet venait de tenir une conférence de presse en insistant sur une hausse importante de la délinquance et en particulier sur le « problème des mineurs délinquants » présenté même comme « une spécificité gardoise ». »
« Attouchements en public sur des jeunes filles »
C’est en lisant la lettre de Nicolas Sarkozy à Yvan Lachaud lorsqu’il lui a confié, en décembre 2010, une mission sur de « nouvelles modalités de traitement de la délinquance des mineurs » qu’on apprend, comme dans les médias, que celle-ci « s’est nettement aggravée ». Dans son rapport le député Nouveau centre ne le contredira pas, bien au contraire (p11) : « On ne compte plus en effet le nombre d’actes de racket, d’agressions gratuites que subissent nos enfants, et des attouchements en public sur des jeunes filles. […] Notre pays a dû faire face depuis quelques années, à une augmentation très significative du nombre de mineurs mis en cause. La délinquance des mineurs est le fait d’individus de plus en plus jeunes, et gagne surtout en violence. Aujourd’hui, près d’un auteur de délinquance de voie publique identifié sur deux est un mineur. Ce chiffre monte à 68% dans certaines régions. »
Pourquoi en faire autant ? Nicolas Bourgoin, sociologue à l’université de Besançon, explique (6/12) : « Le surinvestissement judiciaire et policier dans la lutte contre les désordres juvéniles qui en fait un véritable bouc émissaire collectif trouve un accueil généralement favorable dans l’opinion. Mais les lieux communs sécuritaires qui le justifient ne résistent à une analyse même rapide des faits. » Laurent Mucchielli et le juriste Christophe Daadouch écrivent (7/06) : « La délinquance et la justice des mineurs sont devenues ces dernières années une véritable rente politique. Il ne se passe pas six mois sans qu’un rapport, un projet ou une proposition de loi soit inscrit dans le paysage politico-médiatique. Dans le cas d’espèce, cela sert sans doute à la fois les affaires nationales du président de la République ordonnateur de la mission (qui, paraît-il, ambitionne de faire un deuxième mandat) et les affaires locales du député en question (qui, paraît-il, ambitionne de conquérir la mairie de Nîmes). » Les médias servent donc les affaires du président de la République et de sa majorité. Au moins maintenant, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.
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► Lire aussi :
- Faut-il interdire au préfet de faire des conférences de presse sur « la sécurité » ? (1/3)
- Délinquance : quand les médias se moquent des citoyens (2/3)
- Les mineurs délinquants menacent-ils la société française ? (blog de Laurent Mucchielli)
- La délinquance des mineurs : vrai enjeu politique, faux problème social (Nicolas Bourgoin)
- Délinquance des mineurs : le septième rapport en sept ans (Christophe Daadouch & Laurent Mucchielli)
- La politisation des «chiffres de la délinquance» à l’échelon local (blog de Laurent Mucchielli)
- Vidéosurveillance : 20 minutes relaie la propagande policière et municipale
- Meurtres, viols, pédophilie, inondations : le monde selon Midi Libre
- Naufrage journalistique avec « le corbeau »
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(1) L’invention de la violence – Des peurs, des chiffres, des faits, Fayard, 2011, 340 pages, 20 €. L’ouvrage a fait l’objet de La voix est libre sur France 3 le 19 novembre. Voir aussi le site Délinquance, justice et autres questions de société et le blog de Laurent Mucchielli.
7 commentaire(s)
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à 9 h 49 min
De plus en plus pathétique. Pas mal de réagir le 13 février à un article du 23 janvier. C’est sûr qu’avec votre rythme, vous avez le temps de vous renseigner. Mais pourquoi refuser de voir les chiffres et l’augmentation manifeste, que l’on soit Sarkozyste, Hollandais, de Mélenchoniste. Et oui à ce sujet la PJJ a nettement moins de crédit que la Police Nationale. Mais je fais intervenir tous les partis MOI. Toi qui veut être le roi du journalisme ne contacte pas les personnes concernées. Lamentable
à 11 h 48 min
« L’augmentation manifeste » ? Je pense que ce terme va intéresser les sociologues de la sécurité mais aussi des médias. Pourriez-vous préciser en quoi cette augmentation est « manifeste », svp ?
« La PJJ a nettement moins de crédit que la police nationale » ? Ah bon ? Pourquoi ? Et la police a-t-elle plus de crédit que les sociologues spécialistes du sujet ? Si oui, pourquoi ?
