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Le Lundi 11 octobre 2010 à 20:44

Jean-Luc Mélenchon – David Pujadas : les réactions


Le député européen et le présentateur de France 2 sont revenus sur les qualificatifs de « salaud », « larbin », « laquais » utilisé par le premier à l’encontre du second. Mais David Pujadas s’est bien gardé de revenir sur sa servilité, vis à vis du pouvoir en place, que certains lui repprochent. Jean-Luc Mélenchon, a, pour sa part, reçu le soutien du syndicaliste CGT dont l’interview au JT de France 2 est à l’origine de la polémique.

Interview de Xavier Mathieu (CGT Continental) par David Pujadas le 21 avril 2009 (copie d'écran de la vidéo extraite de Fin de concession)David Pujadas a choisi Le Parisien (10/10) pour répondre aux reproches de Jean-Luc Mélenchon déjà évoqués par Montpellier journal. Le présentateur déclare notamment : « Sur le fond, c’est le monde à l’envers ! Alors que le journal de France 2 montre un reportage où il y a de la casse puis donne la parole pendant deux minutes trente à un leader syndical en début de journal, Jean-Luc Mélenchon nous insulte. » En revanche, David Pujadas ne dira rien sur la différence de son ton entre l’interview du syndicaliste et, par exemple, celle de Nicolas Sarkozy à l’Élysée le 12 juillet. David Pujadas a aussi abordé le sujet sur France info aujourd’hui. France Télévision semble avoir également réagi à l’extrait de Fin de concession, le film de Pierre Carles, documentariste montpelliérain. Problème Montpellier journal n’a pas reçu son communiqué et il n’est visiblement pas consultable sur son site.

« Je suis totalement solidaire de l’ouvrier » (Jean-Luc Mélenchon)

Jean-Luc Mélenchon a, lui, été longuement (12 minutes sur 53) interrogé sur la question au Grand Jury RTL (10/10). Assez peu sur le fond du problème – David Pujadas sert-il le pouvoir ? – et beaucoup plus sur les qualificatifs utilisés par Jean-Luc Mélenchon : « Salaud », « larbin », « laquais ». Le député européen (Front de gauche) de la circonscription Sud-ouest (qui comprend Montpellier) assume ses propos et enfonce le clou (ça commence vers 14’45″): « Ces gens-là [les salariés de Continental] qui, pendant tant de temps, ont contenu leur rage, ce jour-là, explosent. Et que fait Pujadas ? Leur parle-t-il de la misère qui s’abat sur eux ? De leur désarroi ? Non. Il leur parle : « Vous regrettez ? Vous regrettez ? » Il faudrait qu’ils baissent les yeux, qu’ils baissent la tête. Moi, quand je vois cette image – pardon messieurs, je ressens les choses – je suis totalement solidaire de l’ouvrier. Et je ne suis pas d’accord avec le petit bonhomme qui est là et qui lui dit : « Baisse la tête. Vous regrettez ? Vous appelez au calme ? » Et Xavier Mathieu [le délégué CGT de Continental] lui dit : « Quoi ? Regretter quoi ? C’est nos vies qui sont déchirées. » L’autre lui dit : « Est-ce que vous lancez un appel au calme ? » C’est-à-dire qu’il est là dans une fonction que je ne supporte pas et je réagis comme un homme. »

Dans une interview publiée par Le JDD (10/11), Xavier Mathieu déclare : « J’ai été très touché par la réaction de [Jean-Luc] Mélenchon dans le sens où, sans avoir eu de contact avec lui, il a parfaitement résumé la pensée qui était le mienne au moment de cette interview. J’ai eu l’impression, de la part de David Pujadas, qu’il me prenait pour un voyou. Que je devais avouer à la France entière que j’avais fait quelque chose de mal et que je devais m’excuser. Sur le coup, j’ai tenté de me montrer catégorique, de répondre avec mes mots, mais c’est vrai que Mélenchon a, lui, su exactement exprimer ce que je pensais à ce moment-là. Je lui ai d’ailleurs envoyé un texto pour lui dire que j’ai énormément apprécié qu’il ait ressenti la même chose que moi. Mais le plus important, c’est qu’à l’époque de cette interview, beaucoup de gens autour de moi ont partagé cet état d’esprit. J’en ai entendu plusieurs qui m’ont dit: « Quel salaud ce Pujadas! » D’ailleurs, pendant plusieurs mois, je ne suis plus passé au JT de France 2. »

« J’aurais aimé qu’il interroge aussi les dirigeants de Continental
en leur posant les mêmes questions »
(Xavier Mathieu, CGT à propos de David Pujadas)

