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Le Mardi 29 mai 2012 à 22:07

« Jeudi tout » ne dit pas beaucoup mais Montpellier journal va l’aider


Le premier numéro de cet hebdomadaire sorti le 24 mai a déçu. Il existe beaucoup de zones d’ombre et des pratiques contraires aux grandes déclarations des membres de son équipe ont déjà été observées. Comme l’interdiction faite à Montpellier journal de couvrir la soirée de lancement de ce périodique. Ses cofondateurs affirment pourtant que les journalistes seraient « des acteurs incontournables de la démocratie ».

Promotion de Jeudi tout dans les rues de Montpellier le jeudi 24 mai 2012 (photo : J.-O. T.)« Une journaliste honnête », c’est ainsi que se décrit Gwenaëlle Guerlavais, rédactrice en chef de Jeudi tout, dans la rubrique « Qui sommes nous ? » du site du nouvel hebdomadaire. N’ayant pas reçu d’invitation à la soirée de lancement de son journal, je demande à la « journaliste honnête » s’il m’est possible de participer. Réponse : « Je suis vraiment navrée, on est limité en terme de places et on a déjà surbooké à mort et c’est vraiment pas possible d’aller plus loin. […] Je suis désolée si vous n’avez pas eu l’invitation. On en a envoyé à 800 personnes et des gens, on en a oubliés. […] Je ne vous refuse pas l’accès parce que vous êtes journaliste. Il y a des journalistes ce soir et les gens pourront bien dire ce qu’ils veulent sur nous. On est les premiers à dire qu’on a envie d’avoir une certaine liberté. » Évidemment l’argument du trop grand nombre avancé par la « journaliste honnête » ne tient pas. D’abord parce que Montpellier journal a pu vérifier que plusieurs personnes non inscrites ont pu assister à la soirée simplement en se présentant à l’entrée du musée Fabre, lieu de la soirée du mercredi 23 mai. Et puis surtout parce que la vraie raison m’est donnée par Alain Nenoff, l’autre cofondateur de Jeudi tout le soir même.

« Tu ne vas pas forcer l’entrée quand même ? »
Car je décide de me présenter quand même à l’entrée. Pour voir (1). « Tu ne vas pas forcer l’entrée quand même ?», me demande Alain Nenoff. Bien sûr que non. Mais j’aimerais bien connaître la vraie raison de l’interdiction. « Si tu viens en tant que personne, tu peux rentrer mais si tu viens en tant que journaliste, je préfère que tu ne rentres pas », m’explique celui qui est aussi directeur de la publication. Au passage, on constate que la question du « surbooking » n’est pas du tout avancée. Ne souhaitant pas être contraint a priori dans mon travail, je m’abstiens donc de rentrer après qu’Alain Nenoff m’a également expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un évènement pour la presse. Pourquoi pas ? Sauf que les reportages de France 3 Languedoc-Roussillon (24/05) et de TV Sud (25/05) montrent, comme me l’avait d’ailleurs précisé Gwenaëlle Guerlavais la veille, que des journalistes ont pu faire leur travail ce soir-là. Pas moi.

Alain Nenoff m’expliquera quelques jours plus tard que c’est bien en raison de la façon dont j’exerce mon métier, qu’il m’a refusé l’entrée. Selon cet ancien journaliste de L’Agglorieuse, je serais venu avec « la volonté de nuire », je ferais des articles « à charge », etc. Au-delà de la pertinence ou pas de ces propos qui importe finalement peu – car comment être juge et partie ? – la situation se résume donc ainsi : celui qui est l’objet d’un travail journalistique (Alain Nenoff) choisit ceux qui feront ce travail. Des pratiques que ne renieraient pas les régimes autoritaires. Ou certains politiques locaux qu’Alain Nenoff épinglait quand il écrivait pour L’Agglorieuse et dont il était victime par exemple en ne recevant pas les communiqués de presse de l’agglo ou de la région.

