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Le Mercredi 8 février 2012 à 11:32

Claude Guéant et « les civilisations » : « la stratégie du chiffon rouge » ?


Le philosophe Montpelliérain Jean-Claude Michéa, dans son dernier livre, donne une explication aux « provocations (minutieusement calculées) » auxquelles « la droite libérale [...] se livre à intervalle réguliers ».

Jean-Claude Michéa - Le comple d'Orphée (extrait de la couverture du livre)« Les partis de gauche ne semblent toujours pas avoir saisi l’essence de la stratégie du chiffon rouge que la droite libérale utilise méthodiquement contre eux. Les différentes provocations (minutieusement calculées) auxquelles cette droite se livre à intervalle réguliers ne visent jamais, en effet, à influencer directement l’électorat populaire (en cherchant, par exemple, à enraciner en lui ces idées « nauséabondes » qui sont, par définition, incompatibles avec les contraintes de la mondialisation). Elles visent, en réalité, à agir sur cet électorat de manière indirecte, c’est-à-dire en tablant machiavéliquement sur le caractère totalement abstrait (et, de surcroît, souvent grotesque) de la réaction politiquement correcte qu’elles ne manqueront pas de susciter mécaniquement chez les élites de la gauche divine (comme on dit en Espagne) et donc dans le petit monde incroyable et merveilleux du showbiz et des médias. Petit monde dont la morgue et la bonne conscience surréalistes ont toujours constitué pour la droite la plus efficace des publicités. En d’autres termes, la droite libérale compte en permanence sur les réflexes pavloviens de la bourgeoisie de gauche pour provoquer la colère de l’électorat populaire (qui, lui, est évidemment confronté à la réalité quotidienne) et maintenir ainsi son emprise idéologique sur lui. Avec, bien entendu, le risque électoral majeur – lorsque les réactions des élites de gauche s’avèrent trop caricaturales ou trop déconnectées de l’expérience vécue par les classes populaires – que ces dernières manifestent alors leur exaspération (un sentiment promis à un bel avenir) en cherchant directement refuge auprès de partis plus radicaux. Nous retrouvons ici le célèbre théorème d’Orwell : quand l’extrême droite progresse chez les gens ordinaires (classes moyennes incluses), c’est d’abord sur elle-même que la gauche devrait s’interroger. » (p203-204, Le complexe d’Orphée – La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès, Climats, 356 pages, octobre 2011, 20 €)

Ce texte vient en complément au rappel de la citation de Nicolas Sarkozy : « Le thème de l’identité nationale, c’est un débat très porteur pour nous. C’est un chiffon rouge. Il suffit de l’agiter pour que la gauche fonce dessus. Et c’est tout bénéfice pour nous. » (Le Canard enchaîné, 11/11/09 cité dans Le complexe d’Orphée, p201)

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Publié dans Accès libre, Intellectuels, Médias. Mots clés : .

7 commentaire(s)

Suivre les commentaires de cet article

  1. aurel said
    on 8 février 2012

    à 13 h 49 min

    Et donc?
    Il y a une différence entre ne pas laisser passer une énormité raciste dite sous couvert de « bon sens populaire » et entretenir une guéguerre stérile qui, en effet, masque les vrais problèmes.
    Mais avec le genre de théorie présentée ci-dessus, on laisse avancer les idées nauséabondes, même si ce ne sont que des chiffons rouges, en se disant que ça passera tout seul… Et on risque se réveiller un matin en ayant un peu mal aux fesses.
    Cette théorie du « chiffon rouge », appliquée aux propos de Guéant (et je pense appliquée aussi à d’autres propos scandaleux de la droite ayant mené la gauche à réagir) ne tient plus la route dès lors que c’est la droite elle-même qui avance l’argument que c’est bien malheureux de s’attarder sur de telles querelles et qu’on ferait mieux de s’occuper des vrais problèmes. Donc la droite, en tenant ce discours tente de « normaliser » elle-même les idées douteuses avancées sous couvert de dérapage. A mon avis il ne faut pas mépriser l’usage du 3ème degré par la droite : on fait semblant de lancer une phrase nauséabonde en attendant de le scandale, on dénonce le scandale en disant qu’il y a mieux faire et on se victimise en faisant passer ceux qui ont dénoncé le scandale pour des intello bourgeois, bien éloignés des vrais problèmes du peuple… Et là, on rejoins la théorie ci-dessus. Etonnant non?

  2. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 8 février 2012

    à 14 h 27 min

    Lire aussi : « La gauche morale est devenue le substitut de la religion » (Jean Bricmont).

  3. le journal de personne said
    on 8 février 2012

    à 15 h 34 min

    La civilisation expliquée à mon chien !

