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Le Mercredi 2 septembre 2009 à 17:29

"Nous sommes au bord du précipice et nous allons faire un pas en avant"


Pierre Rabhi est agriculteur et écrivain. Il a été candidat à l’élection présidentielle française en 2002. Son programme mettait notamment en avant la décroissance soutenable et appelait à « l’insurrection des consciences ». Il était invité jeudi au Corum par la Société anthroposophique pour une conférence intitulée : « En mouvement pour la terre et l’humanisme ». En cette rentrée scolaire où la tentation est grande de remettre la tête dans le guidon, Montpellier journal a pensé qu’il n’était peut-être pas inutile de porter à la connaissance de ses lecteurs, le contenu de cette conférence.

Pierre Rabhi au Corum de Montpellier, le 27 août 2009 (photo : Mj)Il est, en effet, facile d’établir des liens entre l’histoire de l’Humanité, ses transgressions et ses dérives, brossée par le conférencier devant 150 personnes et des sujets locaux comme la croissance urbaine, le doublement de l’A9, Velomagg’, le tramway, Agrexco, Odysseum, les déchets, la publicité, etc.

Pierre Rabhi préside l’association Colibris qui tire son nom d’une légende amérindienne :
« Un jour,
dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit :
« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit :
« Je le sais, mais je fais ma part. »« 

L’article qui suit peut se lire et s’écouter en partie. Le son intégral est à la fin. Après l’état des lieux, une deuxième partie traitera des « utopies d’aujourd’hui qui sont les solutions de demain ».

« Nous sommes plus que jamais sommés de changer
pour ne pas disparaître »

« La planétarisation de tous les problèmes » ou pourquoi « nous sommes plus que jamais sommés de changer pour ne pas disparaître. »
Écouter le son (1 min) :

« Sur une échelle de 24h, l’être humain est sur la terre depuis 2 minutes. [...] Cette créature semble retourner contre la nature tout ce qu’elle en reçoit. »
Écouter le son (2 min) :

Comment la nature « aurait pris le risque de l’être humain »
« J’avais écrit un poème style genèse où j’imagine la planète terre se préparant. Bien avant notre avènement, elle se prépare, elle se fait belle. »
Écouter le son ou (1’15) :

Quand l’être humain se considère « comme appartenant à la vie » puis bascule vers « la vie m’appartient ».
« C’est là où se fait le clivage entre les peuples que l’on dit primitifs mais qui ont la sagesse de reconnaître qu’ils font partie de cette vie et qu’ils sont donc une des belles manifestations de la vie. »
Écouter le son (1’30) :

Le moment de la transgression : l’agriculture et la naissance du stockage
Écouter le son (1′) :

« On est passé des spiritualités libres dans lesquelles chacun ressentait les choses au clergé c’est-à-dire à la spiritualité administrée et organisée. Elle s’est accompagnée de l’avènement des civilisations. [...] Le problème de la civilisation c’est que l’être humain sort de ce qui lui revient légitimement et ce qu’il reconnaît comme ce qui entretient sa vie à outrepasser ce qui est légitime c’est-à-dire qu’il va vouloir maîtriser beaucoup plus de choses. »
Écouter le son (2’45) :

« Certains peuples sont allés si loin qu’ils sont ensevelis
sous le sable des déserts qu’ils ont provoqués »

« La civilisation sort des strictes limites de ce qui est nécessaire pour aller vers le superflu. [...] Au fur et à mesure qu’on avance dans ce qu’on appelle « le progrès » c’est-à-dire quand l’être humain entre en civilisation, cela s’accompagne d’un dépouillement graduel de cette fourrure vivante qu’on appelle la biosphère. Certains peuples sont allés si loin qu’ils sont ensevelis sous le sable des déserts qu’ils ont provoqués. [...] Petit à petit, notre histoire s’est enclenchée sur cet espèce de malentendu qui a fait que l’être humain a perdu toute satisfaction sans se donner aucune limite. Et ne se donnant aucune limite, partout, nous n’avons plus perçu la planète comme un magnifique oasis, un véritable miracle extraordinaire. »
Écouter le son (4’30) :

