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Le Vendredi 4 octobre 2013 à 19:44

Azdine Douair : le candidat qui dérangeait le PS de Montpellier ?


Issu des quartiers populaires (Paul Valéry et Paillade), un temps proche de Philippe Saurel, il dénonçait le « clientélisme », le « scandale des attributions de logements sociaux », une élection négociée avec les secrétaires de section, le « délabrement des quartiers », les « dépenses fastueuses », etc. Et il était sur le point de récupérer le fichier des adhérents montpelliérains. Mais Azdine Douair n’a pas pu développer ses arguments mercredi soir devant les militants PS lors de la réunion avec les trois autres candidats à la candidature à la mairie de Montpellier. Sa candidature, au dernier moment, n’aurait pas été jugée « recevable » par la commission nationale électorale du PS, selon Hussein Bourgi, le premier secrétaire de l’Hérault. Et le candidat a été brutalement exclu de la primaire. Long entretien avec Azdine Douair.

Azdine Douair, candidat à la candidature PS aux municipales de Montpellier le 3 octobre 2013 (photo : J.-O. T.)

Depuis combien de temps êtes-vous militant PS ?
Depuis 2006, dans la 8e section de Montpellier. J’ai participé à la campagne des législatives de Moure. J’avais fait du porte à porte pour lui. Je le connaissais beaucoup moins. J’ai quand même eu une mauvaise expérience. Le militant que j’étais n’a pas été considéré : à la fin on ne l’a même pas remercié d’avoir tracté et fait du porte à porte. Même pas un café. Mais au moins un remerciement.

Il n’a remercié personne à cette époque-là ?
Pas les militants qui ont tracté pour lui à Paul Valéry ou à Bagatelle qui sont allés jusqu’à Lodève. Après il y a d’autres militants avec qui il allait au resto le midi, nous il nous laissait tracter sur le terrain. Il remerciait peut-être les militants avec qui il allait au restaurant.

Vous avez l’impression qu’il faisait une différence entre les militants issus des quartiers populaires et les autres ?
Bien sûr.

« C’est super à la fédération du PS :
on ne vous prévient pas directement. »

Comment avez-vous été prévenu de la décision du PS de vous exclure de la primaire ?
Par des coups de fil de journalistes. C’est super à la fédération du PS : on ne vous prévient pas directement. Il y a eu le communiqué à la presse et ensuite j’ai reçu un mail de la fédération signé Hussein Bourgi destiné à tous les adhérents de Montpellier.

Et après Hussein Bourgi vous a appelé ?
Oui parce que je l’ai appelé plusieurs fois suite aux appels de journalistes. Je ne trouvais pas ça normal qu’on prévienne d’abord les journalistes. J’ai reçu son coup de fil seulement deux heures avant le grand débat public.

Et rien du national ?
Non. Je n’ai pas été convoqué à une commission. Ce qui est aberrant.

La fédération indique qu’il vous est reproché des « manquements à l’obligation de loyauté à l’égard du PS et la multiplication de polémiques contre d’autres candidats, élus et militants socialistes » mais connaissez-vous les propos qui vous sont reprochés précisément ?
Non, on ne me les a pas notifiés concrètement.

Vous pensez que cette décision n’est pas conforme aux statuts du PS ?
Non, elle n’est pas conforme : je n’ai même pas reçu de courrier venant du national sachant qu’il y a quand même un secrétaire national aux élections. Au niveau de la fédération, je n’ai même pas été convoqué à une commission d’éthique pour savoir ce qu’on me reprochait, pour pouvoir me défendre. C’est quand même grave.

Avez-vous eu des avertissements avant cette décision ?
Aucun.