« Une presse libérée de toute muselière politique et financière »
Bref, tout ça commence mal – Direct Montpellier plus a parlé de « faux départ » dans son édition du 25 mai – et le lecteur est prévenu que ces péripéties pourraient avoir des conséquences sur les lignes qui suivent même si je vais m’efforcer d’en faire abstraction. Poursuivons en lisant le « Qui sommes nous ? » de Jeudi tout qui serait parti « d’un rêve », « celui d’une presse libérée de toute muselière politique et financière […] une presse indépendante ». Problème, le journal n’est pas la propriété de ses journalistes mais d’une SARL dont Montpellier journal s’est procuré les statuts (voir ci-dessous). Ceux-ci précisent dans leur « article6 – apports » que Gwenaëlle Guerlavais et Alain Nenoff n’ont apporté que 5000 € chacun à la société. Et surtout que la « SAS Investissement et gestion de médias » apporte, elle, la somme de 40 000 €.

Statuts de la SARL Jeudi tout

Bien sûr les deux journalistes tiennent à insister sur leur indépendance. Ainsi, Gwenaëlle Guerlavais déclare : « J’imagine très bien que vous n’allez pas me croire mais on a un contrôle complet sur la rédaction. […] C’était la discussion de départ avec notre pool de financeurs. Après on verra ce que ça donnera sur le long terme mais je trouve génial qu’ils n’aient demandé aucun droit de regard depuis le début. […] Il faut que les gens fassent confiance à Gwenaëlle Guerlavais et Alain Nenoff.»

« Le vrai pouvoir stable, c’est celui du capital »
La rédactrice en chef espère donc faire mentir Franz-Olivier Giesbert qui déclarait en 1989 sur France culture (cité par Acrimed), alors qu’il était directeur de la rédaction du Figaro : « Tout propriétaire a des droits sur son journal. D’une certaine manière, il a les pouvoirs. Vous me parlez de mon pouvoir, c’est une vaste rigolade. Il y a des vrais pouvoirs. Le vrai pouvoir stable, c’est celui du capital. Il est tout à fait normal que le pouvoir s’exerce. Ça se passe dans tous les journaux. Il n’y a pas un journal où cela ne se passe pas. » Peut-être à Jeudi tout ? En tout cas, l’équipe ne veut pas dire qui compose ce mystérieux pool de financiers privés. « On protège nos sources financières », explique Gwenaëlle Guerlavais. D’autres pensent que ça pourrait être une façon d’empêcher l’identification des liens et donc la critique de l’orientation éventuelle des articles.

Un nom est revenu en permanence depuis que le projet est connu : celui de Joseph Francis, colistier de Raymond Courderc (UMP) aux dernières élections régionales, aujourd’hui membre du Parti radical et candidat sans étiquette aux prochaines élections législatives (2e circonscription de l’Hérault). Le riche patron de la Comeca, entreprise basée à Saint-Mathieu-de-Tréviers, a les moyens de financer le projet. Interrogé par Montpellier journal, il affirme cependant ne pas en être et précise : « Beaucoup de gens m’ont posé la question et j’ai laissé planer le doute volontairement parce qu’on ne prête qu’aux riches comme on dit. Et ça ne me dérangeait pas qu’on m’accuse ou qu’on sorte une remarque de ce style. Mais je voudrais quand même que les gens qui sont derrière ce journal le disent un jour. » Montpellier journal revient à la charge : « Donc si vous étiez dans les financeurs de Jeudi tout, vous n’hésiteriez pas à le dire ? » Réponse : « Naturellement. […] Il y a un an et demi, j’étais sur un projet de journal que j’ai abandonné parce que j’ai trouvé que c’était un monde qui n’est pas le mien. Je vous le dis sincèrement : si demain Midi Libre était en difficulté et qu’ils fassent appel à quelques chefs d’entreprise pour aider Midi Libre parce qu’il faut une presse indépendante, j’accourrais. »

La façade du montage financier
Montpellier journal
poursuit l’enquête et se procure les statuts de la « SAS Investissement et gestion de médias » qui a apporté 80 % du capital de la SARL Jeudi tout. Le seul associé de la SAS est Gilles Vacquier qui n’est sans doute que la façade du montage financier puisque la société a notamment pour objet « la constitution et la détention d’un portefeuille de titres de participation ou de placement dans toutes entreprises ». Son capital social est de 1000 € apporté par Gilles Vacquier. Celui-ci a-t-il des liens avec Joseph Francis ? Ce dernier répond : « Gilles Vacquier n’est pas l’homme le plus proche de moi. Je dois le voir une fois tous les 3 ou 4 mois. Mais je suis très ami avec un homme que je connais, que je respecte et que je considère comme étant sérieux et compétent. » Quant à Gilles Vacquier, il affirme qu’il connaît Alain Nenoff « depuis 20 ans » et que c’est ce dernier qui lui « a demandé » de participer à l’aventure. On n’en saura pas plus et en particulier qui serait susceptible d’exercer des pressions sur la rédaction.