« Au lieu de considérer la planète comme un don extrêmement rare, nous la considérons comme un gisement de ressources qu’il faut épuiser jusqu’au dernier poisson, jusqu’au dernier arbre. [...] Nous sommes en danger parce que ces pulsions que nous avons depuis les origines sont maintenant efficacement instrumentalisées. Entre les hommes qui coupaient les arbres avec une cognée et une hache et ceux qui disposent d’une tronçonneuse, ce n’est quand même pas la même chose. »
Écouter le son (1’10) :

Comment Pierre Rabhi n’a pas réussi à acheter un arbre de plusieurs siècles à son voisin pour éviter que celui-ci ne l’abatte en 20 minutes. Une illustration de « la capacité de l’être humain à être un prédateur ».
« Nous sommes au bord du précipice et nous allons faire un pas en avant. Il ne faut surtout pas faire ça. Il faut donc comprendre que nous avons à repenser le monde et la vie. Mais on ne pourra pas le faire si on n’intègre pas l’aspect sacré de la vie. Ça ne veut pas dire spirituelle. Le sacré pour moi c’est reconnaître la vie en toute chose. »
Écouter le son (2’30) :

« Le lion n’a pas de banque ni d’entrepôt d’antilopes »

La télé, le milliardaire et la prédation humaine. « Je ne veux pas qu’on compare la prédation animale et humaine. Le lion n’a pas de banque ni d’entrepôt d’antilopes. »
Écouter le son (3’15) :

Les Sioux : frugaux dans l’abondance
« L’écologie c’est une leçon magnifique d’économie. Aujourd’hui on parle d’économie alors qu’il n’y a rien qui n’a moins mérité le nom d’économie que l’économie. [...] Il faut appeler ça la prédation généralisée, l’insatiabilité permanente mais ce n’est certainement pas l’économie. »
Écouter le son (2’25) :

« Il y a une urgence écologique et humaine absolue qui ne peut pas souffrir d’être différée. Qu’avons-nous comme réponses ? On va créer des Grenelles, il y a le développement durable. Mais quel développement durable ? Quel Grenelle ? L’enjeu est tellement énorme ! Politique, géopolitique. Pendant qu’on essaye de nous faire faire quelques économies d’énergie, du bricolage, vous avez la Chine qui est en train de polluer avec les mines… La prédation s’est accélérée. Quand on vous dit, par exemple, que l’Indonésie a augmenté son PIB ou son PNB de 10 %, on ne vous dit jamais que ça se traduit par la destruction de X milliers d’hectares de forêt. La nature et les biens de la nature sont considérés comme des éléments qui font du fric mais on ne prend pas en compte que c’est le patrimoine collectif indispensable à aujourd’hui et à demain qu’on est en train de dilapider. »
Écouter le son (2’15) :

« La nature n’as pas de poubelle, tout ce qu’elle produit elle le recycle. Nous, nous sommes dans un système où tout ce que nous produisons se traduit par 30-40 % de déchets. C’est-à-dire des choses absolument inutiles et qui participent à l’accélération de l’épuisement des ressources de cette planète. »
Écouter le son (1’15) :

« Je n’ai jamais trouvé une femme qui ait inventé un engrenage »

« La naissance de ce avec quoi j’ai un énorme contentieux : « la modernité ». C’est-à-dire le mythe fondateur de « la modernité » : un être humain triomphant c’est-à-dire prométhéen et qui n’a cure ni de la nature ni du vivant. Seulement il a instauré un système dans lequel la rationalité a pris tellement d’importance que cette rationalité a occulté nos autres façons d’appréhender le monde comme l’ont fait depuis longtemps nos ancêtres c’est-à-dire pas seulement par l’intellect mais par leurs sensations, leur intuition. »
Écouter le son (2’05) :