Et mercredi soir, comment ça s’est passé ? Vous êtes quand même allé à la réunion ?
Je suis encore militant donc j’ai voulu y aller et j’ai demandé de m’exprimer. On est soit disant dans une démocratie. J’étais candidat à cette primaire et on m’a enlevé cette candidature et je voulais quand même m’exprimer devant les militants. J’ai demandé une minute. Hussein Bourgi m’a clairement dit : « Non, non. Tu n’as droit à rien. »

Apparemment les trois autres candidats étaient d’accord pour qu’on vous retire la possibilité de vous présenter…
Oui. J’espère qu’il n’y a pas un accord officieux entre eux.

Vous pensez qu’il y en a un ?
C’est bizarre quand même que les trois soient d’accord.

Peut-être sont-ils d’accord avec ce qu’on vous reproche…
Je n’ai pas attaqué Laurent Beaud. Delafosse, je ne l’ai pas attaqué. Moure, il y a quelques critiques mais quand quelqu’un prend une décision et qu’on est contre une décision, on est quand même en démocratie.

Il s’est passé autre chose dans la soirée ?
Il y avait des représentants d’association, de la communauté musulmane, harkie, gitane, etc., proches de moi, non adhérents au PS, qui n’ont pas pu rentrer.

Mustapha qui accompagne Azdine Douair lors de l’entretien ajoute : Hussein Bourgi a dit : « C’est pour les militants. » Tout le monde a été d’accord mais Nourredine Bougandoura, proche de M. Moure, a voulu faire rentrer le représentant de la mosquée, M. Tahri qui a refusé de rentrer parce qu’il n’était pas militant. Il a dit qu’il respectait la décision et qu’il restait à l’extérieur. Nourredine Bougandoura a aussi fait rentrer des amis à lui. Et il y a eu une altercation avec lui. Ils ont fait rentrer tous ceux qui sont proches de Moure et tous les autres, on ne les a pas fait rentrer.

Azdine Douair : des non-militants, proches de Moure, sont quand même rentrés.

« On refuse ma candidature
le jour du débat public
et le jour où on devait me remettre
le fichier des militants. »

Revenons à la primaire. Avez-vous obtenu le fichier des adhérents que la fédération avait dit qu’elle remettrait à chaque candidat ?
Non. Je devais l’avoir ce soir-là. Il y a quand même beaucoup de choses qui sont bizarres. On refuse ma candidature le jour du débat public et le jour où on devait me remettre le fichier des militants.

Quel intérêt aurait-il à ne pas vous donner le fichier ?
Je pourrais l’utiliser pour une liste dissidente ou pour…

Le risque existe aussi avec les autres candidats…
Oui. Autre possibilité : que j’aie la preuve que le fichier est trafiqué. A mon avis, il faut plus chercher de ce côté-là.

Voyez-vous une raison différente de la raison officielle à votre exclusion de la primaire ?
Ma candidature peut-être gênait parce que c’était une candidature de la diversité. Une candidature qui dénonçait tout haut ce que beaucoup de Montpelliérains pensent tout bas. Je pense qu’on avait peur que je fasse un score honorable. Je n’étais pas favori mais réaliser 10-15 %, c’est peut-être ça…

… 10-15 %, vous êtes optimiste…
Même 5 %. Certains candidats ont peut-être eu peur de cette déperdition de voix.

Lesquels ? Delafosse ? Moure ?
Quel était le candidat qui avait le plus à perdre ? Peut-être le candidat Moure.

« J’ai trouvé indigne, surtout venant
du directeur de campagne de M. Moure,
qu’il dise, devant la presse,
que les résultats sont faits. »

Vous avez relevé les déclarations de Patrick Vignal disant : « On compte et on recompte, nous avons passé des accords avec des secrétaires de sections, la victoire ne peut pas nous échapper. » (Midi Libre, 24/09) Qu’est-ce qui vous a choqué dans ces déclarations ?
J’ai trouvé indigne, surtout venant du directeur de campagne de M. Moure, qu’il dise, devant la presse, que les résultats sont faits, qu’ils ont compté les voix et qu’on sait que Moure va gagner. Et, encore plus scandaleux, que les secrétaires de section ont donné leur accord. Passer un accord, ça veut dire : appelez vos militants à appeler à voter pour Moure.