Je rappelle quelques informations de base : qui est le chef des forces de police ? Le préfet. A qui rapporte le préfet en matière de sécurité ? Au ministre de l’intérieur. Qui instrumentalise les chiffres de la délinquance à des fins politiques ? Le ministre de l’intérieur. Et la police aurait plus de crédit que la PJJ ? Vivriez-vous au pays des Bisounours ?
Sauf erreur, dans mes articles, toutes les parties sont citées : la police, le préfet mais aussi très largement les journalistes via leurs écrits et des liens qui renvoient vers leurs articles. Vous avez la parole dans des médias lus par des dizaines de milliers de personnes et vous trouvez encore que Montpellier journal ne vous donne pas assez la parole ? Et vous, citez-vous les sociologues spécialisés en matière de sécurité ? Surtout que 20 minutes n’en est pas à son coup d’essai, lire : Vidéosurveillance : 20 minutes relaie la propagande policière et municipale
Sur le délai entre la parution de l’article de 20 minutes et celui de Montpellier journal, il y a plusieurs raisons : la première étant que je souhaitais d’abord publier les deux précédents papiers pour que le lecteur comprenne bien les enjeux. Ensuite, Montpellier journal revendique un journalisme qui prend le temps de traiter les sujets. « Mais nous, on n’a pas le temps », me rétorquerez-vous. C’est bien pour ça que dans le deuxième article (Délinquance : quand les médias se moquent des citoyens), j’ai écrit : « Le fait que le préfet et les médias n’appliquent pas ces règles ne serait pas très grave si les journalistes, compte tenu de leurs contraintes économiques (manque de moyens) et éditoriales (manque de place) pour traiter ces sujets, refusaient d’en rendre compte ou demandaient à leur rédaction en chef davantage de temps et de place pour les traiter. Ils ne le font visiblement pas ou ne peuvent pas le faire. Il faut dire que sur une minute trente ou sur un court article, les précisions méthodologiques risqueraient d’occuper la totalité de la place attribuée pour traiter le sujet. Pas très vendeur. »
Ou encore dans le premier (Faut-il interdire au préfet de faire des conférences de presse sur « la sécurité » ?) : « La semaine dernière, je me suis dit que j’aurais préféré que les médias me fassent un bon sujet sur la clémence de l’hiver avant la vague de froid plutôt qu’un compte rendu de la conférence de presse du « bilan 2011 de la sécurité dans l’Hérault » organisée par le préfet Claude Baland le 25 janvier. En effet, les contraintes économiques (manque de temps et de moyens) et éditoriales (durée des sujets ou taille des papiers) qui pèsent aujourd’hui sur les journalistes, sont telles que traiter sérieusement le double sujet de l’évolution de la délinquance et de l’efficacité des forces de police et de gendarmerie est impossible. Je répète : impossible. Et pourtant, ils l’ont fait. Alors qu’un bon vieux sujet sur le climat nous apprend toujours quelque chose et ne fait pas de mal. »
En résumé, je sais que les conditions de travail dans les rédactions sont difficiles et en particulier dans les gratuits mais à votre place, si je devais traiter un sujet complexe comme celui de la sécurité en quelques heures, je ne le ferais pas. Pour moi, le journaliste a une responsabilité énorme dans la société et si ses conditions de travail ne lui permettent pas d’exercer son métier correctement, il doit s’abstenir. Et ce n’est pas vouloir « être le roi du journalisme » que de dire ça. Une dernière question, votre rédaction en chef vous a-t-elle obligé à traiter ce sujet ? Ou est-ce du fait de votre grande proximité avec la police que vous en avez eu l’idée ?
à 12 h 13 min
« L’augmentation manifeste » : Manifeste, (adjectif)
Sens : Evident.
« L’an dernier 1267 mineurs ont été convoqués ou déférés au parquet. C’est 300 de plus qu’en 2009 » Donc oui c’est manifeste .
Sur la crédibilité de la Police. Sur ce sujet, la Police a tous les chiffres d’interpellations et de Garde à vue. Pas la PJJ.
Les sociologues spécialisés ne sont pas en contact avec le mineur délinquant. La Police, le parquet, les éducateurs de la PJJ oui. Donc je parle des personnes uniquement concernées.
Parce que selon vous c’est impossible de traiter ces sujets on doit le taire et ne pas en parler aux lecteurs. Ce n’est réservé qu’à la presse magazine de moins en moins lue?
Ce sujet n’a pas été traité en quelques heures puisque j’ai rencontré la famille d’un mineur délinquant, un commissaire de police, un éducateur de la PJJ, un juge au parquet de Montpellier.
Ma proximité avec la police se limite comme bon journaliste de locale, à la tournée quotidienne, le matin et en fin de journée.
