Midi Libre et L’Agglorieuse ont donné de nombreux détails sur l’affaire de fraude présumée à la Chambre de commerce et d’industrie de Montpellier présidée par Gabrielle Deloncle. En particulier les noms des mis en examen. Pas celui d’un policier qui subit le même sort pour des motifs différents. Les susceptibilités des sources policières ont-elles été ménagées ?
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Donner ou pas les noms des personnes mises en cause dans une procédure judiciaire. Telle est la question que se pose (parfois) les journalistes. Montpellier journal n’a pas de religion sur ce point et décide au cas par cas. On ne sait si Midi Libre ou L’Agglorieuse en ont une mais on peut s’étonner que dans l’affaire de fraude présumée à la CCI de Montpellier, aucun de ces deux médias n’a donné le nom d’un policier mis en examen pour « violation du secret professionnel » c’est-à-dire pour avoir « informé son camp [celui de Gabrielle Deloncle] de l’enquête sur la fraude à la CCI ». Le capitaine a été placé « sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer sa profession de policier » (Midi Libre, 14/05).
« Décrit comme un grand professionnel »
Le quotidien régional a pourtant donné les 15 noms et professions des mis en examen dans l’affaire. Mais pour le policier ni nom, ni prénom. Quant à L’Agglorieuse, elle n’a pas donné tous les noms des mis en examen mais en a quand même donné sept. Et aussi celui d’un gardé à vue mais finalement non mis en examen. Dans les deux cas, ces deux journaux ont pourtant consacré une place non négligeable aux faits reprochés au policier qui a été gardé à vue pendant 48 heures. Si Midi Libre est relativement neutre dans son traitement, L’Agglorieuse, qui donne le prénom et l’initiale du nom du policier, écrit : « Décrit comme un grand professionnel, ce capitaine, adhérent au syndicat Alliance-Synergie classé à droite, nie farouchement cette accusation. «Il l’a vigoureusement contestée en garde à vue, devant les policiers de l’Inspection générale et chez les juges d’instruction », confirme son avocate, Iris Christol. Aussi, le policier vit-il très mal sa mise en examen pour « violation du secret professionnel » et son interdiction d’exercer ses fonctions jusqu’à nouvel ordre, ordonné par les deux juges d’instruction. » Donc le « grand professionnel » vit « très mal sa mise en examen » nous dit l’hebdo.
Pourquoi L’Agglorieuse n’a pas cité le nom du policier ? « Je n’ai pas de réponse à cette question, répond Tristan Cuche, directeur de la publication de l’hebdomadaire. Mais ce n’est pas le genre de la maison de bloquer des infos quand on en a. » Sauf exception, visiblement. Du côté de Midi Libre, Yannick Povillon, adjoint au chef de la locale de Montpellier, explique que le nom n’a pas été publié « parce que ça n’a rien à voir avec les membres qui ont travaillé sur la liste de la CCI, ce n’est pas lié à la fraude présumée. » Est-ce à dire que Midi Libre fait une hiérarchie entre les mis en examen ? « Oui, c’est vrai. C’est un choix qu’on a fait. Mais ce n’est pas pour protéger. Ce n’est pas parce qu’il est flic. » La Gazette de Montpellier a également publié la liste exhaustive des mis en examen mais, elle, avec le nom du policier et a consacré à son cas, comme Midi Libre, un encadré.
À ne pas confondre avec protéger ses sources
La non citation du nom du policier par Midi Libre et L’Agglorieuse pose néanmoins la question d’une pratique consistant à ménager ses sources. Mais aussi la question de jusqu’où doivent-elles être ménagées – à ne pas confondre avec les protéger ? Il est évident que les médias en pointe sur cette affaire, comme sur d’autres, ont des sources policières et judiciaires leur permettant d’avoir des informations sur l’avancement de la procédure pourtant couverte par le secret de l’instruction. Pourquoi pas. Mais quelle contrepartie espèrent-elles ? Aucune ? Peut-être. Des services consistant, par exemple, à médiatiser de « belles affaires », terme utilisé par la police pour désigner des opérations où elle pense avoir réalisé du bon travail, une grosse saisie de drogue, par exemple ? Ou des articles faisant la promotion des forces de l’ordre ? Peut-être aussi. Lire par exemple Midi Libre invité par la police ou Nos journaux gâtent les flics. Dans ce dernier article, Montpellier journal fait référence à une double page de La Gazette signée Jean-Marc Aubert, qui rédige aujourd’hui les papiers « Faits divers » dans L’Agglorieuse. Le traitement différencié du cas du policier dans l’affaire de la CCI ne peut qu’entretenir le doute car ce genre de pratique peut être perçu comme un message envoyé à tous les policiers leur disant : « Vous me donnez des infos et je vous remercie en étant plus gentil avec l’un des vôtres qu’avec des mis en examen ordinaires. »
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