Mais ce n’est pas interdit par les statuts du PS…
Bien sûr mais faire passer un message en essayant de dire aux gens : « Ça ne sert à rien de voter pour un autre, regardez, Moure est sûr de gagner donc votez pour lui. » Elle est où la liberté du militant de s’exprimer ? De penser ?

Vous parlez de « clientélisme ». Pouvez-vous préciser ?
Le fait d’attribuer des logements sociaux en échange d’argent, des locations-accessions aussi. On me reproche de faire de la diffamation sur ça mais c’est la brigade financière qui a révélé cet énorme scandale. Midi Libre [lire ici et ici, soulignons qu’ACM a porté plainte dans cette affaire] a fait un énorme encart et on ne les a pas attaqués pour diffamation.

A priori, il n’y a aucun élu impliqué jusqu’à ce jour…
Je n’ai pas attaqué d’élu. J’attaque la gestion du bailleur social. Après, effectivement, le bailleur social est co-géré par l’agglo. Le président c’est Louis Pouget [vice-président de l’agglo]. Il y a une mauvaise gestion mais je n’ai pas attaqué M. Moure [président de l’agglo] en disant qu’il a pris dans les caisses. Je n’ai pas attaqué Mme Frêche [directrice d’ACM] en disant qu’elle a participé à cet énorme scandale. Je dénonce un système. Les critères d’attribution –je pense que c’est ça aussi qu’on me reproche – ce n’est pas Azedine Douair qui a révélé ce problème-là. C’est la Mission interministérielle [d’inspection] du logement social (Miilos) et d’ailleurs elle est venue une deuxième fois et elle est partie seulement il y a quelques semaines. [le rapport 2009 de la Miilos sur ACM est consultable ici, lire aussi Le rapport qui dérange sur la « ségrégation » des habitants de La Paillade].

Vous parlez de problèmes dans la gouvernance d’ACM. Que proposez-vous ?
Qu’ACM passe sous pavillon de la mairie. Et par rapport à tous ces problèmes révélés, changer la direction des ACM.

C’est-à-dire ?
La directrice, le président.

Vous parlez de « délabrement » des quartiers. Que voulez-vous dire ?
Des logements insalubres avec de l’humidité, de la moisissure,…

Dans quels quartiers ?
Montaubérou, Portaly. Dans des quartiers de La Paillade, aussi.

Mais il y a des rénovations en cours…
Au Petit-Bard, la fin de la rénovation était programmée pour 2014 alors qu’on n’en est même pas au tiers. Il y a aussi des rénovations cache-misère. A Paul Valéry, il y a des endroits où, au lieu d’enlever certains bardages, il y a pas mal de côtés où on a seulement repeint.

Vous parlez aussi de « dépenses fastueuses ». Vous pensez à quoi ?
Montpellier unlimited [la marque économique de l’agglo, lire ici], une campagne qui a coûté des millions d’euros et aujourd’hui on attend toujours les effets qu’avait promis le président de l’agglo c’est-à-dire des emplois créés, des créations d’entreprises. Elles sont moins nombreuses ces derniers mois.

Il y a peut-être la crise aussi…
Oui mais peut-être qu’on aurait dû investir pour faire venir des entreprises autrement qu’en communicant sur cette marque. Il y a surtout le chômage qui continue à augmenter à Montpellier.

On imagine que ce genre de campagne prend du temps pour produire ses effets, non ? Elle a été lancée il n’y a qu’un an…
C’est quand même beaucoup. Parfois des campagnes donnent des résultats au bout de quelques mois. Il y a aussi des projets qui ont coûté des centaines de millions d’euros, par exemple la maison des sports à côté d’Odysseum, Pierresvives qui a englouti 130 M€,…

Là ce n’est pas Moure ni Delafosse…
Oui mais je ne citais aucun élu. Je disais juste que nos dépenses publiques étaient mal gérées.