« Je n’ai jamais trouvé une femme qui ait inventé par exemple un engrenage, une manivelle. Ca ne semblait pas les intéresser. [...] Il y a une forme de masculinisation de notre paradigme qui a exacerbé tout le côté violent, puissance. C’est un espèce de diktat permanent, mental, partout. Et je ne le dis pas parce que je suis jaloux, ce n’est pas une question de biceps. Il y a des biceps aussi symboliques, il n’y a pas que les biceps physiologiques. La force ! Et cette force a généré un antagonisme structurel qui a abouti à une fragmentation de notre système vivant. [...] Chaque nation est circonscrite dans son territoire qui vise à survivre et donc c’est l’antagonisme et la compétitivité économique et militaire. En s’enfermant dans des frontières sécuritaires qui sont censées produire de la sécurité, ça produit de l’insécurité. Et l’insécurité va nous amener à dire : « Il faut des armements pour défendre », etc. Et ça justifie toutes ces horreurs, toutes ces inventions complètement stupides et négatives qui démontrent bien que l’espèce humaine n’est pas intelligente. Si nous étions intelligents, on n’en serait pas là où on en est aujourd’hui. »
Écouter le son (3’05) :

Transporter une personne avec une voiture ?
« C’est comme jouer au billard avec une poutre »

« La fragmentation a même atteint la médecine. On fait de la dissection, on étudie le corps humain et les organes et puis chacun s’empare d’un organe et en fait sa spécialité. Ce qui fait que vous rentrez dans le Taylorisme. Aujourd’hui pour être soigné, c’est énorme : vous allez voir quelqu’un qui s’occupe d’une oreille, quelqu’un qui s’occupe du pied, le troisième s’occupe… Et on est en train de courrir d’un spécialiste à l’autre. Alors qu’en fait, à l’évidence, notre corps et notre esprit sont un et indivisible. Par conséquent, la sagesse des médecines chinoises, etc. était beaucoup plus juste en disant c’est une globalité. Non seulement l’individu est global mais il est inscrit aussi dans l’univers. »
Écouter le son (1’10) :

« Qu’a fait la révolution industrielle ? Elle a exhumé la matière morte du sous-sol qu’elle a exaltée. Et aujourd’hui nous sommes dans une civilisation minérale et de la combustion énergétique. [...] Quand on est deux, on peut dire que le ratio est à peu près bon mais quand je suis tout seul dans ma voiture, je pèse 52 kg, ma voiture pèse 1,5 tonnes,… Jamais il n’y a eu une logique pareille de dire qu’il faut 1,5 tonnes pour déplacer 52 kg. C’est complètement aberrant, stupide. C’est comme jouer au billard avec une poutre. C’est aussi stupide que ça. Et ça c’est très symbolique du non-sens dans lequel nous sommes tombés. »
Écouter le son (1’45) :

« L’outil qui était censé nous servir est en train de nous asservir »

« La voiture nous a fait percevoir le temps et l’espace autrement. Nous avons organisé notre espace de vie dans la dispersion : l’école là-bas, le travail de l’autre côté, les commerces là-bas, etc. Ce qui fait que la voiture est devenue indispensable parce qu’elle relie les différents pôles nécessaires à notre existence. Ce qu’avant, on faisait intelligent avec ses jambes. On rapprochait au moins les choses entre elles. Cette dispersion a amené un système qui nous a installés dans le traquenard où nous ne pouvons plus nous passer de nos outils. C’est-à-dire que l’outil qui était censé aider, améliorer la provision, est devenu indispensable. Aujourd’hui, j’entends dire : « Ah ! l’ordinateur ne fonctionne pas », etc. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l’outil qui était censé nous servir est en train de nous asservir. »
Écouter le son (1’10) :