Toujours concernant la « muselière politique et financière », citons également le « business plan » qui, selon Gwenaëlle Guerlavais, prévoit 2/3 de publicité et 1/3 pour les ventes de numéro comme répartition du chiffre d’affaires. Problème, dans la région, le marché publicitaire est dominé par les collectivités locales dirigées par des politiques. Et, comme Montpellier journal l’a raconté à plusieurs reprises, certaines collectivités n’hésitent pas à faire pression sur les rédactions en brandissant l’arme de la coupure des publicités. Midi Libre, La Gazette de Montpellier, La Semaine du Roussillon, Le Travailleur catalan en ont notamment fait les frais. Comment Jeudi tout qui, dans son premier numéro, a été choyé par le Conseil général de l’Hérault, l’agglo et la ville de Montpellier (qui ont acheté les pages les plus chères) (2), compte-il s’affranchir de cette dépendance ? On ne sait pas. Pour autant, dans leur éditorial, les deux cofondateurs ne semblent pas naïfs puisqu’ils évoquent des faits « nauséabond[s] » : « Ces petites pressions inamicales sur les collaborateurs, les partenaires ou les annonceurs, qui ont un relent de mafia sudiste. »

Musée Fabre gracieusement mis à disposition
Sur le même thème, il faut enfin souligner le fait que l’agglo a gracieusement mis à disposition de Jeudi tout l’espace réceptions du musée Fabre pour la soirée de lancement. Une dette à honorer plus tard ? « Je remercie l’agglomération de Montpellier de nous avoir mis à disposition ce lieu qui est vraiment magnifique maintenant je ne suis pas redevable de quoi que ce soit vis-à-vis de l’agglomération de Montpellier », répond Gwenaëlle Guerlavais. L’histoire ne dit pas si les nombreuses entreprises qui payent pour utiliser cet espace vont maintenant demander une mise à disposition gratuite au nom de l’équité et de la neutralité de la collectivité locale. Mais c’est un autre sujet.

Jeudi tout dira-t-il tout sur ses finances ? Par exemple sur son budget annuel ? « Je ne répondrai pas à cette question », tranche Gwenaëlle Guerlavais. Publiera-t-il ses comptes annuels dans le journal ? « C’est une bonne idée, on va peut-être y réfléchir. Comme je n’ai rien à cacher… Je ne sais pas. Revenez peut-être dans un an et on vous dira en effet où en sont nos comptes. » La rédactrice en chef accepte néanmoins de donner son salaire : « On a décidé de ne pas se prendre des salaires mirobolants mais d’avoir largement de quoi vivre. Moi je gagne 3000 € nets. » Ce qui correspond en gros à ce qu’elle gagnait dans son précédent poste à Objectif Languedoc-Roussillon, dit-elle. Et la personne qui s’occupe du secrétariat et de la comptabilité ? « Elle est à mi-temps, au SMIC. Vous allez me dire que ça vous choque, c’est ça ? J’aimerais que vous disiez aussi qu’on sort des gens du chômage. » Alain Nenoff, quant à lui, refusera de communiquer son salaire à Montpellier journal. Toujours côté finances, les cofondateurs visent une rentabilité d’ici trois ans et « 10 000 lecteurs d’ici fin 2012 sachant que là on tire entre 5 et 6000 exemplaires », affirme Gwenaëlle Guerlavais.

