Le géographe Georges Roques replace la capitale régionale dans une vision plus large que le seul classement des villes. Autres sujets de la revue de presse : Jacques Domergue veut augmenter très significativement le nombre de caméras de vidéosurveillance. Des habitants de quartiers populaires réclament des emplois. Christian Bourquin, définitivement condamné, veut « limiter les pouvoirs de la justice et les contrôler ». L’UMP et le PS, assez proches sur les sujets économiques et sociaux, s’affrontent sur un sujet sociétal (l’IVG). La ville 30 ne présenterait quasiment que des avantages, selon Marc Letourneur, ancien directeur de Tam. Etc.
Social
- Le 23 janvier, plusieurs dizaines d’habitants du Petit-Bard, de la Pergola, de la Paillade, en attente d’emplois, ont symboliquement bloqué l’accès la Cellule emplois-grands travaux, situé au sud d’Odysseum, près du lycée Mendès France. Ils étaient soutenus par le Collectif Petit-Bard Pergola (Génération taekwondo, Mouvement citoyen, Académie d’excellence Futsal, Justice pour le Petit-Bard).
Un document de deux pages, titré « Emplois : Nous n’en pouvons plus, nous (en) voulons + », précisent leur analyse et leur revendications. Ils rappellent qu’il y a environ 40 % de chômage chez les jeunes dans les quartiers populaires, ils pointent notamment « l’échec de l’État et des collectivités locales » sur l’emploi, parlent de « dispositifs publics, inefficaces et coûteux » (Mission locale), disent n’en plus pouvoir « de l’autosatisfaction, de l’indifférence insultantes des élus de tous les bords politiques, au prétexte que cela touche avant tout les Montpelliérains des quartiers populaires », appellent « à une mobilisation d’ampleur et collective », demandent « un engagement précis sur des créations d’emplois immédiates » et « des engagements clairs contre les discriminations et le clientélisme ».
Aucun élu, on s’en doute, ne s’est précipité. C’est Christian Fina, le directeur général des services de l’agglomération de Montpellier (présidée par Jean-Pierre Moure (PS)), qui a été envoyé au front. Il aurait promis que « toutes les semaines, deux habitants du Collectif feront un point avec cet organisme, sur les embauches ». L’occupation a été levée quelques heures plus tard.
Économie
- Dans Midi Libre (21/01), le géographe Georges Roques, rappelle un point que l’on a tendance à oublier. Montpellier est certes la huitième ville de France « mais la seizième agglomération ». De quoi relativiser le poids de l’entité. Les chiffres Insee des unités urbaines montrent, dans un tableau dressé par Wikipedia, que sont notamment plus peuplées celles de Lille, Bordeaux, Toulon, Douai-Lens, Grenoble, Rouen et Avignon. Montpellier « surdouée » mais pas trop quand même.
Politique
- « Vivement le temps de la cassation avec de vrais juges du droit des marchés publics car c’est une bagarre de droit administratif qui se joue. » C’est ce qu’écrivait Christian Bourquin, le président de la région Languedoc–Roussillon, dans un communiqué de presse diffusé le 30 octobre après l’annonce de sa condamnation en appel à deux mois de prison avec sursis pour favoritisme dans l’affaire Synthèse, ancien nom de l’agence de communication de Pascal Provencel, lui aussi condamné. Et puis la décision des « vrais juges » est tombée : elle a rejeté le 23 janvier le pourvoi de Christian Bourquin. La décision de la cour d’appel de Bordeaux est donc définitive. Mais elle ne satisfait toujours pas Christian Bourquin qui déclare le 24 janvier : « Je ne vais pas en rigoler, je respecte le truc. Vous savez ce que je pense de la justice ? Regardez mes actions au Sénat et vous verrez qu’il faut quand même limiter les pouvoirs de la justice et les contrôler. » (France 3 Languedoc-Roussillon, 24/01)
- En 2010, Christian Bourquin avait également été condamné par la cour d’appel d’Aix en Provence dans une affaire de faux et de minoration de comptes de campagne (lire : Le jugement de la cour d’appel d’Aix démontre que Christian Bourquin a menti). Il cumule également son poste de président de région avec celui de sénateur, contrairement à ce que prévoient les statuts du PS (lire : Cumul : Christian Bourquin s’assoit sur le vote des militants socialistes).