« Cet asservissement fait qu’il y a des outils que nous amenons comme une substitution aux défaillances humaines. Aujourd’hui nous avons des outils de communication mais de moins en moins de relations. Le manque de relations est pallié par la communication. De plus, ce sont des outils qui connectent les solitudes puisque nous sommes dans une société de la solitude. Ça ne veut pas dire que je suis contre ces outils. Ils sont devenus extrêmement perfectionnés mais la conscience qui les utiliserait rationnellement en les subordonnant, en les maintenant comme des outils, n’est pas assez évoluée pour pouvoir en faire des outils utiles. [...] Tout ça fait partie de cette évolution dans laquelle nous ne nous rendons pas compte que la civilisation industrielle est passée par l’exhumation de la matière morte retournée contre la biosphère et ensuite surtout par l’aliénation humaine. »
Écouter le son (1’55) :

« Des hypernantis qui font une concentration extraordinaire
de tout l’effort collectif »

« Le progrès censé – censé – améliorer la condition humaine a provoqué, au contraire, une parité entre le Nord et le Sud qui est catastrophique. C’est-à-dire que les pays disposant de technologies, avancent, à grande vitesse – sans savoir exactement où ils vont et puis il y a quatre cinquième de l’Humanité qui essayent de les suivre. Comme elle peut. [...] Vous avez un système pyramidal mondial dans lequel vous avez des hypernantis qui font une concentration extraordinaire de tout l’effort collectif et puis vous avez la frange des indigents. Ce que nous sommes en train aujourd’hui de vivre par le fait même que l’Humanité subit cette partition et cette partition fait que l’Humanité se déséquilibre. »
Écouter le son (1’30) :

L’expérience de l’entreprise
« Je voyais que dans ce microcosme là, il y avait ce que déterminait l’ensemble du système social c’est-à-dire la productivité, la divinisation du travail. Ah ! le travail. Le travail. Travailler. Je veux bien travailler, d’accord mais à condition que le résultat de mon travail s’inscrive dans une équité et pas dans une disparité. »
Écouter le son (2’30) :

L’arrivée des mines de charbon dans le sud algérien ou le bouleversement d’un système social
« Dans les premiers temps, dans ces milieux là, quand ils avaient perçu leur salaire certains ne revenaient pas travailler ou revenaient un mois après.Quand ils revenaient travailler, on leur sonnait les cloches, comme on dit et ils répondaient naïvement : « Mais monsieur, je n’ai pas fini de dépenser mes sous. » C’est-à-dire pour eux : « Puisque j’ai de quoi vivre, eh bien je vis. Voilà. » »
Écouter le son (2’05) :

« Je ne veux pas qu’on m’appelle consommateur,
c’est une insulte »

« Mais travailler pour travailler pour travailler pour accumuler, etc. c’est ce qu’on trouve dans notre système. Cette divinisation du travail pour la productivité en tant que telle, deuxième facteur important du monde moderne. Y’en a trop ? Ça ne fait rien, on continue. Y’a trop de produits agricoles ? C’est pas grave, vous continuez, c’est subventionné, etc. Cette outrance et cet excès sont quelque chose d’absolument ahurissant. Tout cela sous la bannière d’un progrès qui est censé améliorer la condition humaine. Cette aliénation n’est pas prise en compte comme faisant partie véritablement des pertes et profits d’un système dont le métabolisme est de produire de la finance – et même plus de l’argent – peu importe les effets produits sur la communauté humaine et les citoyens. C’est ce que nous voyons aujourd’hui : peu importe les citoyens, on les met dehors pourvu qu’on sauvegarde la capacité à produire des ressources.

Et tout ça, c’est la bannière de : « Vous allez voir ce que vous allez voir, la modernité, la science, la technique vont libérer l’être humain. » [...] Quand on examine l’itinéraire d’un être humain dans la modernité, qu’est ce qu’on retrouve, de sa naissance à sa mort ? De la maternelle jusqu’à l’université, il est enfermé. Ensuite, il y a les casernes pour les hommes – un peu moins maintenant. Et quand on demande aux gens où ils travaillent, tout le monde travaille dans des boîtes : « Je travaille dans une petite boîte. » « Je travaille dans une grande boîte ». Et même pour aller s’amuser, on va en boîte. On y va comment ? On prend sa caisse. Et puis vous avez la boîte où on stocke les vieux en attendant la dernière boîte. Comme destinée, il y a quand même à se poser des questions. Ça, ça s’appelle l’aliénation de l’être humain manipulé par un système qui ne lui dit jamais satisfaction mais toujours insatisfaction. C’est-à-dire comment faire la frustration programmée. Toujours plus, toujours plus, toujours plus. Indéfini, sans aucune limite. Et l’être humain manipulé pour qu’il ne soit jamais satisfait. Toujours quelque chose.