On m’a demandé de faire un sujet sur la délinquance. Sujet d’actualité. J’ai choisi un angle d’actualité.
à 12 h 26 min
Ne changez rien, vous êtes parfait.
Je cite Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche au CNRS :
« À chaque fois, le premier argument est le même : les statistiques policières indiquent que le nombre de mineurs « mis en cause » par les forces de l’ordre ne cesse d’augmenter. Or cette affirmation est une sorte de vraie-fausse information, et à tout le moins une vérité totalement tronquée. Pour trois raisons.
Primo, si le nombre de mineurs « mis en cause » par la police et la gendarmerie ne cesse effectivement d’augmenter (il a doublé entre 1990 et 2010), c’est également le cas des majeurs, et dans des proportions à peu près équivalentes. Ce n’est donc en rien une spécificité des mineurs.
Secundo, personne ne semble remarquer le véritable cercle vicieux que traduisent ces statistiques. En effet, lorsque l’on élargit la définition de la délinquance et que l’on donne des consignes pour poursuivre toutes les infractions même les plus bénignes, la conséquence fatale est une augmentation des procédures réalisées par les policiers et les gendarmes (les procès-verbaux). Or la statistique policière est précisément un comptage de ces procédures administratives, et non une sorte de sondage permanent sur l’état réel de la délinquance. Dès lors, plus l’on poursuit la délinquance des mineurs, plus elle augmente dans cette statistique, mais cela ne veut pas forcément dire qu’elle augmente dans la réalité.
Tertio, cet argument pseudo-statistique parle d’un volume mais ne dit rien de la nature de cette fameuse délinquance des mineurs. A partir de chiffres, l’on peut fantasmer tout et n’importe quoi quand aux types d’actes délinquants réellement constatés chez les mineurs. Et de fait, l’évocation de ces chiffres, appuyés par quelques faits divers, suffit généralement pour embrayer sur des affirmations relatives à l’aggravation perpétuelle de cette délinquance, affirmations qui sont purement gratuites. »
Un « angle d’actualité » ? Mais en 1910 on disait la même chose (voir dans l’article) !
Je ne dis pas qu’on ne doit pas traiter ce type de sujet. Je dis que si on le fait, on doit le faire sérieusement et pas à coup de titre de Une du genre : « Les mineurs, auteurs de 56 % des vols avec violence en 2011. » Or les conditions économiques et éditoriales des médias aujourd’hui et la complexité du sujet font qu’il est impossible de le traiter sérieusement.
Si vous avez encore un peu de temps, vous pourriez peut-être expliquer aux lecteurs (ceux de Montpellier journal et ceux de 20 minutes) d’où sort ce chiffre de 56% ?
à 12 h 35 min
Un chiffre donné par l’Etat Major de la direction départementale de la sécurité publique.
Et quand on dit que 300 mineurs de plus sont déférés au parquet, c’est pour des faits importants qui relèvent plus que d’un simple procès verbal !
Ce sociologue il y est dans les centres ouverts ou semi ouvert? Il fait les gardes à vue où il reste au chaud dans son bureau pour sortir des théories démontées par des gens du terrain?
à 13 h 00 min
Et vous avez pensé à leur demander comment il était calculé ? Parce que s’il est juste issu des plaintes, je me demande comment ils connaissent l’âge du voleur. S’il est basé sur des faits élucidés, il ne veut pas dire grand chose vu le faible taux d’élucidation de ce genre de délits. Et tous les autres faits qui ne sont pas signalés, vous en faites quoi ? Ce 56 % n’a strictement aucun sens.
Sur la gravité des faits, lisez donc (ça pourra vous servir pour un prochain papier) : Les mineurs délinquants menacent-ils la société française ?
Et le fait qu’il y ait plus de mineurs déférés ne signifient en rien que les mineurs commettent plus de délits. Juste que la police les attrape plus et/ou que certains délits sont davantage poursuivis.
Si les sociologues veulent répondre à vos questions, il sont les bienvenus. J’admire quand même votre arrogance consistant à prétendre en substance qu’en quelques heures « d’enquête » vous en savez plus que des chercheurs qui travaillent sur le sujet depuis plusieurs années. Il est important d’écouter ce que disent les forces de police et la justice mais il faudrait aussi peut-être élargir un peu votre champ de vision.
à 22 h 36 min
quand je lis la remarque de Nicolas G sur « ce sociologue … qui reste au chaud » , je constate que l’on trouve toujours et encore la même arrogance face aux intellectuels.
Les intellectuels diraient-ils des choses qui dérangent ?