- Le 8 janvier, le même Christian Bourquin avait – ce qui apparaît aujourd’hui comme un cadeau empoisonné – apporté son soutien à Jean-Pierre Moure, candidat PS à la mairie de Montpellier (L’Hérault du jour, 8/01). Ce dernier relaye même fièrement l’information sur son site. Ajoutons que Jean-Pierre Moure est également soutenu – mais moins publiquement – par Robert Navarro, toujours exclu du PS mais dont les troupes – et en premier Laurent Pradeille ou Simon de Charentenay – ont largement contribué à sa victoire à la primaire socialiste, en octobre dernier. Robert Navarro, ainsi que son épouse Dominique, sont toujours mis en examen dans une affaire qui les oppose au parti socialiste. Elle est à l’instruction depuis bientôt trois ans (lire : Tous les détails sur l’affaire qui secoue le PS de l’Hérault après la mise en examen de Dominique Navarro).
- « Nous sommes 15 [magistrats] aujourd’hui, il en manque 4. […] Ce n’est pas pour le plaisir de se lamenter mais nous nous comparons à des villes comparables par exemple Strasbourg où il y a 19 magistrats pour une activité qui est moindre. » Christophe Barret, procureur de la République de Montpellier (France bleu Hérault, 20/01, vers 1’50 »).
- Philippe Saurel déclare sur Twitter (24/01) : « La trop grande promiscuité des milieux économiques et politiques affaiblit le pouvoir de décision municipal. » On attend maintenant les conséquences programmatiques d’une telle déclaration.
- Marc Dufour, élu Modem à Montpellier, indique à La Gazette (16/01) qu’il souhaite être sur la liste de Jean-Pierre Moure (PS) comme « Modem indépendant ». On connaissait les communistes indépendants, les dissidents, les divers droite ou divers gauche mais des candidats qui se réclament d’un parti tout en se disant « indépendants », il fallait y penser. Quelques jours plus tard, Hadj Madani, « patron » du Modem dans l’Hérault, clarifie la situation (Midi Libre, 24/01) : « Le Modem est partie prenante dans l’alliance avec l’UDI et l’UMP sur la liste conduite par Jacques Domergue. C’est tout et ça s’arrête là ! […] Marc Dufour, Frédéric Tsitsonis et Michel Aslanian peuvent faire ce qu’ils veulent et partir avec qui ils veulent, seulement ils n’auront jamais l’investiture Modem. Ils sont aujourd’hui adhérents, car leurs cartes sont à jour, mais ils ne peuvent nullement porter l’étiquette Modem durant la campagne. Au mieux, ils peuvent se revendiquer centristes. »
- Joseph Francis, désormais candidat (dissident?) aux municipales à Montpellier, « a choisi l’UDI, via l’une de ses composantes, la FED, la Force européenne démocrate lancée en 2012 par Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy. A la FED, Francis n’a pas débarqué seul. Il est arrivé avec un bon millier de fidèles, le tiers des effectifs nationaux de la FED et, dans l’Hérault , 70% des encartés de l’UDI. Le 12 octobre 2013, il ne lui a pas été trop difficile de se faire élire à la présidence de l’UDI départementale, au grand dam des notables du Parti radical et du Nouveau centre, submergés par les bataillons de Francis. » (lexpress.fr, 22/01)
- Jean-Pierre Moure (PS) attaque Jacques Domergue (UMP) sur l’IVG. Ce dernier avait déclaré : « Les lignes de démarcation gauche/droite disparaissent. » (L’Hérault du Jour, 17/01). Le candidat UMP et un de ses collaborateurs répliquent sur le site du candidat et sur Twitter. Hussein Bourgi, secrétaire de la fédération PS de l’Hérault – et par ailleurs (un hasard ?) militant très actif sur les questions sociétales – s’en mêle. Une illustration des propos de Jean-Claude Michéa sur l’instrumentalisation par le PS des revendications sociétales pour se différencier de l’UMP avec laquelle il serait quasiment d’accord sur les questions sociales et économiques ?