Et la publicité ? On accuse beaucoup les sectes soit disant de manipuler mais la publicité le fait 24h/24 légalement. Elle manipule les êtres humains à être toujours insatisfaits. Et on nous appelle consommateurs. Je ne veux pas qu’on m’appelle consommateur, c’est une insulte. Je suis d’abord un être humain avant d’être un consommateur. Vous voyez ces petites nuances qui n’ont l’air de rien mais qui sont extrêmement importantes. Aujourd’hui, pouvons-nous être conscients de notre inconscience ? Tout le problème est là. »
Écouter le son (3’15) :

Écouter le son intégral de la première partie (48′) :

Télécharger le son intégral de la première partie
Télécharger le son intégral de la deuxième partie

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Publié dans Environnement, Intellectuels. Mots clés : .

7 commentaire(s)

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  1. Fabrice Massé said
    on 2 septembre 2009

    à 19 h 49 min

    1- Même s’ils le contestent, les Anthroposophes, organisateur de cette rencontre, sont considérés comme un mouvement sectaire. Leur mentor est Rudolph Steiner.
    2- Contrairement aux sectes, la publicité prévient : « attention, je vais tenter de vous convaincre que mon produit est le meilleur ». Proscrire la publicité (un mode d’expression) sous prétexte qu’elle traduit un message auquel on adhère pas est une faille dans la grande rigueur intellectuelle de Pierre Rabhi (que j’admire). Mais c’est… tendance, si j’ose dire ! Casser le thermomètre pour nier la fièvre, couper la main du voleur, proscrire également l’édition qui publie Minute, le figaro ou voici ?! Ou le web qui relaie ces approximations… dans Montpellier journal !
    3- Cela ne retire pas grand’chose à la pertinence espiègle de ce merveilleux poète, ni à la tienne, JOT, mais cela démontre que nul ermite est à l’abri de son environnement, y compris idéologique.
    Amicalement.

  2. @Fabrice Massé : tu as oublié de préciser que tu éditais un magazine gratuit donc financé par la publicité… Cela pourrait éclairer le lecteur sur ton objectivité sur le sujet.
    Et si tu argumentais sur le fond ? Pourquoi, selon toi, la publicité ne manipule-t-elle pas les êtres humains à être toujours insatisfaits ?

    Je n’ai pas enquêté sur la société anthroposophique, je ne l’ai citée que parce que c’est elle qui invitait – comme le fait d’ailleurs le Medef puisque Pierre Rabhi sera demain à son université d’été. De plus, seuls les propos de Pierre Rabhi sont repris ici. Donc je ne vois pas quel est ton objectif en relayant cette polémique sur son côté sectaire ou non. Une volonté de discréditer les propos de Pierre Rabhi sur la publicité au lieu d’argumenter ?

    De plus, je me demande si le Medef qui invite demain Pierre Rabhi à son université d’été, n’est pas aussi une forme de secte…

  3. Xavier Malafosse said
    on 2 septembre 2009

    à 22 h 37 min

    Bon sang, quelle lucidité !

  4. Xavier Malafosse said
    on 2 septembre 2009

    à 22 h 48 min

    Fabrice et Jacques-Olivier,

    Je n’avais pas actualisé ma page depuis des plombes avant d’envoyer le précédent message et je découvre votre échange. Je ne sais pas plus ce qu’il en est de la société anthroposophique, si oui ou non il y a un mouvement sectaire derrière, mais je trouve une grande lucidité dans beaucoup de propos de Pierre Rabhi : il y a quand même des constats terribles, notamment sur la capacité d’énergie que nous utilisons à produire moins d’énergie, sur l’image de la poutre et du billard.