    - assis ! – couché !
    - assis ! – assis !
    - couché ! – assis !
    - assez! C’en est assez ! Je suis fâchée ! Petit fasciste !
    - je ne vais pas aller par 4 chemins…
    - parce que TU crois qu’il y en a qu’un !
    - détrompe-toi, il en a plusieurs
    - tu n’es pas seul au monde… il n’y a pas qu’un seul monde… et si tu ne le crois pas c’est parce que tu es immonde.
    - non, je ne suis pas vénère… tu es un berger… et si j’étais toi, je ne serai pas fier
    - je n’aime pas te voir te comporter comme si tu étais au-dessus des autres…
    - tu es un chien semblable à tous les chiens, tu les vaux tous mais n’importe lequel te vaut!
    - pas la peine de remuer la queue… je désapprouve ta conduite, ta suffisante insuffisance.
    - oui, tu as empêché tout le monde de dormir, en aboyant sur le chien de la voisine
    - pour qui tu te prends? Pour qui tu le prends ? Pour un bâtard, c’est cela ?
    - non… pas la peine de me faire les yeux doux… ni risettes… ni courbettes !
    - si tu étais vraiment supérieur à lui, pourquoi tu lui abois dessus ?
    - ça y est, je t’ai mis la puce à l’oreille : un supérieur ne peut en vouloir à un inférieur sauf s’il ne lui était pas vraiment supérieur ou que l’autre ne lui était pas vraiment inférieur.
    - baisse les yeux… j’ai honte de toi… ça y est, j’ai compris… ce n’est pas lui qui te pose problème
    - c’est parce qu’il s’est offert une femelle… et qu’à deux, ils vont faire plein de petits
    - et qu’un ça va… c’est quand ils deviennent nombreux que ça ne va plus… c’est ça ?
    - à bas les bâtards, mon berger allemand en a marre… et il aboie pour nous en faire part.
    - sa chienne de vie, ne peut pas se réduire à la vie de n’importe qu’elle chienne
    - il se sent bien élevé, bien dressé, bien domestiqué… que dis-je civilisé… la civilisation c’est son lobby
    - il ne supporte pas les chiens sauvages, les rebelles à tout élevage.
    - et si on inversait mon petit bonhomme, parce que je t’avoue que tu me rappelles les hommes
    - et si on inversait cette fâcheuse tendance en se disant que les soit disant races pures sont autrement plus viles et plus serviles que les impures… qui sont plus proches de la vie et plus aptes à la garantir.
    - on ne peut les asservir, ni les soumettre à nos petits délires.
    Ils aboient quand ils ont faim… mais n’aboient pas pour faire les chiens.
    - ah désolée, ce n’est pas le bâtard de la voisine qui te pose problème mais la voisine elle-même?
    Pourquoi? Parce qu’elle le nourrit ?
    Non! Parce qu’elle fait semblant d’ignorer qu’il y a d’autres chiens à nourrir.
    - tu sais ce que tu es, mon chien-chien… une horreur de la nature… tout ce que tu mérites, c’est une piqure !

  4. Xavier Marchand said
    on 8 février 2012

    à 15 h 53 min

    Le grand problème, c’est que cela entraîne toute une dérive à droite qu’on ne pourra plus contrôler à moment donné. Donc nous devons mettre des balises. Marquer des stops. Matérialiser des limites à ce genre de chose. D’où l’appel à démission qui aurait du fuser http://www.gueantdemission.fr
    Bon, à H+72; il n’est toujours pas officiellement venu.
    Les réseaux sociaux font donc le boulot: pour signature publication et diffusion :)
    http://www.gueantdemission.fr
    Cordialement,
    XM

  5. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 8 février 2012

    à 19 h 28 min

    Deux chiffres : 2’15″ sur une interview de 5’20″. C’est le temps qu’a passé, ce matin sur France bleu Hérault, Jean-Luc Mélenchon sur les propos de Claude Guéant.

  6. santo said
    on 10 février 2012

    à 16 h 38 min

    D’accord, mais je persiste: le relativisme conduit au pire voir ( http://www.contre-regards.com/article-le-relativisme-conduit-au-pire-98807653.html)

  7. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 10 février 2012

    à 16 h 56 min

    Alors que la publication de l’extrait du livre de Jean-Claude Michéa visait à mettre en débat l’existence d’une stratégie de la « droite libérale » et l’analyse de cette stratégie, tous les commentaires – d’ailleurs plus nombreux qu’à l’accoutumée – reviennent sur le fond des déclarations de Claude Guéant et ce qu’elles signifieraient. Cela me paraît tout à fait éloquent.