Dans Les mystères de la gauche (Climats, 2013, 132 pages, 14 €), le philosophe montpelliérain écrit en effet : « Il faudra enfin cesser de les utiliser [les revendications « sociétales »] comme le masque politique privilégié sous lequel la gauche moderne entend désormais dissimuler sa conversion intégrale à l’économie de marché (comme si, en d’autres termes, la volonté d’abandonner ceux qui produisent la richesse collective au bon vouloir des prédateurs de la finance mondiale pouvait être « compensée » par le fait qu’ils pourront, en échange, fumer librement du cannabis devant les portes de ‘Pôle emploi ‘.» (Lire aussi : Michéa : « Jamais les nuisances du système capitaliste n’ont été aussi claires ») Sur un thème voisin, on pourra également lire « Le temps des jacqueries » (Le Monde diplomatique, janvier 2014) ou écouter Serge Halimi, l’auteur de l’article, dans l’émission Là bas si j’y suis sur France inter (13/01, de 3/12 à 5/12). - Lors de l’inauguration du local de campagne du Front de gauche, situé tout en bas de la rue de Maguelone, parmi la grosse centaine de personnes présentes, il y avait les militants habituels du PG, du PCF et d’Ensemble (GA, Fase, etc.). Mais il y avait aussi notamment Frédéric Alart, ancien directeur de l’agence de communication montpelliéraine d’Anatome, Jean Kouchner, ancien conseiller d’Hélène Mandroux, Philippe Thinès, conseiller municipal PRG et Marc Letourneur, ancien patron de Tam. Il a pu croiser Bruno Gagne de la CGT Montpellier, syndicat avec lequel l’ancien directeur croisait le fer quand il était en activité.
- Accrochée au balcon du local du Front de gauche, on peut voir une banderole mais qui semble plus conforme au règlement sur la publicité que celle de Jacques Domergue (UMP). Ajoutons que le mandataire financier de la liste Front de gauche a indiqué à Montpellier journal avoir demandé l’autorisation à la mairie (« au 3e étage » de l’hôtel de ville) et qu’on lui aurait dit qu’il n’y en avait pas besoin puisque c’était « autorisé ». Le règlement dit autre chose (article 5) mais après le laisser faire de la mairie concernant la banderole de Jacques Domergue, on voyait mal la collectivité sévir maintenant. Prochaine étape : une banderole sur le balcon de la permanence de Jean-Pierre Moure ?
Environnement
- Marc Letourneur, encore lui, a réalisé le 16 janvier, lors d’une conférence-débat organisée par le Collectif Montpellier ville 30, une présentation intitulée « Montpellier à 30 km/h, un rêve passéiste ou une voie d’avenir pour une ville à taille humaine ? » Il indique notamment qu’un piéton heurté à 50 km/h décède dans 45 % des cas contre 5 % à 30 km/h. Avec la ville 30, la perte de temps moyenne serait de « 1 à 2 min sur un parcours de 15/20 min » et prédit « ni plus ni moins d’embouteillages à Montpellier après qu’avant ». Et de préciser : « Passer une ville entière à 30 km/h avec des axes de transit à 50 km/h coûtera beaucoup moins cher que de multiplier au coup par coup les ralentisseurs avec les panneaux indispensables ou de créer pas à pas des zones 30 de petites dimensions qui demandent toute une série de panneaux et d’aménagements au sol. » On attend maintenant de voir ce que les candidats aux municipales à Montpellier en pensent… Dans l’accord PS/EELV, il ne s’agit que de généraliser les zones 30. De plus aucun calendrier n’y est indiqué.
- C’est une pétition qui pourrait plaire aux piétons et aux cyclistes qui ont déjà circulé dans la rue Saint-Louis (celle qui relie Arceaux au bas de l’avenue de Lodève) : le texte demande aux candidats aux municipales de « sécuriser » l’artère : « Nous sommes conscients que les solutions possibles – élargissement d’un ou des deux trottoirs, réduction du trafic automobile à une seule voie, création d’une piste cyclable, mise en zone piétonne ou semi-piétonne avec détournement du trafic…– sont conséquentes, ne prêtent pas à l’improvisation et doivent s’intégrer dans le Plan de déplacement urbain avec comme priorités équivalentes : la sécurité pédestre et cycliste ainsi que la fluidité du trafic. »
Sécuritaire
- Lors de la présentation de ses propositions en matière de sécurité, Jacques Domergue, le candidat UMP-UDI-Modem, déclare qu’il veut augmenter le nombre de caméras de vidéosurveillance à Montpellier – dont l’efficacité reste toujours à prouver ici comme ailleurs, voir ci-dessous – afin d’obtenir partout sur le territoire le même taux de couverture qu’en centre ville. Au vu de la carte des caméras établie par la ville, on imagine que le coût d’une telle promesse est très loin d’être négligeable. Mais le candidat n’a pas été très précis sur ce plan. Quant au nombre de caméras, il devrait au moins doubler.