« Un vrai journal avec de vrais journalistes »
Et dans les 32 pages du numéro 1 de Jeudi tout, vendu 1,50 €, diffusé sur le grand Montpellier, il y a quoi ? 15 pages d’informations, 1 page et demi d’agenda culturel, 1 dessin d’une page, 3 pages et demi de chroniques – éditoriaux, 7 pages de publicité Bref, « un vrai journal avec de vrais journalistes », toujours selon le « Qui sommes-nous ? » Pour Alain Nenoff, ce premier numéro « est assez fidèle à ce qu’on voulait faire ou à au moins une partie ». Gwenaëlle Guerlavais : « Ce qui est réussi, c’est la maquette. » La rédactrice en chef cite également l’importance donnée à la photo, au dessin, « on a beaucoup travaillé aussi sur le nom des rubriques », elle aurait voulu pouvoir interroger plus de personnes, avoir plus d’infos dans les pages de brèves. Toujours du côté des choses à améliorer, Alain Nenoff aimerait « plus de diversité, qu’il y ait un maximum de gens qui puissent s’exprimer dedans, j’ai envie d’un média qui soit le plus ouvert possible ».

Il y a sans doute d’autres personnes pour trouver ce premier numéro réussi mais plusieurs autres, habituellement bienveillantes avec ce genre d’initiatives et à l’œil très avisé, l’ont trouvé « pas terrible » voire même « consternant ». Peu d’informations exclusives à l’exception notable de celle sur « un supermarché transformé en mosquée », une enquête menée de façon équilibrée. Même si on peut constater une présentation sous l’angle du projet réalisé « en cachette » plutôt que sous celui de la question du manque de lieux de culte pour les musulmans.

Noms des auteurs de nombreuses photos non mentionnés
Soulignons également que les « vrais journalistes » ont commis quelques erreurs, notamment sur la dégradation du panneau publicitaire numérique de JCDecaux dont Montpellier journal a largement parlé. Une petite erreur s’est en effet glissée dans la brève. Sera-t-elle rectifiée dans le prochain numéro ? Plus grave, alors que Gwenaëlle Guerlavais affirme que la présence de la photo est « importante pour nous » et qu’elle déplore que photographe soit « un métier qui se perd », le nom des auteurs de nombreuses photos n’est pas mentionné tout comme un dessin de Jacques Tardi sur la Commune de Paris, est publié recadré et sans la signature de l’auteur. Sur une cinquantaine de photos, une trentaine sont soit sans crédit photo soit mentionnées « DR » (Droits réservés). Ces pratiques très répandues et pas propres à l’hebdomadaire sont contraires à la loi et sont dénoncées par l’Union des photographes professionnels.

Signalons également une brève titrée « les Pourcel, la tête dans les étoiles » qui semble une reprise d’un communiqué de presse des chefs cuisiniers. On a vu mieux pour « pimenter l’info » comme le revendique l’équipe. Juste le lendemain de l’article du Canard enchaîné cité par Montpellier journal et qui évoquait un rapport de la Cour des comptes pointant les conditions d’attribution douteuse d’un marché aux Pourcel, Jeudi tout raconte donc une autre histoire : celle de ceux qui veulent faire « briller leur hôtel » et « devenir le second hôtel cinq étoiles de l’Hérault ». La même info avait d’ailleurs été publiée la veille de la sortie de l’hebdo sur clubdes500.com.

« Mandroux élue au premier tour »
A la Une de ce premier numéro, il y a aussi une interview d’Hélène Mandroux par Alain Nenoff que Gwenaëlle Guerlavais juge « ni sympathique ni complaisante » vis-à-vis du maire. Pourtant, alors qu’elle a subi des sifflets lors de la remise du trophée de champion de France au club de foot sur la place de la Comédie, qu’elle est minoritaire dans sa propre section PS et au conseil municipal, qu’elle n’a réalisé que 11,36 % lors des régionales 2010, Jeudi tout affirme : « Si les municipales se déroulaient demain, Hélène Mandroux serait, à notre avis, élue au premier tour ! »

Les cofondateurs de l’hebdo reprennent d’ailleurs une citation de l’édile dans leur édito : « Nous sommes « au-dessus de la meute ». », affirment-ils. Décalage à nouveau entre les déclarations et les actes puisque l’hebdo épingle deux journaux qui n’ont pas été tendres avec lui avant même sa sortie. Ainsi, Alain Nenoff révèle les pseudos utilisés par un des collaborateur de L’Agglorieuse après que celui-ci l’a attaqué dans sa chronique en vieux français en ces termes (4/04) : « Étant lassé de manier l’invective et d’affronter puissants de généralité, pour se reposer à la veille de retraite, s’appreste à devenir premier pommadier des courtisans et des ci-devant qui resvent de reprendre resnes de municipalité et généralité à républicains essouflés. » Jeudi tout pointe également deux pages qui auraient été offertes par La Gazette de Montpellier à la mairie en contrepartie d’une erreur d’attribution de la Comédie du livre à l’agglo alors que la manifestation est du ressort de la ville. Rappelons que La Gazette n’avait pas été tendre avec Alain Nenoff dès qu’elle avait eu vent du projet de lancement de Jeudi tout.

