Où vont les finances du MAHB qui a perdu 667 000 euros en 2011/2012 ?

L’affaire des paris suspects a éclaté au début de l’automne 2012 et on ne connaît pas encore l’impact du tremblement de terre médiaco-judiciaire puisque les comptes de la saison 2012-2013 seront clos le 30 juin 2013. Mais à la lecture des comptes de l’exercice précédent, on se dit que le MAHB (1) n’avait pas besoin de ça. En effet, l’exercice clos le 30 juin 2012 présente une perte de 666 900 € pour un chiffre d’affaire de 5 M€. Perte qui vient s’ajouter aux 531 300 € de l’exercice précédent. Sachant que ce dernier a été établi sur 18 mois, cela signifie que la perte a quasiment doublé entre les deux exercices (2) alors que le chiffre d’affaire n’a augmenté que d’à peine 15 %.

Découvert de 400 000 €
Dans ces conditions, comment l’entreprise fait-elle pour survivre ? Elle l’explique dans l’annexe de ses comptes (voir document ci-dessous) : c’est grâce aux subventions et achat de prestations des collectivités locales, à l’obtention de « délais de règlement supplémentaires » auprès de ses « fournisseurs partenaires », et à un découvert bancaire de… 400 000 € avec un partenaire financier qui doit être la Société générale. Fuite en avant ?

Commentaire du MAHB : « La continuité de notre exploitation repose sur les financements exceptionnels annoncés par nos partenaires au titre de l’exercice 2012/2013 ; elle reste donc fragile. Dans l’hypothèse où elle serait remise en cause, notre structure ne pourrait être en mesure de réaliser ses actifs et de régler ses dettes dans le cadre normal de son activité.» Oups.

Contrôle Urssaf
Mais ce n’est pas tout. Le MAHB, en accord avec la Ligue nationale de handball, a décidé de ne pas suivre l’avis du Conseil national de la comptabilité. On peut le comprendre : si le club l’avait suivi, ses pertes auraient été creusées de 458 000 € supplémentaires. Autre choix comptable fait par le club : le non-provisionnement de 230 000 € réclamés par l’Urssaf suite à un contrôle et contestés par le MAHB. En effet, le club fait le « pari » qu’il va avoir gain de cause devant le tribunal des affaires de sécurité sociale. Problème, si ce pari-là n’est pas gagnant, la somme viendra s’ajouter aux pertes. Il faut également mentionner 65 000 € contestés par le club à propos de cotisations sociales sur rémunération d’agent.

Si on ajoute ces trois montants aux pertes déjà actées, on arriverait à un montant total pour 2012 de 1,4 M€ et en cumulé sur les deux exercices de 2,1 M€. Après l’affaire des paris suspects et le départ quasi immédiat de Brother, principal sponsor maillot, le groupe Nicollin et son toujours généreux – et intéressé ? – président, Louis Nicollin, a été appelé à la rescousse pour remplacer le fabricant de photocopieurs (3). Ce « partenariat » du groupe Nicollin avec le MAHB suffira-t-il à améliorer la situation financière du club ? Réponse dans les prochains comptes. À moins que le club joue la transparence et présente des résultats prévisionnels cet été. Rappelons que l’agglomération a également voté début 2013 une subvention exceptionnelle de 300 000 €. Celle-ci n’a fait l’objet d’aucune explication ni débat en conseil d’agglo.

À ces inquiétudes sur le plan financier, s’ajoutent, en cette fin de saison difficile, des inquiétudes sportives qui ne sont pas sans conséquence sur les finances du club : le MAHB va-t-il disputer la Ligue des champions, synonyme de recettes supplémentaires ? En effet, Patrice Canayer, l’entraîneur du club, déclarait (Midi Libre, 25/02) que l’élimination en huitième de finale de la Ligue des champions 2012-2013 n’avait « pas vraiment » d’impact économique mais ajoutait : « Ça aurait en revanche bien plus d’impact si on n’était pas européens la saison prochaine. » Premiers éléments de réponse le 6 juin, à l’issue de la dernière journée du championnat de France.

Ceci dit, le MAHB n’est pas le seul club de handball de division 1 à perdre de l’argent. Ainsi Chambéry, par exemple, a perdu 487 000 € en 2011-2012 pour un chiffre d’affaires de 2,4 M€. Soulignons également que le MAHB n’est pas le seul club sportif de Montpellier en difficulté financière. Il y a bien sûr le MHR : le club de rugby a perdu la bagatelle de 4,5 M€ sur les deux derniers exercices.

Mais il y a deux différences avec le MAHB : la première c’est que l’actionnaire principal du club, Mohed Altrad, est un riche homme d’affaires qui n’hésite pas à puiser dans ses deniers pour renflouer le club. Alors que le MAHB a un associé unique : l’association qui, par définition, ne doit pas être très riche. La deuxième différence c’est que le président du MHR a déclaré que son club arrivera « à équilibrer ses comptes » cette année (Midi Libre, 24/04). Pas sûr que ce soit le cas du MAHB.

[Mise à jour le 5/06 : Patrice Canayer a déclaré : "Une non qualification en ligue des champions n'aura pas une grosse incidence sur les perspectives budgétaires notamment." (midilibre.fr, 5/06)]

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(1) Entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (EUSRL).
(2) 531 300 € / 18 mois x 12 mois = 354 200 €
(3) On pourrait d’ailleurs s’interroger sur cette stratégie de communication d’un groupe de collecte et de traitement des déchets dont les clients sont essentiellement des collectivités locales. Groupe très bien servi en matière de marchés publics par les collectivités financeurs du… MAHB.