Vous appelez à un rajeunissement. Vous pensez que certains doivent passer la main ?
Quand je vois certains élus notamment de l’équipe de campagne de Moure, j’aimerais que ces gens-là disent à un moment donné : « Il est temps qu’on parte à la retraite et qu’on laisse la place aux jeunes. »

Pouvez-vous citer des exemples ?
Louis Pouget [68 ans], Serge Fleurence [77 ans], Bigas [65 ans], Bouillé [75 ans], Deloncle [66 ans], Claverie [71 ans].

« On a peur de faire effondrer un système »

Les questions dont on vient de parler (clientélisme, attribution de logement social, etc.) ne sont pas abordées par les autres candidats. Pourquoi selon vous ?
C’est parce qu’on a peur de faire effondrer un système à Montpellier. Tous ces élus – et même ces candidats – sont peut-être déjà à l’intérieur de ce système. Michaël Delafosse est adjoint à l’urbanisme. Moi, Azdine Douair, jeune qui arrive qui veut casser ce système, je pense que c’est ça aussi qui dérange.

Mustapha : plus les gens sont ghéttoïsés, plus ça leur sert. Le communautarisme les sert. Que ce soit celui de la communauté musulmane ou gitane. Ce n’est pas de leur intérêt de les aider.

« Pourquoi ils ont communautarisé les quartiers ?
Pour nous diviser pour mieux régner. »

C’est aussi votre avis ?
AD : Oui, bien sûr. Pourquoi ils ont communautarisé les quartiers ? Pour nous diviser pour mieux régner.

Qu’entendez-vous par « communautariser les quartiers » ?
Vous allez à la Pergola, les Cévennes, Paul Valéry, Bagatelle, ce sont des quartiers majoritairement de communauté maghrébine. Vous allez Cité Gély, Montaubérou, ce sont des quartiers majoritairement gitans. Fontcouverte et anciennement les Rauzes, c’est majoritairement Harkis.

Ce que disent souvent les élus, c’est que les habitants de ces quartiers veulent vivre ensemble…
Il y a eu des rénovations, anciennement Phobos. Les gens n’ont pas demandé à habiter Paul Valéry, Bagatelle et on les a parqués là-bas. Au Petit-Bard, il y a plein de gens qui demandent à être relogés et on le fait dans des quartiers fortement communautarisés. Pourquoi ces populations n’auraient pas le droit à Malbosc, à Ovalie, avenue de la mer, etc. On ne leur donne pas le choix. On ne veut pas mettre en place une politique de mixité sociale.

Vous étiez proche de Philippe Saurel à une époque. Qu’en est-il aujourd’hui ?
C’est quelqu’un que j’apprécie. Il a des valeurs que je partage. Il a des amis dans toutes les communautés. C’est quelqu’un qui veut se battre contre les injustices. Ce n’est pas un élu qui va vous dire : est-ce que tu as besoin d’un emploi, d’une subvention, d’un logement social ? Contrairement à des élus qui achètent cette élection, viennent faire du porte à porte dans les quartiers pour demander les voix aux habitants de ces quartiers en leur promettant des logements sociaux, des subventions, des marchés pour des entreprises locales. Il a retiré sa candidature par rapport au fichier qui, pour lui, était trafiqué. C’est pour ça que j’ai voulu être candidat parce qu’il n’allait rester que Jean-Pierre Moure et Laurent Beaud. C’était avant que Michaël Delafosse dépose sa candidature.

Il y a des gens qui pensent que vous étiez…
Oui un poisson pilote de Saurel.

Saurel avait intérêt, même s’il n’était pas candidat, à récupérer les fichiers…
Juridiquement, je n’avais pas le droit de lui passer.

En même temps ce serait improuvable…
Je peux dire aussi qu’il y a un accord entre Delafosse et Moure. Et que Delafosse se présente pour faire croire qu’il y a un débat public. D’ailleurs M. Moure a dit à Midi Libre qu’il avait participé à son projet.

