Ce sont les deux hypothèses qu’a émises Michel Julier concernant l’inaction de la ville face aux immenses affiches illégales sur la façade de l’immeuble de l’hebdomadaire, place de la Comédie. Montpellier journal a recueilli les réactions des candidats aux municipales du NPA au Front national en passant par le PS, le Modem, l’UDI et l’UMP : Félix Allary, Anne Brissaud, Jacques Domergue, Martine Granier, France Jamet, Roger Moncharmont, Muriel Ressiguier, Philippe Saurel et Francis Viguié. Seul Mustapha Majdoul (EELV) n’a pas donné suite.
C’est comme un immense bras d’honneur. La Gazette continue d’enfreindre la réglementation locale et nationale sur la publicité (lire le commentaire de Michel Julier, membre de l’association Agir pour les paysages). La semaine dernière elle a déployé sur la façade de son immeuble une immense affiche publicitaire d’environ 6 mètres sur 4 (photo ci-dessus). Qui est venue après celle de fin septembre (lire : La Gazette de Montpellier se moquerait-elle du préfet, du procureur et du maire ?). Et cela dure depuis plus de 6 ans. Quelques échantillons (diaporama très loin d’être exhaustif) :
Michel Julier a saisi la mairie de ce problème en novembre 2012. Et aujourd’hui, après avoir décrit en quoi ces publicités sont illégales, il écrit : « Reste la question de l’inaction de la mairie (qui devrait normalement faire enlever l’affiche d’office et saisir le procureur), et qui ne fait rien d’efficace. À quoi est-ce dû ? L’hypothèse du manque d’effectif étant exclue, il reste celle de l’incompétence et celle du trafic d’influence (un genre de corruption). »
Le trafic d’influence est difficile à prouver mais s’il était établi que un ou des élus tirent des avantages de l’inaction de la mairie – par exemple avec des articles favorables ou l’absence d’articles défavorables dans La Gazette ou simplement la promesse de tels articles – le « trafic d’influence » pourrait effectivement être évoqué. Et cela pourrait également toucher les fonctionnaires concernés et en particulier le premier d’entre eux, Jules Nyssen (lire l’article 433-1 du code pénal).
Montpellier journal a envoyé un mail le 1er octobre à Jules Nyssen, le directeur général des services de la ville de Montpellier lui demandant : « Y aurait-il une application de la loi pour les faibles et une autre pour les puissants ? Avez-vous une autre explication ? » Pas de réponse. On le contacte par téléphone aujourd’hui pour lui demander ce que fait la mairie. Réponse : « Je ne sais pas, il faut que je vérifie. » La mairie a-t-elle transmis au procureur ? « Je ne sais pas, il faut que je vérifie. »
Du côté des candidats à l’élection municipale à Montpellier (quand il y a alliance sans tête de liste, plusieurs personnes ont été sollicitées), la réaction est quasi unanime : la loi doit être appliquée.
Félix Allary (Modem) : « Il n’y a pas de presse d’opposition sur Montpellier. Quand il y en aura une, peut-être que les abus cesseront. La Gazette et Midi Libre ne m’appellent pas parce qu’ils sont inféodés totalement à la mairie donc ça ne m’étonne guère. »
Anne Brissaud (UDI) : « Les règles doivent être les mêmes pour tout le monde et elles doivent être respectées par tout le monde. »
Jacques Domergue (UMP) : « Je crois qu’il y a de la tolérance. Eux ils sont en campagne en permanence. Je m’étais renseigné, quand j’avais loué l’immeuble juste à côté, pour savoir si on pouvait mettre une affiche puisque j’avais mis mon nom pour la campagne. Je n’avais pas eu de réponse très nette. Finalement on avait affiché et personne ne nous avait rien dit pendant trois mois. Eux, c’est chronique. […] Ils sont socialistes : faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais. C’est typiquement l’attitude d’un journal engagé socialiste. »
France Jamet (FN) : « Je n’ai pas vu mais tel que vous me le décrivez, s’il s’agit bien de publicité, ils doivent être soumis aux mêmes conditions que l’affichage Giraudy, Clear chanel, etc. Je n’abonde pas. Effectivement, si le centre est classé – même si parfois on voit des conditions qui pourraient paraître excessives notamment pour certains commerces parce qu’il faut aussi laisser la possibilité aux commerçants de travailler – ça me paraît exagéré comme moyen. […] Faire de la pub sur la place de la Comédie, je n’approuve pas. Mais je ne voudrais pas qu’ils aient l’impression que ce soit une affaire personnelle parce qu’ils ne m’ont jamais fait de cadeaux. »
Roger Moncharmont (PCF) : « Je n’ai pas vu ça. Je n’ai aucune opinion là-dessus. »
Muriel Ressiguier (Parti de gauche) : « Je suis pour l’application de la loi dans ces cas-là. Comment peut-on faire de la pub illégale pendant un certain temps sans que personne ne réagisse ? »
Philippe Saurel (PS) : « Il y a un règlement à l’intérieur du centre historique et du secteur sauvegardé et il doit être respecté par tous les citoyens. S’il y a des entorses au règlement, elles doivent être sanctionnées. Mais elles ne peuvent être instruites que s’il y a une plainte à la mairie. Quand la mairie est saisie d’un dossier, elle se doit de l’instruire. Parce que si elle ne l’instruit pas, c’est elle qui est comptable du préjudice. Comme on l’a vu plus haut, la mairie a été saisie en novembre 2012 par Michel Julier.