Montpellier journal a demandé le document complet présenté lors de cette conférence de presse mais n’a, pour l’instant, rien reçu et n’a rien trouvé sur le site du candidat. Il y a été également question de doubler les effectifs de la police municipale et d’augmenter les véhicules par « redistribution » des ressources. Félix Allary (Modem), « mon futur adjoint à la sécurité » dixit Jacques Domergue, a notamment prévu de faire prendre le tram aux élus afin que leurs voitures soient réutilisées. Et ainsi leur permettre d’être plus proches du quotidien des Montpelliérains. - « Pour une évaluation (vraiment) scientifique de la vidéosurveillance » (Laurent Mucchielli, sociologue, 17/01)
Sport business
- « Je ne pars pas du club. Je suis toujours au conseil d’administration. Je me suis juste retiré de la gérance. C’est une décision personnelle », lâche Bernard Eugster, un des trois fondateurs du MAHB, le club de hand de Montpellier (L’Hérault du jour, 22/01).
- Roland Courbis « a mis en garde son vestiaire ‘contre les fouille-merde’ » (L’Équipe, 18/01 cité par La Gazette, 23/01). On ne sait si l’entraîneur du MHSC que « fouille-merde » peut-être pris comme un compliment par un journaliste comme Montpellier journal l’avait dit à Georges Frêche en 2009. En effet, le terme vient de l’américain « muckraker » qui a fini par désigner les journalistes d’investigation qui mettent en lumière les dysfonctionnements des pouvoirs politiques et économiques. Voir la définition de Wikipedia (en anglais).
Médias
- « ‘Entre 18 % et 25 % au premier tour’. » (Midi Libre, 24/01) « Jamet y croît dur comme fer. » (Direct Matin, 24/01) Comme me le faisait remarquer une consœur de gauche, la tête de liste Front national aux municipales de Montpellier ne pourra pas se plaindre des titres des journaux du groupe Midi Libre relatant sa conférence de presse du 23 janvier. Et on pourrait également mentionner la photo de Direct matin qui montre France Jamet avec son chien couché à ses pieds. Touchant.
- « Jean-Pierre Moure, soixante-quatre ans, a réussi à rassembler. Dès le 1er tour, sa liste d’union de gauche englobe EELV, le PCF et Marc Dufour, chef de file local du Modem et président de la SNCM. » (Les Echos, 24/01) Dire que la liste de Jean-Pierre Moure « englobe le PCF », il fallait oser. Tout au plus englobe-t-elle des élus PCF. Ajouter que Marc Dufour sera sur la liste est aussi présomptueux. Tout au plus peut-on dire qu’il souhaite y être. Dire qu’il est « chef de file local du Modem », est plus que douteux. Il est plus sûrement président du groupe Modem au conseil municipal.
► Lire aussi : toutes les précédentes revues de presse de Montpellier journal (en accès libre, sauf les deux dernières)
4 commentaire(s)
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à 23 h 42 min
Montpellier journal peut-il préciser à quel niveau d’insinuation il se rabaisse lorsqu’il croit nécessaire de rajouter entre parenthèse la fielleuse mention « un hasard ? » au moment de constater l’investissement d’Hussein Bourghi dans les questions sociétales. Laissez à l’extrême-droite rance, et à d’autre publication montpelliéraine cette fantasmatique du « Ils sont partout ».
à 11 h 15 min
Je crains que vous ne voyez le mal « partout ». Vous semblez réduire Hussein Bourgi à sa fonction de président du Collectif contre l’homophobie mais vous oubliez qu’il est aussi très engagé sur la défense des droits des femmes. Les échanges sur l’IVG que j’évoque en sont la preuve. De plus, Hussein Bourgi, notamment sur les réseaux sociaux, intervient beaucoup plus sur les sujets sociétaux (homophobie, racisme, droit des femmes, etc) que sur les sujets socio-économiques. C’est bien là que se situe le débat et pas sur d’imaginaires propos homophobes de Montpellier journal. Il me paraît d’ailleurs intéressant de constater qu’alors que je tente justement de sortir des sujets sociétaux, vous m’y ramenez.
Mais je veux bien admettre que la formulation pouvait être mal interprétée et je vous remercie de me donner l’opportunité de préciser ce que signifie ce « un hasard ? ». La question que je posais, c’était : est-un hasard, alors qu’aujourd’hui le PS est très en pointe sur les questions sociétales, que la fédération de l’Hérault ait justement élu un premier secrétaire qui est très actif sur ces questions ? Autre façon de le dire : l’élection d’un premier fédéral ayant le profil politique d’Hussein Bourgi n’est-elle pas un symptôme de ce qu’est devenu le PS ?
à 20 h 35 min
« ait justement élu »…
puisqu’on en est à pinailler…
à 8 h 32 min
Oups… Merci, c’est corrigé.