« Certains l’apercevaient souvent
avec une bouteille de bière à la main »

Aux lecteurs assidus de Montpellier journal, il faut enfin souligner la présence de Nicolas Guyonnet dans l’équipe de Jeudi tout. « Lui, il a sa carte de presse, contrairement à toi (3)», me rappelle Alain Nenoff. Pour juger des compétences de « vrai journaliste » de Nicolas Guyonnet, on pourra se reporter notamment aux articles suivants : Naufrage journalistique avec le corbeau ou 20 minutes relaie le discours sarkozyste sur la délinquance des mineurs. On pourra aussi lire ses commentaires ici ou . A propos du présumé corbeau qui se révèlera un innocent complet, Nicolas Guyonnet écrivait par exemple, après avoir donné le nom de sa résidence et l’étage de son domicile : « Certains l’apercevaient souvent avec une bouteille de bière à la main. » (Montpellier plus, 5/03/09) Jeudi tout ? « L’hebdo d’ici qui ne rate rien… ni personne », dit le slogan de lancement.

Montpellier journal pourrait hypocritement souhaiter bonne chance à ce nouveau venu dans le paysage médiatique local mais trop d’éléments laissent sceptiques quant à son indépendance réelle . Il ne nous reste donc qu’à lui souhaiter qu’il parvienne à nous surprendre ou qu’au moins les prochains numéros soient meilleurs que le premier.

[Mise à jour le 31/05 à 12h : la petite erreur sur le panneau JCDecaux n'a pas été rectifiée dans le numéro 2 malgré la présence d'une rubrique "boulettes et rectifications". Dans cette rubrique, deux crédits photo ont été ajoutés, il en manque encore beaucoup.]
[Mise à jour le 1/06 à 14h35 : l'article du Canard sur les frères Pourcel a, en revanche, fait l'objet d'une brève dans le numéro 2.]

[Mise à jour le 7/06 à 9h20 : Gwenaëlle Guerlavais en trois éditos de son hebdomadaire a réussi à jouer trois fois la victime. Une performance. La première sur le mode : il y a plein de méchants qui veulent du mal à Jeudi tout (Ah bon, il y aurait donc des pressions sur la presse dans notre pays ?). La deuxième sur celui de : quand j'appelle des gens, ils ne me rappellent pas les vilains (tu parles d'une nouveauté pour un journaliste dont le métier est de passer son temps à rappeler les gens qui ne rappellent pas). Et la troisième ce matin où c'est cette fois Montpellier journal qui aurait franchi "la ligne jaune". Le scandale ? Le crime ? Montpellier journal a publié un document public, oui oui, public : les statuts de la SARL Jeudi tout. Avec dedans l'adresse personnelle de Gwenaëlle Guerlavais.

"Pourquoi était-ce si grave ? interroge la journaliste. Parce que j'étais victime de ma propre profession et des dérapages qu'elle peut commettre. Parce que, jeune maman, j'ai eu envie de protéger mon bébé comme une louve." Victime, une nouvelle fois donc. Mais la "louve" ne s'est pas trop hâtée pour protéger sa vie privée et sa progéniture. Car, elle le dit elle-même dans son édito, elle a lu l'article dès le mardi soir. Et quand a-t-elle demandé à Montpellier journal de masquer son adresse ? Mercredi à 12h19. Ce qui fut fait, même si rien ne nous y obligeait, 40 minutes plus tard. L'avantage avec son édito, c'est que maintenant les gens qui voudraient connaître l'adresse personnelle de Gwenaëlle Guerlavais, savent comment s'y prendre. On a vu mieux pour « une louve ».