    Puis je me demande aussi si le M.E.D.E.F. et son besoin de profits, et nombre de syndicats accrocs au travail, ne sont pas des formes de sectes…

    Ce qui me fait penser à Paul Lafargue, le gendre de Marx : « Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation ca­pitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis des siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion mori­bonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. »

    Travailler pour consommer, et consommer pour relancer l’emploi, donc le travail…

  5. Jeff said
    on 3 septembre 2009

    à 2 h 40 min

    Même le Medef à mis la décroissance au programme de son université d’été (qu’ils ont intitulés décroissance prospère), Pierre Rabhi et Yves Cocher y étant d’ailleurs invité pour en débattre… Encore une secte…
    Quand à la pub… Il ne serait pas inaceptable qu’elle disparaisse au moins de l’espace public, on ne peut plus aujourd’hui se déplacer sans croiser ses milliers de panneaux reproduits de façon industrielle sur tout le territoire. Je ne sais pas si elle influence mais elle monopolise nos rues au profits des gros annonceurs.
    Dans la presse ( et de surcroit les gratuits), on se demande comment serait traité un conflit social chez l’un des principaux annonceurs du journal.
    Bref…

  6. Anonyme said
    on 3 septembre 2009

    à 14 h 55 min

    JOT,
    1- Je te taquine, mais tu le provoques. N’est ce pas le but de Montpellier Journal que d’ouvrir le débat ? Je te laisse citer le nom du magazine que je publie. Chacun pourra ainsi se faire une idée de son degré d’indépendance. Et un peu de pub sous ta plume, je prends !
    2- Mes arguments portent bien sur le fond, quoique tu en dises.
    3- Je ne conteste pas le fait que la pub manipule !? Je dis simplement que contrairement aux sectes, aux lobbys, et pourquoi pas à la presse et à la plupart des autres relais d’opinion, la publicité s’annonce en tant que telle – par définition – et réduit potentiellement – de fait – l’impact de son message. D’où la tendance à être invasive, au risque d’être contre productive.

    Jeff, tu as donc raison : l’aspect pollution visuelle, auditive, spaciale, bref, environnementale des SUPPORTS choisi par la pub et une intervention intelligente du législateur pour en réduire radicalement l’impact ne serait pas de trop. Cela permettra d’ailleurs aux gratuits de mieux asseoir leur indépendance par une plus grande diversité d’annonceurs ! Ne trouvant plus que ces vecteurs pour promouvoir leur activité – que ce soit un rassemblement sur la Décroissance, une pièce de théâtre, un concert, des paniers bio… ils assureront une plus grande pluralité dans l’information locale, tout particulièrement. Je milite donc comme toi pour une réduction de la présence de SUPPORTS publicitaire dans l’espace public (y compris pour les internationnales de la guitare !).
    Quant au poid du gros annonceur, bien gérer, et de la menace qu’il représente, le gratuit aura ainsi mieux les moyens d’en évaluer le risque et de s’en prémunir. Il en va son crédit éditorial, donc de son lectorat, donc de ses autres annonceurs. CQFD.

  7. Jonolito said
    on 4 septembre 2009

    à 10 h 45 min

    Très intéressant, ce discours… bien construit, pertinent… Je ne connaissait pas M. Pierre Rabhi, mais il faut admettre qu’aujourd’hui, les personnes qui défendent ces mouvements dont l’intitulé contient le mot « décroissance » sont souvent apparentés directement à des fous-gentils, babos-sur-le-retour, et souvent à tendances sectaires. Un problème marketting ? Les gens ont-ils peur de retourner à l’âge de Pierre (mauvais jeu de mot, je sais) ? Au fait, bonne rentrée JOT.