Question du JDD : « Vous en voulez à David Pujadas ? » Réponse du syndicaliste : « Disons que ce jour-là, j’aurais aimé qu’il interroge aussi les dirigeants de Continental en leur posant les mêmes questions, du style: « Est-ce que vous n’êtes pas allés trop loin en trahissant vos salariés? Est-ce que vous ne regrettez pas de leur avoir menti après leur avoir promis la pérennité du site en contrepartie du retour aux 40 heures? » J’aurais aimé entendre ces questions-là. Quand David Pujadas m’interroge, je ne suis pas sûr qu’il ait conscience du fossé qu’il y a entre lui et nous. Je ne sais même pas s’il a déjà mis un pied dans une usine. »

Lors de son passage sur RTL, Jean-Luc Mélenchon a également listé quelques propositions du Parti de gauche pour le secteur médiatique dont celle-ci : « Si les choses venaient à changer [...] ça veut dire, par exemple, pour la télé publique, qu’au lieu d’attendre que le monarque désigne quelqu’un qui va faire un tour devant le CSA [Conseil supérieur de l'audiovisuel], on organiserait des élections car le peuple tout entier qui regarde la télévision qui lui appartient, peut lui, aussi bien que le monarque, désigner le président de France télévision. Voilà quelques uns des exemples, il y en a quatre pages dans le Parti de gauche car pour nous les médias c’est une affaire sérieuse. [...] C’est structurel le problème que nous avons dans les médias. »

Aphatie explique à ses auditeurs comment il faut penser
Jean-Michel Aphatie, le journaliste de RTL a aussi évoqué une séquence présente dans le film de Pierre Carles : la remise de « la Laisse d’or » à David Pujadas. Au même moment, le scooter du présentateur est recouvert d’une peinture or. Objectif des organisateurs : récompenser « le journaliste le plus servile ». Commentaire de Jean-Michel Aphatie qui, comme à son habitude, explique à ses auditeurs comment il faut penser : « C’est une action qui est visible sur Internet [Mj ne l'a pas trouvée] qui dégage une certaine violence, qui est très désagréable à regarder. » L’action est désagréable à regarder pour Jean-Michel Aphatie, elle doit donc l’être pour tout le monde.

Mais c’est aussi l’occasion pour le député européen de préciser comment il voit son rôle : « Jamais je n’ai été aussi enragé à faire aller jusqu’au bout mes idées parce que je sens que c’est le devoir dont on m’a investi. On ne me demande pas de faire le beau, le gentil, de profiter et de me taire. On me demande de porter la parole de ceux que je représente et ceux que je suis fier de représenter : les humiliés, ceux qui, dans cette société, n’ont jamais le droit à la parole. Ceux qu’on pressure de toutes les manières et à qui on fait croire, pauvres diables, que les retraites c’est fini, c’est ruiné, que le pays n’a pas d’argent, qu’il est en faillite. Alors que tout ça ce sont des mensonges : ce pays n’a jamais été aussi riche qu’il l’est aujourd’hui. Il suffirait de partager mieux et tous vivraient bien. »

L’âge de départ à la retraite
Les retraites justement. Quelques instants plus tard, la discussion vient sur le fond. Étienne Mougeotte, par deux fois (vers 29’45″ et vers 31’45″), opposera à Jean-Luc Mélenchon, argument bien connu, l’augmentation de la durée de la vie pour justifier de repousser l’âge de départ à la retraite. Et, par deux fois, l’élu lui répond que l’augmentation de la productivité compense largement la durée de vie plus longue. On s’attend à ce que le directeur des rédactions du Figaro, quotidien proche du gouvernement actuel et propriété de Serge Dassault, poursuive la discussion et oppose un contre argument à Jean-Luc Mélenchon. Mais non. Étienne Mougeotte ne répond rien si ce n’est de confirmer que la démonstration ne l’a pas convaincu.

Extrait du premier échange (vers 29’45″) :
Étienne Mougeotte : « Le fond du problème est qu’à mesure qu’augmente – dieu merci – la durée de vie, il n’est pas anormal qu’on travaille un petit peu plus longtemps. C’est ça le fond du sujet ! »
Jean-Luc Mélenchon : « Euh non, pas du tout. Ce n’est pas du tout le fond du problème parce que la tendance historique est à ce que la productivité du travail augmente et lorsque vous avez deux personnes qui produisent autant que trois ou quatre précédemment, il n’y a aucune raison d’obliger les deux personnes à travailler plus longtemps que ce que travaillaient les quatre auparavant. Je crois que c’est assez simple à comprendre. De la même manière, le temps de travail moyen, quel que soit le pays européen, depuis le début du XXe siècle à la fin, a été divisé par deux. Personne ne propose de revenir à la situation du… Pourquoi ? Parce que ça voudrait dire que notre productivité se serait effondrée. [...] Faire de la comptabilité étroite compte par compte est absurde, il faut avoir une vue d’ensemble. »

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