Rien à voir mais dans ces deux derniers numéros, l'hebdo publie des photos d'affichage sauvages pour les prochaines législatives (ici et ). Montpellier journal lui en avait offerte une concernant Joseph Francis. Qui dépassait l'affichage sauvage puisqu'il concernait un panneau de signalisation pour la sécurité des piétons. "Respectons-nous", proclame l'affiche. L'hebdo a choisi d'en publier d'autres. Voici celle envoyée :

Affichage sauvage du candidat Joseph Francis pour les législatives 2012 (photo : J.-O. T.)]

[Mise à jour le 15/06 : Un confrère journaliste attire mon attention sur l'info suivante : Bob Woodward, un des deux journalistes qui a révélé l'affaire du Watergate qui a conduit à la démission Richard Nixon, président des États-unis d'Amérique "précise qu’il est dans l’annuaire, de façon à laisser à toute « source » la possibilité de le contacter" (Le Monde magazine, 2/04/11). Il faut croire que Gwenaëlle Guerlavais traite des sujets plus sensibles que le célèbre journaliste du Washington post (dernier livre : Les guerres d'Obama) pour ne pas souhaiter révéler son adresse.]

[Mise à jour le 22/07 : Le droit de réponse que Jeudi tout, en infraction avec la loi, n'a pas publié :

-------- Message original --------

Sujet: Droit de réponse
Date : Fri, 15 Jun 2012 11:47:42 +0200
De : Montpellier journal <mj@montpellierjournal.fr>
Pour : a.nenoff@montpellier-jeuditout.com, redaction@montpellier-jeuditout.com
Copie à : Jeudi tout Gwen <g.guerlavais@montpellier-jeuditout.com>, j.francis@comeca-group.com

Monsieur le directeur de la publication,

Conformément à l'article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, je te prie de bien vouloir insérer le droit de réponse ci-dessous dans votre prochain numéro et sur votre site Internet dès que l'article concerné y sera publié. En effet, Montpellier journal dont je suis le directeur de la publication (voir les "Mentions légales" du site, ici : http://www.montpellier-journal.fr/a-propos-2#Mentions), a été mis en cause dans le numéro 3 de Jeudi tout, page 5.

Droit de réponse :
"Mme Guerlavais, dans votre édito paru dans le numéro 3 de Jeudi tout, page 5, vous avez oublié de préciser plusieurs éléments qui auraient sans doute nuit à votre "démonstration" mais qu'il me paraît important de préciser. Les statuts de la SARL Jeudi tout publiés sur Montpellier journal dans lequel figure votre adresse personnelle est un document public. En attirant l'attention de vos lecteurs dessus, vous faites exactement l'inverse de ce que vous prétendez souhaiter : protéger votre vie privée. Vous avez également omis de dire que 40 minutes après la réception de votre mail dans lequel vous demandiez à Montpellier journal de masquer votre adresse, ceci a été fait  - même si rien ne nous y obligeait. De plus, votre message a été envoyé à midi alors que vous écrivez avoir pris connaissance de la publication des statuts la veille au soir. Si c'était si important que ça, pourquoi ne pas avoir envoyé la demande dès la lecture ? Enfin, protéger son bébé me paraît tout à fait naturel pour une mère mais, pour cela, ne devriez-vous pas commencer par ne plus mentionner son existence dans vos écrits et déclarations publiques ? On en est au moins à trois occurrences en deux semaines.
Jacques-Olivier Teyssier - Montpellier journal - 7, rue du marché aux bestiaux - 34000 Montpellier"

Cordialement,

Jacques-Olivier Teyssier
Directeur de la publication
Montpellier journal

http://www.montpellier-journal.fr
]