Que pensez-vous de Mohamed Bouklit ?
On se retrouve sur certaines valeurs. On a un combat commun contre les injustices. J’aurais bien aimé qu’il se rapproche de moi par rapport à ma candidature qui exprimait clairement la volonté de représenter les communautés oubliées, de se battre pour elles sur le logement social,…

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
Seul lui le sait.

Vous attaquez beaucoup moins Michaël Delafosse que Jean-Pierre Moure. Ça veut dire que vous envisagez un rapprochement avec lui ?
Pour le moment, je m’occupe d’éclaircir le retrait de ma candidature. Après on verra.

Vous engagez un recours ?
Oui j’ai envoyé un recommandé à la commission nationale en demandant de revenir sur cette décision qui pour moi est contraire aux règles du Parti socialiste.

Et s’ils ne reviennent pas sur cette décision ?
On verra.

Vous n’excluez pas une action en justice ?
Non parce que ça ne sert à rien d’aller jusque-là.

Vous êtes sûr de ne pas soutenir Jean-Pierre Moure ?
Oui. Je lui reproche ses décisions autocratiques prises en tant que président d’agglo. Par exemple Veolia [en juillet Jean-Pierre Moure s’est prononcé pour la prolongation de 7 ans de la gestion privée de l’eau. Le choix du prestataire doit intervenir en 2014. [Lire ici]. Il dit qu’il veut être à l’écoute de tous les Montpelliérains. Ben ils voulaient une régie publique.

On n’en sait rien : il n’y a pas eu de sondage ou de référendum…
Justement il aurait pu faire un référendum. Il y a eu aussi la taxe CFE [lire ici]. Le passage du tram à l’intérieur du parc Montcalm [lire ici].

Moure et Delafosse sont d’accord sur ce dernier point…
Oui. Et Michaël Delafosse s’est abstenu sur Veolia mais sur un dossier aussi important que ça, c’est oui ou non. On ne peut pas dire je ne sais pas.

Un rapprochement avec un candidat comme Philippe Saurel s’il était dissident, vous l’envisagez ?
Pour le moment il n’a rien annoncé. Je n’ai pris aucune décision. Je suis encore militant du Parti socialiste. Si demain le PS m’exclue, j’aviserai.

À une époque, vous étiez proche de Jacques Domergue (UMP), non ?
J’ai travaillé pour lui en 2006. Je sortais du poste de chargé de communication du projet de rénovation urbaine du Petit-Bard où je m’étais investi très fortement et le dernier jour de ma période d’essai, on m’a remercié. Sachant qu’il y a des choses au GIE [Groupement d’intérêt économique, Sud Habitat] qui m’ont énormément déplu. Sachant que le député Domergue était celui de la circonscription du Petit-Bard, je lui ai proposé de travailler pour lui par rapport à ce problème-là pour dénoncer ce qui se passait.

Mais vous ne partagiez pas ses idées politiques ?
Je n’ai jamais pris la carte de l’UMP, je n’ai jamais adhéré à ses valeurs. Mon intérêt c’était qu’il utilise mes informations pour dénoncer les pratiques du GIE et les pratiques au Petit-Bard. J’ai été attaché parlementaire à mi-temps pendant seulement 3 mois.

Que vouliez-vous dénoncer à l’époque ?
La mauvaise gestion du GIE et la façon dont les habitants du Petit-Bard étaient traités : aucune considération, les problèmes de charges, les suroccupations des appartements. Et d’ailleurs le GIE a été liquidé. Mais M. Domergue n’a pas eu le courage d’aller… Peut-être avait-il peur d’une plainte pour diffamation.

Et il vous a dit pourquoi ?
Indirectement oui : il n’y avait pas réellement de preuves. Mais quelques années plus tard, il y a des preuves qui surgissent. Je dénonçais déjà certaines attributions de logements ACM. Aujourd’hui il y a des gens qui sont soupçonnés.

Propos recueillis le jeudi 3 octobre en face à face et le vendredi 4 par téléphone pour quelques compléments.