Francis Viguié (Gauche anticapitaliste) : « C’est quand même plutôt étonnant : ce n’est pas l’endroit le plus discret et le moins passant de Montpellier. Le fait qu’ils s’autorisent ça sur la place de la Comédie est un signe. Si c’étaient des publicités Mc Donalds, etc. je ne pense pas qu’on considérerait ça normal donc il n’y a aucune raison qu’il y ait un passe droit. […] Si les publicités sur les façades continuent, je suppose qu’on n’a pas dû beaucoup les rappeler à l’ordre. Je vois que sur des choses illégales sur le cour Gambetta, il y a quatre à cinq policiers en permanence pour vérifier qu’il n’y ait pas de ventes sauvages. Pour La Gazette, je vois qu’il n’y a pas de décision de même nature alors que c’est quand même la place centrale de Montpellier. Si tout le monde, parce qu’il est sur cette place, met sur les façades des panneaux publicitaires comme ça, la place serait totalement défigurée. »
Sollicités directement sur leurs portables, Martine Granier (NPA) et Mustapha Majdoul (EELV) n’ont, pour l’instant, pas donné suite. Idem pour le directeur de cabinet d’Hélène Mandroux, maire de Montpellier. Joseph Francis (UDI) a demandé du temps pour se renseigner avant de réagir. Sa réaction sera publiée dans cet article quand elle nous parviendra.
[Màj le 18/10 à 8h50 : La Gazette a retiré sa publicité le lendemain matin de la publication de cet article (lire ici). La réaction de Martine Granier (NPA) nous est parvenue le 16/10. Nous ne l'ajoutons qu'aujourd'hui en raison de problèmes informatiques : "On est plus rapide à déloger des gens qui n'ont pas de logement au Petit Bard, déloger des Somaliens, démanteler des camps de Roms que faire appliquer la réglementation vis à vis de La Gazette."]
[Màj le 21/06/2014 à 12h30 : La Gazette a récidivé au moins depuis le 20 juin. Pour profiter du monde attiré par la fête de la musique sur la place de la Comédie retransmise par France 2 ?
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Un commentaire
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à 23 h 20 min
Je tiens quand même à préciser qu’il y a une grande différence dans les textes, que personne ne semble avoir saisie, entre une «enseigne» (qui indique l’activité qui se tient à un endroit, et est soumise à diverses règles), et une «publicité» (tout autre message), qui est interdite en secteur sauvegardé, c’est-à-dire pour Montpellier dans l’Écusson jusqu’à la gare, à St-Charles et vers le Peyrou.
Les affiches habituelles de la Gazette sont des pubs. La dernière, c’est une enseigne. Elle est quand même illégale, puisqu’elle recouvre les fenêtres, et non règlementaire puisqu’elle est bien trop grande. Illégal (violer une loi), c’est plus grave que non règlementaire (violer un règlement).
Quand Domergue dit qu’il a mis une «publicité» sur son local de campagne, il se trompe donc (comme les autres) : il s’agissait d’une «enseigne», il avait bien le droit d’en installer une sur le balcon de son local de campagne, et je pense même que la forme était à peu près règlementaire. La loi lui demandait juste de demander l’autorisation de la mairie (parce que c’est un secteur sauvegardé), qui n’aurait eu aucune raison valable pour refuser, et moins encore dans le cadre d’une campagne électorale. Ça n’a rien à voir avec les pubs de la Gazette, qui sont grossièrement illégales.
Textes de référence:
* lois: Code de l’Environnement, L581-… (voir Légifrance)
* règlements nationaux: idem, R581-…
* règlement local et classement en secteur sauvegardé: théoriquement à la mairie, mais en pratique sur http://mjulier.free.fr/pub/#montpellier