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(1) Parmi les personnes vues à l’entrée de la soirée : Frédéric Alart, Daniel Andersch, Christian Assaf, Mahfoud Benali, Olivier Berlioux, Laurent Blondiau, Gilles Boulet, Gwenaël Cadoret, Benoît Califano, Laurence Creusot, André Deljarry, Jacques Domergue, Joseph Francis, Henri Frasque, Christophe Gayraud, Stéphanie Grillet, Clare Hart, Sébastien Hoebrechts, Sylvain Jambon, Christian Jeanjean, Yann Labat, Jean-Yves Labattut, Catherine Labrousse, Anne-Yvonne Le Dain, Max Levita, Hélène Mandroux, Florian Mantione, Jean-Luc Meissonnier, Jacques Molénat, Jean-Pierre Moure, Francis Navarro, Robert et Dominique Navarro, Fabien Nicolas, Véronique Perez, Hélène Qvistgaard, Carole Rap, Olivier Roirand, Jean-Marie Sevestre, Jean-Michel Servant, Stephan Rossignol, Gilles Scotto di Carlo, Michèle Taurines, Coralie Trigueros, Frédéric Tubiana, Rémy Vernier, Alban Zanchiello.
(2) Pour la région, ça pourrait être plus compliqué. En effet, Claude Cougnenc, son puissant directeur général des services, n’aurait pas du tout apprécié un article d’Alain Nenoff paru dans L’Agglorieuse du 14 septembre 2011, titré « Monsieur Claude » et qui aurait eu de forts impacts sur sa vie privée.
(3) Au-delà du fait que la détention de carte de presse ne dit rien des qualités professionnelles d’un journaliste puisqu’elle est délivrée aux personnes qui tirent plus de 50 % de leurs revenus d’une activité de journaliste, précisons que je ne peux pas avoir la carte de presse aujourd’hui car j’ai fait le choix d’être directeur de la publication de Montpellier journal. Ceci pour éviter à une autre personne d’avoir à endosser la responsabilité juridique de mes écrits. Comme un directeur de la publication est considéré comme un patron de presse, il ne peut pas obtenir la carte de presse (voir sur le site de la Commission de la carte). Et le fait est que depuis 20 mois, je tire plus de 50 % de mes revenus de mon métier de journaliste (voir aussi mes piges pour Mediapart en 2011 à qui l’absence de carte de presse n’a pas posé de problème).


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5 commentaire(s)

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  1. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 29 mai 2012

    à 23 h 19 min

    Un lecteur qui n’a pas validé son adresse mail, signale l’appartenance de Gilles Vacquier au mouvement Responsable de Joseph Francis (voir sur le site du mouvement, colonne de droite, « bureau politique »). Montpellier journal avait bien évidemment connaissance de cette appartenance qui lui a même été signalée par Joseph Francis lui-même. Elle n’a pas été signalée dans l’article car paraissant moins significative que les déclarations de Joseph Francis concernant Gilles Vacquier.

  2. aiyo said
    on 30 mai 2012

    à 11 h 14 min

    J’adore leur page de présentation : « Tout est parti d’une envie, même d’un rêve : celui d’une presse libérée de toute muselière politique (..)

    Directeur publi : « Pas gauche caviar, encore moins droite bling- bling, en fait, plutôt extrême centre »

    R.en chef : « Ni de droite, ni de gauche »

    Ah ouais, muselière politique qu’ils disaient : ça sent l’engagement haha.

  3. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 30 mai 2012

    à 16 h 14 min

    J’ajoute qu’on pourrait également s’interroger sur le « pas gauche caviar, encore moins droite bling-bling » au vu de la soirée de lancement : musée Fabre, traiteur. De plus, on n’y a pas vu beaucoup d’ouvriers, d’employés, de syndicalistes, d’élus du Front de gauche, etc.

  4. Mauvais esprit said
    on 5 juin 2012

    à 22 h 19 min

    « Jeudi tout », quelle faute de gout.
    Quand la mémoire rappelle un triste titre des années collaborationnistes, qui disait « Je suis partout ».
    Mauvais départ, non?

  5. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 6 juin 2012

    à 13 h 18 min

    @Mauvais esprit : vous n’êtes pas le seul à faire le parallèle. C’est quelque chose que j’ai beaucoup entendu depuis qu’on connaît le nom de l’hebdo.

    Interrogée sur la question, Gwenaëlle Guerlavais m’a déclaré : « On ne regrette pas du tout » ce titre. « On a voulu c’est mettre l’accent sur le jour, jeudi. [...] C’est un bon jeu de mot. Évidemment il y a des gens qui nous en ont parlé, on le savait mais nous on a trouvé que le jeu de mots était bon. » Et de préciser que c’est Alain Nenoff qui a trouvé le titre.