  • Le communiqué de presse de la fédération PS de l’Hérault diffusé le 2 octobre à 17h11 :
    « La Fédération Socialiste de l’Hérault informe que la commission nationale électorale du PS, compétente pour les communes de + 20.000 habitants, réunie ce mercredi 2 octobre à Paris, a considéré que la candidature d’Azedine Douair à l’investiture socialiste pour les élections municipales à Montpellier, n’était pas recevable.
    Cette instance avait été saisie par des militants socialistes heurtés par les propos offensants d’Azedine Douair, dans ses publications sur les réseaux sociaux comme dans ses déclarations et publications de campagne. La commission nationale électorale a constaté les manquements à l’obligation de loyauté à l’égard du PS et la multiplication de polémiques contre d’autres candidats, élus et militants socialistes. Et elle a donc conclu que cette candidature n’était plus recevable. Réunis en commission électorale, les autres candidats à l’investiture socialiste à Montpellier et/ou leurs représentants ont réagi à cette annonce : « Nous approuvons à l’unanimité la décision de la commission nationale électorale car les publications d’Azedine Douair contreviennent à la Déclaration de principes et à la Charte éthique du Parti Socialiste. Il nous appartient de préserver individuellement et collectivement la sérénité de nos débats et de nos travaux. »La Fédération Socialiste de l’Hérault se réserve le droit d’engager les poursuites judiciaires contre Monsieur Douair pour ses allégations. »
  • Montpellier journal a demandé à Hussein Bourgi de consulter les propos précis tenus notamment sur les réseaux sociaux qui ont donné suite à l’exclusion d’Azdine Douair de la primaire. Réponse du premier fédéral : « Je n’ai pas été destinataire des captures d’écran. Ni des attestations de militants sur ses déclarations lors des trois réunions de sections auxquelles il avait été convié. Certains militants se sont exclusivement adressés à Paris. Le plus grand nombre s’est adressé à la Fédération et Paris suite à la réception de la profession de foi. Donc ce document est celui qui a provoqué le plus de saisines. »
  • Autre conséquence de l’affaire : Judith Capelier, porte-parole de la fédération, membre de Militer autrement et Abdi ElKandoussi, président de la commission des conflits de la fédération, tous deux soutiens de Philippe Saurel, ont été exclus du secrétariat fédéral par Hussein Bourgi suite à la publication d’un texte. Ils y affirment qu’il n’y a « pas de sanction en cours à l’encontre » d’Azdine Douair et précisent : « La commission électorale, nationale ou fédérale, composée à la proportionnelle des motions, n’est en aucun cas une instance pouvant prendre des mesures disciplinaires. Il n’y a en son sein aucun représentant des candidats en tant que tels. Les seules instances pouvant prendre des mesures disciplinaires à l’encontre d’un camarade ou d’un candidat sont les commissions des conflits, nationales ou fédérales, selon le niveau de responsabilité du camarade mis en accusation. Ces instances obéissent au principe du contradictoire et aux règles internes du Parti. La décision est ratifiée par un vote de l’instance politique, conseil national ou fédéral. À ce jour, la commission des conflits de la fédération de l’Hérault du Parti socialiste n’a été saisie d’aucune procédure à l’encontre de l’un des quatre candidats déclarés au titre de premier des socialistes à Montpellier. »
  • Réponse d’Hussein Bourgi à ces arguments : « La décision de la commission électorale nationale n’est pas exclusive d’une saisine de la commission des conflits fédérale. Si des militants et/ou des élus la saisissent, elle sera amenée à statuer et à rendre une décision. Cette décision serait susceptible d’appel devant la commission nationale des conflits. Bref cela prend un certain temps (des semaines, voire des mois). Or il fallait faire cesser en urgence des infractions aux statuts du PS et notamment à la Charte éthique et la Déclaration de principes qui prohibent certains comportements. Donc la décision de la commission électorale nationale est distincte d’une éventuelle autre sanction (avertissement, exclusion …) qui pourrait être prononcée si la commission fédérale des conflits est saisie. Et pour éviter toute mauvaise interprétation, A. Douair n’est pas exclu du PS contrairement à ce qui a pu être écrit ou dit ici ou là. Il ne peut y avoir d’exclusion du parti sans saisine de la commission des conflits, principe du contradictoire, et possibilité d’appel. Pour l’irrecevabilité de la candidature, la possibilité de faire appel existe et je l’ai indiquée à A. Douair qui a écrit à Harlem Désir. Eu égard à la gravité des faits et à l’unanimité de la décision prise, je doute qu’elle ait beaucoup de chances d’aboutir. »
  • Par ailleurs, Hussein Bourgi a expliqué sur Twitter : « Je n’ai exclu personne. Je suis intraitable en matière de loyauté et de patriotisme de parti. Élémentaire, non ? » Ce à quoi Abdi El Kandoussi lui a répondu : « Ah bon, tu as voté Mandroux aux régionales ? #doublediscours » Aux régionales de 2010, Hélène Mandroux était la candidate officielle du PS contre Georges Frêche. Beaucoup de frêchistes, membres du PS, ont soutenu Georges Frêche contre Hélène Mandroux.

[Màj le 5/10 à 9h30 : ajout du fait que Judith Capelier est membre de Militer autrement suite à sa remarque sur Twitter. Et ajout de l'explication l'exclusion des deux militants donnée par Hussein Bourgi sur Twitter]

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3 commentaire(s)

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  1. Max said
    on 5 octobre 2013

    à 21 h 50 min

    Quel candidat a saisi la commission électorale de ce cas ? Les saisines ne sont possibles que pour les candidats et leurs représentants en revanche le Premier fédéral peut lui intervenir auprès de la commission. Le procédé, ainsi que la décision sont très rapides, les deux « procès » de Freche, comme la décision d’exclusion lors des Régionales avaient été plus « réfléchies », tout cela atteste l’hypothese d’un PS a au moins deux vitesses. Je reste persuadé que ce constat n’est pas du PS mais aux hommes qui le gouvernent.

  2. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 5 octobre 2013

    à 23 h 55 min

    Attendons que le PS fournisse les documents. S’il les fournit un jour.

  3. JCF said
    on 8 octobre 2013

    à 20 h 19 min

    Mais Monsieur Azdine Douair que faites vous dans ce parti ? Il renie tous ses engagements de campagne.
    Lorsque la droite vient au pouvoir, elle fait ce pourquoi elle est élue. Lorsque le P.S. arrive il renie ses
    engagements et appauvrit les gens d’en bas. Face au retournement du PS, qui fait une politique néo-libérale,
    33% des électeurs se déplacent pour voter à Brignolles et aucune force politique, excepté le FN ne s’interroge
    sur cet abandon des urnes, est-ce à 10% de votants qu’ils comprendront qu’ils ont tué la démocratie ?
    Les turpitudes locales, élus devant les tribunaux, clientélisme, élus cumulards s’accrochant à leur mandat
    depuis des années, politique de délégation des services publics au privé ( Transport, eau, gardiennage, crèche etc. ),
    pensez vous que les électeurs ne soient pas lassés de tels procédés ?
    Lorsque Monsieur Mourre se voit soutenu par le capital local ( Nicollin, Altrad, Salerno etc.) les imposés à l’ISF vont
    se reconnaître dans ce candidat qui siphonnera des voix de droite et ainsi la ville restera encore dans le giron de
    ceux qui l’ont menée où elle en est impôts, chômage, mécontentement populaire unlimited.
    Quand en 2002 Monsieur Jospin déclare mon  » programme n’est pas socialiste  »
    Monsieur Douair, non encarté je partage en grande partie votre analyse et fais confiance à la liste en cours
    d’élaboration où se retrouvent la gauche qui n’est pas celle des faux semblants et que je souhaite vivement
    présente au 2nd tour des municipales pour régénérer la démocratie locale bien mal en point.